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Deux sessions : la Chine veut l’autonomie technologique
Les propositions et les motions concernant les circuits intégrés ont été nombreuses au cours des « deux sessions » de l’Assemblée populaire nationale (APN) et de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), alors que la volonté de la Chine de devenir autonome en ce qui concerne les semi-conducteurs grandit face au découplage technologique mené par les Etats-Unis.
Ces suggestions visent à soutenir les progrès en matière de puces électroniques, notent les analystes, qui appellent à redoubler d’efforts pour stimuler l’innovation et la production dans ce domaine. Par ailleurs, davantage d’efforts sont nécessaires pour promouvoir l’utilisation des puces électroniques développées localement.
L’ère de « l’après-loi de Moore » offre une opportunité rare pour la technologie des circuits intégrés et le développement du secteur, nourrissant les espoirs pour la Chine de rattraper les pays avancés occidentaux à un rythme plus rapide, indique le China Business Journal, citant Deng Zhonghan, commandant en chef du Projet Starlight China Chip et membre du 13e Comité national de la CCPPC.
Alors que l’ère de la loi de Moore touche à sa fin, le principal moteur des progrès technologiques semble s’essouffler et il n’est désormais plus suffisant de multiplier les transistors sur chaque puce électronique pour en améliorer la performance.
Evoquant la répression de l’Occident sur les entreprises chinoises, laquelle inhibe les achats d’aligneurs de masques avancés et amplifie la pénurie de matériel de pointe et de talents professionnels, Deng Zhonghan propose de réfléchir à des mesures plus fortes, proportionnellement aux mesures hyper-conventionnelles récemment dévoilées par les Etats-Unis, l’Union européenne, le Japon et la Corée du Sud.
Les principales économies développées ont en effet décidé de placer la barre très haut dans leurs initiatives concernant les semi-conducteurs. Mercredi, le président américain Joe Biden a enjoint au Congrès des Etats-Unis de finaliser un projet de loi visant à renforcer la compétitivité du pays face à la Chine. Ce projet de loi inclurait potentiellement un financement à hauteur de 52 milliards de dollars US (47 milliards d’euros) pour le secteur des semi-conducteurs aux Etats-Unis.
De son côté, la Commission européenne a proposé au mois de février un « European Chips Act » (« Loi sur les puces électroniques européennes »), qui inclut l’Initiative « Chips for Europe » avec 11 milliards d’euros mis à disposition pour renforcer la recherche, le développement et l’innovation dans le domaine des semi-conducteurs.
Le Japon et la Corée du Sud ont également déployé des plans sur mesure dans ce domaine avec des objectifs plus ambitieux.
D’après la proposition de Deng Zhonghan, la Chine devrait continuer à tirer le meilleur parti de son nouveau système de mise en commun des ressources nationales et renforcer le soutien politique et financier aux initiatives concernant les circuits intégrés. « Le marché STAR de la Bourse de Shanghai (destiné aux valeurs du secteur technologique) doit accélérer l’intégration d’entreprises liées à la production de puces électroniques », affirme-t-il.
Dans une récente interview avec le journal Securities Times, Zhou Yanli, membre de la CCPPC et ancien vice-président de l’organisme national de réglementation des assurances, a estimé que les réformes de l’utilisation basée sur le marché des fonds d’assurance devraient être approfondies, afin de canaliser des fonds stables sur le long terme vers les entreprises engagées dans l’innovation.
A la fin de 2021, les fonds d’assurances exceptionnels investis dans les projets de hautes technologies − allant des nouveaux matériaux à la 5G en passant par les puces électroniques − atteignaient les 55,25 milliards de yuans (7,9 milliards d’euros).
« Les nombreuses suggestions faites au cours des deux sessions concernant les puces électroniques indiquent une volonté plus impérieuse de stimuler les performances des puces électroniques produites en Chine. […] Mais au-delà d’une attention plus aiguë accordée à l’autonomie en matière de semi-conducteurs, ce dont le pays a besoin, ce sont des plans spécifiques pour décomposer cette vision nationale en projets réalisables qui correspondent aux besoins des industries consommatrices de puces électroniques », souligne Ma Jihui, un spécialiste du secteur des télécommunications basé à Beijing.
« Plutôt que d’avoir une déferlante de gouvernements locaux sur les initiatives sur les puces électroniques, un problème courant lorsqu’une volonté économique nationale est placée au sommet de l’agenda gouvernemental, une approche plus nuancée et sophistiquée est nécessaire pour calibrer ces efforts », note-t-il.
D’après les analystes, les entreprises et les capitaux privés doivent par ailleurs jouer un rôle plus important dans la commercialisation des résultats de recherche.
« L’un des maillons faibles dans les efforts pour promouvoir les puces électroniques chinoises réside dans l’utilisation insuffisante des produits basés sur les semi-conducteurs développés en Chine », fait remarquer Ma Jihui, du fait d’inquiétudes selon lesquelles les puces chinoises ne seraient pas à la hauteur des puces étrangères.
Le succès du Système de navigation par satellite BeiDou développé par la Chine pourrait être mis à profit pour permettre l’utilisation de produits basés sur des puces chinoises à grande échelle. Le système BDS a été initialement adopté dans le sauvetage maritime, avant d’être appliqué aux navires et aux véhicules.
Source:french.china.org.cn |