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Jeudi, le Parlement européen a voté une résolution pour geler l’Accord global sur les investissements (AGI) entre l’Union européenne et la Chine, mettant un frein à la ratification de cet accord majeur conçu pour aider les 27 nations à relancer leurs économies respectives dans un contexte de difficultés engendrées par la pandémie de Covid-19.
Avec cette résolution laissant l’AGI en suspens, le Parlement européen a apparemment choisi de placer ses provocations infondées et politiquement motivées au-dessus du destin économique de l’UE, lequel est intiment liée à ses partenariats financiers et commerciaux avec la Chine, estiment les observateurs.
Ceux-ci enjoignent par ailleurs l’UE d’abandonner la coercition politique, car celle-ci n’intimidera pas la Chine, mais risque de mettre en jeu les vrais intérêts de l’Union.
Le Parlement européen a décidé d’interrompre les discussions pour la ratification de l’AGI. Cet accord a été « gelé de façon justifiée » en réponse aux sanctions chinoises, indique un communiqué du bureau de presse du Parlement européen envoyé jeudi au Global Times.
Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré mercredi que les contre-mesures de la Chine étaient nécessaires et constituaient une réponse aux sanctions de l’UE contre la Chine. Le porte-parole a appelé l’UE à réfléchir à cette question, à renforcer la compréhension mutuelle par le biais du dialogue et de la communication, ainsi qu’à gérer de façon correcte les différences.
Cette décision est une mesure « préjudiciable aux autres sans être bénéfique à eux-mêmes », note Cui Hongjian, le directeur du Département des études européennes de l’Institut des études internationales de Chine.
Selon lui, les sanctions de la Chine contre l’UE sur des questions de droits de l’homme sont allées au-delà des attentes de l’UE et celles-ci ont eu des effets concrets sur l’UE. « Le Parlement n’avait pas d’autre choix. Ils ont pris en otage les discussions sur l’accord d’investissement pour faire pression sur la Chine et la pousser à lever les sanctions », explique-t-il.
« Le gel de cet accord ne veut pas dire que celui-ci est annulé et le processus de ratification de l’AGI n’est pas terminé », nuance He Weiwen, un ancien responsable chinois du Commerce, qui ajoute que cette résolution suspendant les négociations de l’AGI sera probablement suivie par d’autres mesures visant à relancer cet accord, même s’il est « difficile de dire par combien de détours il va falloir passer ».
« L’AGI n’a pas été finalisé sous sa forme légale. […] Il y a un accord politique, qui n’est pour le moment confirmé ni par les Etats membres, ni par le Parlement », a indiqué mercredi Natalie Kontoulis, la chargée de presse du Parlement européen.
La Chine et l’UE ont conclu sept années de négociations sur l’AGI à la fin 2020 et l’UE a annoncé qu’elle souhaitait que le processus de ratification soit achevé d’ici 2022.
L’indulgence de l’UE dans le préjugé idéologique et les effets de levier politique, qui pousse le Parlement européen à annuler une rencontre à la fin du mois de mars pour discuter de l’AGI dans un contexte d’échanges de contre-mesures chinoises et de sanctions européennes, semble entraver le bon déroulement de légifération de cet accord.
Les résultats du vote de jeudi dernier sont un autre point d’incompréhension, d’avoir soumis cet accord d’investissement à une résolution absurde de certains membres du Parlement européen utilisant des accusations infondées portant sur les droits de l’homme pour entraver le progrès d’un accord qui s’annonce de bon augure pour les entreprises et les consommateurs de l’UE, remarque He Weiwen. Selon lui, l’UE bénéficierait par ailleurs plus de cet accord que la Chine, car les entreprises européennes bénéficieraient d’un accès plus important au marché chinois.
« Les résultats du vote masquent les divergences au sein de l’UE concernant les choix conflictuels entre la maximisation des intérêts économiques et une posture idéologique dure vis-à-vis de la Chine », note Dong Chengxi, un chercheur de l’Institut Zhixin de recherche sur les investissements basé à Shanghai.
Pour les Etats membres qui sont économiquement plus proches de la Chine notamment, cette farce politique ne représente en aucun cas un obstacle insurmontable dans leur poursuite d’un renforcement de leurs partenariats économiques, ajoute-t-il.
Etant donné les divergences d’opinions au sein de l’UE, les experts chinois estiment que ce gel ne sera pas accepté par les autres agences et les Etats membres de l’UE. « Il est désormais temps pour l’UE de se rendre compte de ce qui est vraiment dans son intérêt, car celle-ci a un besoin urgent de relancer son économie après la pandémie », avertit Cui Hongjian.
Selon les analystes, l’UE se trouve à une étape cruciale de sa relance économique, avec une stabilité financière à risque du fait de hauts niveaux de levier de financement, renforçant encore l’importance d’assurer un rapprochement des liens avec la Chine, plutôt que de se tourner dans la direction opposée.
D’une part, l’inflation aux Etats-Unis alimentent les paris sur une hausse des taux, entraînant l’agitation des marchés boursiers et poussant par conséquent l’Europe à se débarrasser de ses actifs en dollars pour se tourner vers des valeurs refuges libellées en yuans, remarque Dong Chengxi.
D’après les données officielles, l’inflation américaine a atteint les 4,2 % par rapport à avril 2020, son niveau le plus haut depuis 2008. Le procès-verbal d’une récente réunion de la Réserve fédérale des Etats-Unis révèle que le pays est en passe de relever le test de sa banque centrale de diminuer les achats d’obligations.
De plus, l’UE continue d’être dépendante de son commerce avec la Chine pour stimuler son économie face aux retombées du Covid-19, note Dong Chengxi.
Entre janvier et avril, les exportations de la Chine vers l’UE, le plus grand partenaire commercial de la Chine après l’ASEAN, ont augmenté de 36,1 % en yuans, tandis que ses importations depuis l’UE se sont accrues de 26,4 %, indiquent les données des douanes chinoises.
Décrivant les résultats de jeudi comme une tentative inutile de risquer la situation économique de l’UE, He Weiwen rappelle que les liens en matière de commerce et d’investissement de la Chine avec l’UE restent soutenus par divers traités sur les investissements que la Chine a signés avec les 27 Etats membres.
La Chine ne cèdera en aucune circonstance à une telle coercition politique et l’UE risque de se tirer une balle dans le pied si cet accord majeur tombe à l’eau, mettent en garde les observateurs.
La Chine a réaffirmé à de nombreuses reprises, que l’AGI sino-européen était un accord équilibré et gagnant-gagnant. Il ne s’agit pas d’un « cadeau » d’une partie à une autre : celui-ci sert les intérêts des deux parties.
Les analystes chinois estiment que cette résolution est probablement un résultat de la pression effectué par les Etats-Unis sur l’UE et d’une erreur d’adaptation de certains membres de l’UE à la suite des contre-mesures de la Chine, avec certaines institutions de l’UE tentant également d’utiliser cet accord pour négocier une nouvelle distribution interne des pouvoirs.
Cependant, l’UE doit bien comprendre qu’il n’est pas possible d’interférer dans les affaires intérieures de la Chine en utilisant une quelconque tactique politique, peu importe ce qui la pousse à agir de la sorte.
Source:french.china.org.cn |