Beijing et Washington conseillés de reprendre le dialogue

La Chine et les États-Unis devraient redémarrer leurs mécanismes de dialogue à plusieurs niveaux et remodeler leurs relations économiques et commerciales dans le but de ramener les relations bilatérales à un niveau normal sous la nouvelle administration à Washington, ont déclaré mardi d'anciens hauts responsables des deux parties.

« Beijing et Washington devraient accélérer les étapes leur permettant de reprendre le dialogue stratégique de haut niveau afin de guider la croissance des relations bilatérales », a avancé Zeng Peiyan, ancien vice-Premier ministre chinois et président du Centre chinois pour les échanges économiques internationaux (CCEEI).

Les deux parties doivent mener un nouveau cycle de négociations commerciales – sur la base d'une évaluation complète et objective de leur accord commercial de phase 1 – pour réduire les tarifs douaniers supplémentaires imposés par les deux parties et annuler les restrictions d'investissement déraisonnables, a-t-il proposé lors de l'ouverture d'un séminaire en ligne de trois jours intitulé « Relations américano-chinoises : la voie à suivre », organisé en marge du Forum de Hong Kong 2021 sur les relations américano-chinoises.

Le séminaire en ligne était animé conjointement par le CCEEI et la Fondation pour les échanges sino-américains.

Dans son discours d’ouverture, Carrie Lam Cheng Yuet-ngor, cheffe de l’exécutif de la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong, a déclaré que des relations sino-américaines saines étaient importantes pour le monde à bien des égards, et que cela ne pouvait être réalisé que par un dialogue constructif à tous les niveaux.

Mme Lam a indiqué qu'elle espérait que la nouvelle administration américaine considérerait la « Loi sur la sécurité nationale de Hong Kong » de manière juste, avançant que les sanctions de l'ancienne administration contre le gouvernement, des entreprises et des individus de Hong Kong étaient « totalement injustifiées ».

« Mes onze collègues et moi-même qui avons été sanctionnés ne seront pas intimidés. Nous continuerons à nous acquitter de manière constante, consciencieuse et légale de nos devoirs de sauvegarde de la souveraineté nationale, de l'unité et de l'intégrité territoriale de notre pays », a-t-elle affirmé.

Carlos Gutierrez, le secrétaire américain au Commerce de 2005 à 2009, a souligné la nécessité de réduire les tarifs punitifs des deux côtés, indiquant qu'un nouvel accord devait être conclu avant d'annuler les accords précédents.

Il est impossible de découpler les deux principales économies du monde, qui ont vu leurs intérêts s'entremêler et s'appuyer étroitement les uns sur les autres, a-t-il déclaré.

Les deux pays devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter une Guerre froide technologique, alors qu’un découplage en termes technologiques ne profiterait à aucune des deux parties, a-t-il ajouté.

Carla Hills, qui a été représentante au Commerce des États-Unis auprès de l’administration du président George H.W. Bush, a indiqué que la Chine et les États-Unis devaient élargir leurs domaines de coopération et réduire les zones de tension, car leurs plus de 40 années de coopération bilatérale se sont avérées bénéfiques pour les deux pays.

Selon elle, les deux pays devraient s'asseoir pour tenir des discussions en cas de crise dans les relations bilatérales et s'abstenir d'imposer des restrictions sur les investissements de part et d'autre.

L'objectif initial de l'administration Biden en matière de coopération avec la Chine pourrait être des domaines dans lesquels les deux pays partagent les mêmes objectifs, tels que le changement climatique et la santé mondiale, a-t-elle proposé.

Tung Chee Hwa, vice-président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et président fondateur de la Fondation pour les échanges sino-américains, a déclaré que les deux parties pouvaient travailler ensemble pour accélérer le développement, la production et la distribution de vaccins sûrs dans le monde entier, établir une relation commerciale normale et reprendre les échanges entre experts, institutions et étudiants.

Le séminaire en ligne a eu lieu avant que Yang Jiechi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et directeur du Bureau de la Commission des affaires étrangères du Comité central du PCC, ne prononce un discours le 1er février sur l'état des relations sino-américaines et leurs perspectives d'avenir, a rapporté le site officiel du Comité national des relations américano-chinoises.

Ce sera le premier discours de M. Yang devant un public américain depuis l'inauguration de Joe Biden.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré lors d'un point de presse mardi que la Chine espérait « que la nouvelle administration américaine tirera des leçons des erreurs de l'administration précédente et adoptera une politique chinoise proactive et constructive ».

Répondant à des propos de la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki, selon lesquels les États-Unis sont dans en concurrence sérieuse avec la Chine, M. Zhao a appelé les deux parties à se rencontrer à mi-chemin, à se concentrer sur la coopération et à gérer leurs différends pour ramener les relations bilatérales sur la bonne voie.