Envoyer [A A]

La Chine réduira son objectif de croissance dans le nouveau plan quinquennal, selon des économistes

French.china.org.cn | Mis à jour le 30. 09. 2020 | Mots clés : plan quinquennal

À l’approche d’une réunion dont le rôle crucial déterminera la voie de développement de la Chine pour les cinq années à venir, des économistes chinois s’attendent à ce que les décideurs politiques abaissent l’objectif de croissance du PIB et le maintiennent sous la barre des 5 %, voire à ce qu’ils éliminent l’objectif chiffré puisque la deuxième économie mondiale se prépare à abandonner son modèle de croissance axé sur la quantité pour se concentrer sur une optimisation structurelle et qualitative face aux prochaines années qui pourraient être « les plus difficiles ».

Le Bureau politique du Comité central du PCC s’est réuni lundi pour examiner un rapport de consultations de l’opinion publique au sujet d’un document sur la formulation du 14e plan quinquennal (2021-2025) pour le développement économique et social et sur les objectifs pour 2035.

Le document, révisé sur la base des opinions exprimées durant la réunion, sera soumis à la délibération de la cinquième session plénière du 19e Comité central du PCC à Beijing du 26 au 29 octobre. Les dirigeants devraient à cette occasion discuter et approuver le plan de développement économique et social de la Chine pour les années 2021 à 2025.

L’objectif de croissance était l’un des éléments les plus discutés des plans quinquennaux précédents.

Dans le cadre du 13e plan quinquennal qui se termine cette année, la Chine avait pour objectif annuel moyen une croissance égale ou supérieure à 6,5 %. L’objectif annoncé dans le 12e plan (2011-2015) était de 7 %.

« La Chine abaissera certainement son objectif de croissance du PIB cette fois, dans un contexte de nouvelle phase de développement et d’un environnement externe complexe. Il est raisonnable d’adopter un objectif plus bas maintenant que la Chine est passée à un modèle de croissance axé sur l’innovation et l’investissement », a expliqué au Global Times mardi Lian Ping, directeur de l’Institut de recherche en investissement Zhixin.

« Un objectif de croissance de 4,5 % est tout à fait possible », a estimé Hu Qimu, chercheur senior à l’Institut de recherche économique de Sinosteel.

« Il est aussi possible que la Chine n’annonce pas d’objectif de croissance, car les décideurs politiques ont changé de philosophie, une croissance rapide n’est plus le symbole d’une économie chinoise forte », a souligné Wang Yiwei, professeur à l’École des relations internationales de l’Université Renmin de Chine, au Global Times mardi.

« La Chine n’a pas fixé d’objectif de croissance cette année, ce qui montre que Beijing pourrait avoir mis fin à son "seuil" de 6 % et cherche aujourd’hui à améliorer la compétitivité centrale et à créer de l’emploi dans le cadre d’une longue transition économique », a expliqué le professeur Wang.

En mai, la Chine a éliminé son objectif chiffré de croissance pour l’année 2020, une première en plusieurs décennies, en raison du fort impact de la crise du coronavirus.

Le pays prouve pour l’instant sa capacité à résister aux vents contraires. Au deuxième trimestre, l’économie chinoise a connu une croissance de 3,2 %, après une contraction de 6,8 % au premier trimestre. Ceci montre également la résistance profonde de son économie en plein marasme mondial, à un moment où la pandémie de COVID-19 a mis la plupart des économies à l’arrêt ou presque.

La Banque mondiale a prévu une croissance de 2 % cette année pour la Chine, grâce aux dépenses publiques, aux fortes exportations et au faible taux de nouveaux cas de coronavirus depuis le mois de mars. Le reste de la région de l’Asie orientale et du Pacifique devrait connaître une récession de 3,5 %.

« Si la pandémie mondiale est bientôt maîtrisée, nous avons toutes les raisons de penser que le PIB chinois peut croître de 8 à 10 % en 2021 », a déclaré M. Lian.

Le moment charnière

Les analystes voient dans cette année marquée par les défis causés par le fossé de plus en plus profond entre la Chine et les États-Unis et la pandémie de COVID-19 le début d’une épreuve difficile pour l’économie chinoise.

« La Chine traversera des difficultés colossales au cours des 10 à 15 prochaines années. L’intensification des différends sino-américains, les risques de réémergence de la pandémie et le ralentissement économique mondial poseront des défis au développement économique chinois et rendront le 14e plan quinquennal plus important que jamais », a affirmé M. Lian.

Les facteurs liés aux États-Unis, comme les mesures visant à préparer le pays à une lutte intense, pourraient représenter jusqu’à 30 % du nouveau plan, a déclaré M. Hu, en notant que la Chine doit se préparer à une lutte de long terme contre la répression américaine et sa menace de découplage.

L’accent sera mis sur un modèle de développement à double cycle et un soutien politique fort au secteur de la haute technologie, même si cela représente des coûts très élevés à court terme, ainsi que sur la poursuite de l’ouverture, selon M. Lian.

Les années 2021 à 2025 constitueront une étape critique pour la Chine, en tant que pays en développement, dans ses efforts visant à la rapprocher des économies des pays développés et à réduire l’écart entre elle et les États-Unis, la première économie mondiale.

Tian Yun, directeur adjoint de l’Association des opérations économiques de Beijing, a déclaré mardi que si la Chine augmente son PIB de 1 000 milliards de dollars par an au cours des 15 prochaines années, Washington n’aura d’autre choix que d’abandonner son complot contre Beijing.

« Si nous atteignons un PIB de 30 000 milliards de dollars en 2035, nous pourrions avoir un marché intérieur deux fois plus grand que celui des États-Unis. Avec une économie reposant sur des facteurs internes, nous serons capables de repousser l’agression américaine coup pour coup », a noté M. Tian.

Lin Yifu, doyen honoraire de l’École nationale du développement de l’Université de Pékin, a prédit que le PIB chinois dépasserait celui des États-Unis à l’horizon 2030, sur la base des taux de change, et pourrait être deux fois plus élevé que celui des États-Unis à l’horizon 2050.

Un autre aspect crucial du plan quinquennal sera d’intégrer à la classe moyenne le milliard restant d’habitants de la Chine, ont souligné les analystes.

Quelle que soit la situation internationale et nationale, la Chine deviendra un pays à revenu élevé avec un PIB moyen par habitant dépassant le seuil des 12 700 dollars, si le pays maintient son cap stratégique et déploie son potentiel de croissance, a déclaré M. Lin.

« Si la Chine parvient à "survivre", c’est-à-dire à maintenir une croissance de 4 % au cours des cinq à dix prochaines années, elle sera en mesure de faire face aux défis extérieurs potentiels et de surmonter le piège du revenu intermédiaire », a souligné M. Lian.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source:french.china.org.cn