Hong Kong a les moyens de maintenir la stabilité sur les marchés

Selon des observateurs, la ville dispose de réserves pour faire face à la volatilité des marchés

Les marchés financiers de Hong Kong ne sont que marginalement affectés par les tensions qui couvent entre la Chine et les États-Unis, ont affirmé des observateurs, prédisant un maintien de la stabilité du marché boursier de la ville et du cours de sa monnaie.

Même en cas de situation extrême, la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong est considérée comme disposant de suffisamment de munitions pour assurer la tranquillité du marché local.

L'indice Hang Seng, une référence pour les « blue-chips » (actions de sociétés cotées de grande qualité) échangés sur le marché de Hong Kong, a clôturé en hausse de 1,37% à 24325,62 points mercredi, prolongeant sa séquence de hausse pour une troisième session consécutive.

La hausse de l'indice de référence pour le mois de juin a jusqu'ici presque récupéré les pertes enregistrées en mai suite aux inquiétudes concernant les sanctions américaines qui découleraient de l’adoption de la Loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.

Le président américain Donald Trump a annoncé vendredi lors d'une conférence de presse sur la Chine que son administration allait commencer à révoquer les privilèges douaniers et commerciaux de Hong Kong dans le cadre de ses mesures contre l’adoption de la Loi sur la sécurité à Hong Kong, indiquant que Hong Kong ne bénéficiait plus d’assez d’autonomie par rapport à la Chine pour bénéficier de son statut spécial. Cet acte a été qualifié par des analystes chinois comme visant à « détourner l'attention de la réponse inadaptée du gouvernement américain à la pandémie de COVID-19 et à la colère croissante dans les villes américaines suite à la mort d'un homme noir non armé ».

Les propos de M. Trump, cependant, ont mobilisé les actions sur la bourse hongkongaise au lieu de les faire chuter.

Sept des dix principaux constituants de l'indice Hang Seng sont des sociétés de la partie continentale de la Chine peu exposées au commerce international, a indiqué Raymond Deng, stratège en investissement et directeur des investissements pour les consommateurs et les produits d'assurance à la DBS Bank, basée à Singapour.

En outre, la majorité des sociétés cotées à la bourse de Hong Kong sont basées dans la partie continentale de la Chine ou dépendent du marché de la partie continentale de la Chine pour leurs principales activités, ce qui signifie que le marché boursier hongkongais n'est pas très affecté par les difficultés du commerce mondial, a affirmé M. Deng au Global Times mercredi.

L'indice Hang Seng China Enterprises, un indice de référence pour évaluer la performance des titres des sociétés basées sur la partie continentale de la Chine et cotées à Hong Kong, a mieux résisté que l'indice Hang Seng.

Signe que la résilience de l'économie chinoise injecte de la confiance dans la bourse de Hong Kong, l’entreprise Wuling Motors, cotée à Hong Kong, a augmenté de 120% sur la seule journée de mercredi après l'annonce de son lancement d'une nouvelle camionnette afin de capitaliser sur la promotion du pays pour la vente de rue.

En ce qui concerne le dollar hongkongais, avec une bande de négociation de 7,75 à 7,85 contre le dollar américain dans le cadre du Système de taux de change lié (LERS), il y a peu de place pour assister à une faiblesse de la monnaie locale, selon des analystes.

Le dollar hongkongais a au contraire montré sa force face au dollar américain, oscillant récemment à environ 7,75 pour un dollar américain – soit vers le haut du spectre, a déclaré M. Deng. L'année dernière, la monnaie locale avait touché l'extrémité basse de la bande de négociation.

La banque d'investissement américaine Citi a prédit fin mai que le dollar hongkongais s'affaiblirait à 7,77 pour un dollar américain au cours des 6 à 12 prochains mois.

Même si cela devait être le cas, la monnaie locale se situe toujours bien dans la fourchette stipulée par le LERS, système vieux de plusieurs décennies, a fait remarquer M. Deng, soulignant que le système financier de la ville était bien équipé pour se prémunir contre des scénarios extrêmes.

Le LERS restera le fondement du système financier de la ville, « soutenu par une solide position de réserves de change de 440 milliards de dollars américains, ce qui représente plus de deux fois notre base monétaire », a indiqué Eddie Yue, directeur général de l’Autorité monétaire de Hong Kong, dans une déclaration publiée sur le site Internet de l'autorité le 26 mai.

Le système bancaire local dispose de solides positions de capital, a noté M. Yue, qui cite un ratio d'adéquation des fonds propres actuellement à 20% et un ratio de liquidité à 160%.

Des initiés de l'industrie locale ont également minimisé les craintes d'une liquidation immobilière.

Le gouvernement américain aurait lancé des appels d'offres pour son bâtiment consulaire à Hong Kong, estimé à plus de 400 millions de dollars, ce qui a attisé l'anxiété face à une possible sortie de capitaux.

Certains résidents locaux qui envisagent d'émigrer vers d'autres pays ont récemment vendu leurs maisons, mais il n'y a pas beaucoup de vendeurs de ce type, a affirmé mercredi au Global Times Jones Yan, un agent spécialisé dans l'allocation d'actifs à Hong Kong.

Cela pourrait prendre deux à trois semaines pour que le marché immobilier local digère le flot récent de nouvelles, a indiqué M. Yan, estimant que cela « offre une dernière opportunité pour les acheteurs potentiels ».

En cas de vente panique, les autorités locales pourraient envisager de réduire les taux des « droits de timbre » (stamp duties), qui soumettent les non-locaux à un paiement pouvant aller jusqu’à 30% du prix d'achat de la propriété, selon l'agent.