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Lundi, les marchés financiers d’Asie-Pacifique étaient à la hausse, alors que les investisseurs ont émis un vote de confiance à la signature du plus grand accord commercial au monde, le Partenariat régional économique global (RCEP pour Regional Comprehensive Economic Partnership), reflétant l’optimisme des marchés quant aux bénéfices économiques à long terme de cet accord, malgré les barrières et les défis subsistant dans sa mise en œuvre.
Alors que les responsables politiques des 15 pays membres continuent de célébrer ce qu’ils qualifient de « victoire historique pour le libre-échange et le multilatéralisme », des tâches et des défis doivent encore être résolus, incluant les différends politiques et commerciaux persistants entre les Etats membres et les interférences des Etats-Unis, afin que les partenaires commerciaux puissent mettre pleinement en œuvre cet accord et libérer son plein potentiel, notent les experts chinois.
Un sentiment d’optimisme
Lundi, les marchés boursiers d’Asie-Pacifique étaient à la hausse à la suite de la signature dimanche dernier du RCEP. En Chine, l’Indice de référence Shanghai Composite (SHCOMP) a enregistré une hausse de 1,11 % à la fermeture du marché. Au Japon, le Nikkei 225 a augmenté de 2,05 %. En Corée du Sud, le Kospi a également gagné près de 2 % et en Australie, le S&P/ASX 200 a augmenté de 1,23 %.
« La tendance à la hausse du marché montre que les investisseurs sont très positifs vis-à-vis du potentiel du RCEP », explique Yang Delong, économiste en chef pour la société First Seafront Fund Management basée à Shenzhen. Selon lui, cet accord devrait stimuler un grand nombre de secteurs orientés vers l’exportation, ainsi que la croissance économique dans son ensemble.
Regroupant la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et dix autres pays d’Asie du Sud-Est, le RCEP constitue le plus grand accord commercial au monde, réunissant 2,27 milliards d’habitants, 26 000 milliards de dollars (21935 milliards d’euros) de PIB et 5200 milliards de dollars en exportations. Cet accord de 14 000 pages et 20 chapitres ne concerne pas seulement la baisse des droits de douane entre les pays membres, mais inclut aussi des mesures pour supprimer les barrières à l’investissement et à la libre circulation.
« Globalement, le RCEP est un accord majeur de libre-échange, moderne, complet, de haut qualité et gagnant-gagnant », a rappelé lundi le ministère chinois du Commerce (MOFCOM) dans un communiqué, ajoutant que la signature de cet accord marquait le lancement de la « plus grande zone de libre-échange au monde » avec le « plus grand potentiel ».
Cet accord pourrait stimuler les exportations entre les pays membres de 10,4 % d’ici 2025, les investissements de 2,6 % et le PIB de 1,8 %, a annoncé le ministère. Pour la Chine, cet accord pourrait permettre de relever son PIB de 0,5 % jusqu’en 2030, a indiqué Bloomberg. La Corée du Sud et le Japon pourrait également enregistrer une hausse de leur PIB respectif d’environ 1,3 %.
Parmi les principales avancées fondamentales de cet accord figurent la suppression des droits de douane pour 90 % des marchandises dès sa mise en œuvre et la suppression totale des droits de douane en 10 ans. Dans le cadre de cet accord, les différentes parties adopteront une « liste négative » pour les investissements dans la production manufacturière, l’agriculture et un grand nombre d’autres secteurs. Dans un effort pour stimuler l’intégration régionale, cet accord inclut en outre des dispositions spécifiques pour les visas et les transferts d’argent.
« Par rapport aux autres accords commerciaux, notamment l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique (TPP-11), le RCEP se concentre principalement sur la libéralisation des échanges commerciaux plutôt que sur la hausse des exigences pour le développement industriel et économique, car cet accord rassemble de nombreux pays en développement », explique Cheng Yu, un analyste senior de l’Institut Kandong.
« La nature du RCEP est plus réaliste que prospective », souligne-t-il, ajoutant que les pays à des étapes différentes de développement ont des objectifs différents dans un accord commercial et que le RCEP est pour l’instant le meilleur pour son groupe divers de membres : « La plus grande valeur du RCEP est la libéralisation commerciale pour ses membres. »
Au-delà des bénéfices économiques, le RCEP pourrait par ailleurs devenir une plateforme précieuse permettant aux pays membres de poursuivre davantage d’accords commerciaux bilatéraux, mais aussi de résoudre leurs différends commerciaux ou autres.
Dans le cadre du RCEP, la Chine a ainsi établi un nouvel accord de libre-échange avec le Japon. Le Japon et la Corée du Sud, qui sont engagés dans un différend commercial, ont également formé un nouveau partenariat de libre-échange, a fait savoir le MOFCOM. Selon certains rapports, la Chine, le Japon et la Corée du Sud seraient en train d’accélérer les négociations pour un accord de libre-échange trilatéral.
D’après le MOFCOM, « le RCEP est un intégrateur des règles économiques et commerciales régionales ».
Source:french.china.org.cn |