Le marché chinois de plus en plus attractif

Alors que la Chine débutera l’année prochaine la mise en œuvre de son 14e Plan quinquennal, sa transition vers une économie tirée par la consommation dans un contexte d’ouverture plus large et plus profonde injectera plus de vitalité dans une économie mondiale toujours en proie aux répercussions de la pandémie de COVID-19, ont indiqué mercredi des responsables gouvernementaux et industriels lors du Forum sur le développement de la Chine (FDC), une conférence annuelle de haut niveau se déroulant à Beijing. 

« A l’heure actuelle, les économies de nombreux pays restent confrontées à certains problèmes et la stabilité des chaînes mondiales d’approvisionnement est mise à rude épreuve. Néanmoins, la Chine a réalisé une victoire majeure dans la prévention et l’endiguement épidémique, et son économie apparaît en cours de stabilisation et d’amélioration », a souligné Han Zheng, le vice-Premier ministre chinois, dans un discours liminaire prononcé à l’occasion de ce forum, qui s’est déroulé cette année à la fois en personne et en ligne.

D’après les données officielles, l’économie chinoise a enregistré une croissance de 4,9 % en glissement annuel sur le 3e trimestre et affiche une expansion de 0,7 % sur les trois premiers trimestres. « La reprise a été plus rapide que prévue », a noté Han Zheng, qui a exprimé sa confiance quant à l’accomplissement par la Chine de ses objectifs majeurs de développement économique pour cette année.

La mise en œuvre d’un nouveau paradigme de développement ne constitue pas un circuit fermé, mais la poursuite de l’ouverture sur une plus large échelle, afin de permettre la « double circulation » des activités économiques domestiques et internationales. Le marché colossal de la nation peut alimenter la coopération globale et permettre des bénéfices mutuels, a ajouté le vice-Premier ministre, lançant un appel aux multinationales attirées par le marché chinois.

Han Zheng a prôné la collaboration internationale dans la recherche pour les traitements et les vaccins antiviraux. Il s’est également engagé à soutenir le mécanisme de commerce multilatéral avec l’OMS comme « pierre angulaire » et a proposé une approche ouverte, collaborative et inclusive à l’innovation mondiale. De telles remarques ont fait mouche auprès des dirigeants d’entreprises, qui espèrent que des efforts conjoints seront réalisés le plus rapidement possible, notamment dans la sphère technologique, pour remettre l’économie mondiale sur les rails.

« La collaboration et la coopération économique sont cruciales contre les assauts de la pandémie de COVID-19 », a fait remarquer Virginia Rometty, la directrice exécutive d’IBM, au cours du FDC. Elle a rejeté l’idée de « découplage en tant qu’option stratégique », affirmant que celui-ci engendrerait une perte de 1000 milliards de dollars sur les cinq prochaines années au niveau mondial.

Cela semble être particulièrement le cas, alors que l’économie chinoise − qui se prépare à un nouveau chapitre de croissance sur les cinq prochaines années − est attendue pour continuer à jouer son rôle en tant que moteur de la croissance mondiale.

« Le plan quinquennal est une opportunité pour accélérer le rééquilibrage économique de l’investissement à la consommation », a déclaré Axel van Trotsenburg, le directeur opérationnel de la Banque mondiale, au cours du forum.

Dans une interview accordée mercredi, Paddy Cosgrave, le PDG et cofondateur de l’entreprise de logiciels Web Summit basée à Dublin, s’est prononcé en faveur de ce type de coordination et de planification : « Il apparaît que le succès de l’économie américaine, tout comme celui de l’Allemagne et du Japon, implique la médiation ou la coordination de planificateurs. Ce n’est pas arrivé par hasard. Les gouvernements font des paris à long terme. »

« Nous savons que le capital-risque investit, en théorie, dans des idées qui ne fonctionnent pas encore. […] Mais parfois, leurs paris engendrent des idées novatrices. C’est ce qui a fait l’histoire de l’innovation technologique tout au long du XXe siècle. […] Et c’est ce que la Chine a fait, avec un succès incroyable », fait-il remarquer. Selon lui, une telle planification soutient la création d’emploi et engendre un grand nombre d’entreprises chinoises très fructueuses.

« Au cours des cinq prochaines années, il y aura plus de coopération entre les multinationales et leurs homologues chinoises en matière de recherche et développement, pas seulement pour une adaptation aux conditions locales, mais également pour un approfondissement de la R&D », prévoit Cong Yi, un professeur de l’Université des finances et de l’économie de Tianjin.

La Chine devrait être la seule économie majeure à enregistrer une croissance cette année, alors que la pandémie de COVID-19 persiste dans les principales économies occidentales. « La Chine est par elle-même un marché de taille colossale et, naturellement, les dirigeants de multinationales vont vouloir connaître ce qui se passe au cours de la prochaine étape de son développement économique », explique Cong Yi. 

Dans de nombreux domaines, la Chine a déjà surpassé les Etats-Unis et la question est maintenant de savoir si elle va les dépasser dans les domaines restants, comme les semi-conducteurs. 

Pour Paddy Cosgrave, la réponse laisse peu de place au doute : « La Chine possède désormais un marché intérieur tellement colossal et un tel nombre de partenaires commerciaux, et elle a investi de façon tellement massive dans les sciences et l’éducation, explique-t-il, que les fondations sont solides. Peu importe le domaine sur lequel la Chine veut se concentrer, elle réalisera des progrès incroyables. »

Au cours des 15 prochaines années, l’entreprise principale dans laquelle Paddy Cosgrave recommande d’investir sur le marché chinois serait la Commercial Aircraft Corporation of China (Comac), car ce constructeur aéronautique d’Etat est en bonne voie pour devenir un rival majeur de Boeing et d’Airbus. Le PDG de Web Summit garde également un œil sur les opportunités découlant de la domination des entreprises chinoises dans les communications de prochaine génération, notamment avec l’évolution de la connectivité vers la 6G ou la 7G d’ici 2035.