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L'Asie et l'Europe se rapprochent alors que les États-Unis subissent de profonds changements, selon des analystes
Le président chinois Xi Jinping assistera lundi à l’Agenda de Davos du Forum économique mondial (FEM) et prononcera un discours par vidéoconférence, alors que les dirigeants des principales économies mondiales et organisations internationales sont sur le point d'assister au forum annuel qui se tiendra pour la première fois en ligne cette année en raison de la pandémie de COVID-19. Le président américain Joe Biden sera cependant absent de la liste des participants.
Selon le site Internet du FEM samedi, les dirigeants mondiaux, dont M. Xi et la chancelière allemande Angela Merkel, discuteront de la manière dont le virus a remodelé la société et des politiques nécessaires en 2021, se concentrant sur le thème central « Une année cruciale pour reconstruire la confiance ».
Ils seront rejoints par des personnalités telles que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La présence de M. Xi au FEM virtuel est le premier événement diplomatique majeur en 2021 pour le président chinois, survenant à un moment critique où le monde reste englouti dans la pandémie de COVID-19 et face à des perturbations durables au sein de la coopération mondiale résultant de l'unilatéralisme orchestré par les États-Unis, ont avancé des analystes chinois.
« Rétablir la confiance et renforcer la coopération mondiale sera essentiel pour favoriser des solutions innovantes et audacieuses afin d’endiguer la pandémie et de mener une reprise robuste », a déclaré Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du forum, selon le site Internet du FEM.
« Cette réunion unique sera l'occasion pour les dirigeants de présenter leur vision et d'aborder les questions les plus importantes de notre époque, telles que la nécessité d'accélérer la création d'emplois et de protéger l'environnement », a-t-il noté.
M. Schwab a mis l'accent sur la « reconstruction de la confiance » car la confiance mutuelle entre les grandes puissances a été gravement endommagée ces dernières années lorsque Donald Trump était président des États-Unis, et il est maintenant temps de régler le problème et de remettre de l’ordre, ont déclaré des analystes chinois.
Li Haidong, professeur à l'Institut des relations internationales de l'Université chinoise des affaires étrangères, a affirmé au Global Times que la voix de la Chine serait essentielle et précieuse pour le monde en ce moment, car la Chine est la grande économie la plus stable qui fournit de fortes certitudes face à un monde incertain affecté par la pandémie.
« La Chine peut relier les thèmes de la lutte contre le COVID-19 à la reprise économique, et renforcera encore le multilatéralisme en poussant l'idée d'une “communauté de destin pour l'humanité” qui montre la cohérence avec les remarques précédentes de M. Xi au FEM de 2017 », a noté M. Li, ajoutant que la Chine pourrait également exprimer son soutien aux mécanismes de coopération internationale existants tels que l'OMS, « puisque l'ancienne administration Trump a eu un effet pernicieux sur la coopération internationale ».
Les dirigeants de la plupart des grandes économies assisteront à l'événement virtuel, dont le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre japonais Yoshihide Suga, le Premier ministre indien Narendra Modi, le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong et le président sud-coréen Moon Jae-in. Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, y assistera également.
Cependant, M. Biden, le nouveau chef de la plus grande économie du monde, est absent de la liste, des analystes avançant comme explication que son administration est principalement concentrée sur des problèmes domestiques et qu'elle n'a donc pas le temps ni assez d’idées longuement réfléchies pour faire entendre sa voix au forum, préférant plutôt écouter ce que les autres pays auront à dire.
Wang Yiwei, directeur de l'institut des affaires internationales de l'Université Renmin de Chine, à Beijing, a déclaré que le FEM avait décidé de tenir le forum après la transition officielle du pouvoir aux États-Unis, ce qui montre son respect pour l'administration Biden. Les organisateurs du forum espéraient que le nouveau président américain pourrait y assister via vidéoconférence, mais il semble que cela ne sera pas possible.
« M. Biden a promis de revenir au multilatéralisme et de réintégrer certains accords ou traités internationaux dont Donald Trump avait retiré les États-Unis, mais dans quelle mesure il pourra tenir sa parole est incertain », a avancé M. Wang. « Il est peu probable que les États-Unis lèvent certains droits de douane injustes qu’ils ont imposés à leurs partenaires commerciaux, dont la Chine et l'UE, donc avant que les États-Unis ne prennent des mesures concrètes pour réparer leur image, leur prise de parole n’aurait que peu d’impact devant la communauté internationale », a-t-il émis l’hypothèse.
M. Li a lui affirmé qu'il était difficile pour les États-Unis d'apporter des contributions significatives afin d’aider les autres dans la lutte contre le COVID-19 ou dans la reprise économique, le pays ne pouvant selon lui « offrir des vaccins ni fournir un marché stable et sûr, car sa propre situation épidémique est la plus grave au monde », ajoutant que cela « serait une bonne nouvelle tant que les États-Unis ne causent pas de nouveaux problèmes aux autres ».
« Ainsi, d'autres grandes économies d'Asie et d'Europe continueront de communiquer et de coopérer pour se rapprocher afin de surmonter les défis communs. Même si le leader américain est absent du forum, la porte pour les États-Unis restera ouverte », selon M. Li.
Le Forum économique mondial organisera sa Réunion annuelle spéciale de 2021 à Singapour du 25 au 28 mai. Il retournera à Davos-Klosters, en Suisse, pour la réunion annuelle de 2022. Des experts ont avancé l’hypothèse que le choix de Singapour pour organiser un forum physique montrait que le monde avait une plus grande confiance dans la reprise post-pandémique en Asie qu'ailleurs, ajoutant que cela pourrait être considéré comme un signal que les pays asiatiques joueront un rôle plus central à l’avenir, « car la pandémie en Amérique du Nord et en Europe n’est toujours pas maîtrisée ».
Source:french.china.org.cn |