Le rôle décisif de Shenzhen et des autres ZES dans le développement de la Chine

Shenzhen, la première zone économique spéciale (ZES) de Chine, a été établie en août 1980 dans la province méridionale de Guangdong. Elle a joué un rôle décisif dans la réforme et l’ouverture de la Chine au cours de ces 40 dernières années, indiquait jeudi dernier Qu Jian, le vice-président de l’Institut du développement de Chine, un laboratoire d’idées basé à Shenzhen.

Selon lui, Shenzhen et les autres ZES de Chine devraient encore être renforcées pour pouvoir répondre aux défis internationaux sans précédent, incluant les frictions commerciales sino-américaines, une économie mondiale en berne et une dérive vers l’anti-mondialisation.

Il y a plusieurs décennies, l’établissement des ZES avait ouvert de nouvelles perspectives dans les relations de la Chine avec les Etats-Unis. « Elles ont simultanément apporté des capitaux externes au marché chinois et des produits concurrentiels intensifs en main d’œuvre de la Chine à l’étranger », souligne Qu Jian, qui note que les ZES ont relié la Chine au reste du monde avec des interactions dans les deux sens en matière d’investissements et de commerce.

Pour Qu Jian, l’environnement international actuel, qui subit les effets des tensions sino-américaines dans le commerce, les sciences et les technologies, reste meilleur que ce qu’il a été au début des années 1980. Cependant, il est nécessaire de repenser à la façon de renforcer les liens entre la Chine et le reste du monde, et d’attirer plus de capitaux étrangers.

Shenzhen pourrait être utilisé comme une zone tampon entre les économies chinoise et mondiale, fait-il remarquer.

Shenzhen a enregistré une croissance plus rapide que d’autres ZES comme Zhuhai, Shantou ou encore Xiamen, qui ont toutes été lancées en 1980. D’après les statistiques officielles, le PIB de Shenzhen a atteint les 2690 milliards de yuans (330 milliards d’euros) en 2019, surpassant de loin Zhuhai (343,6 milliards de yuans), Shantou (269,4 milliards de yuans) et Xiamen (599,5 milliards de yuans).

Shenzhen bénéficie d’un avantage unique sur les autres ZES domestiques, car elle a cherché à se développer dans divers domaines, précise Qu Jian.

A la différence des autres ZES, qui se concentrent uniquement sur le commerce ou l’industrie et cherchent rarement à réaliser des percées technologiques, Shenzhen s’est efforcée de promouvoir cinq attributs, à savoir sa main d’œuvre, les capitaux, les technologies, l’éducation et l’innovation institutionnelle.

La ville joue également un rôle plus important dans le développement de la Région de la grande baie Guangdong-Hong Kong-Macao, dont le développement servira de zone pilote de démonstration du socialisme à la chinoise.

En-dehors de Shenzhen, toutes les ZES ont largement contribué au développement de leurs zones respectives, ajoute Qu Jian. Zhuhai, Shantou et Xiamen sont des villes majeures dans les provinces de Guangdong et de Fujian, qui ont reçu pour mission de promouvoir la croissance future de la Chine.

Qu Jian suggère que ces zones continuent à être des zones pionnières et des terrains d’essais pour les réformes économiques, ainsi qu’à accueillir les investisseurs du monde entier en créant un environnement des affaires de classe mondiale.

Selon lui, les ZES pourraient améliorer leur environnement des affaires par la réforme de la fiscalité, la gestion des listes négatives et l’autorisation des investissements étrangers dans les secteurs moins soumis aux restrictions. Ces zones doivent aussi proposer plus d’avantages dans les flux de main d’œuvre, de capitaux et de marchandises.