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Les semi-conducteurs de Chine doivent trouver leur niche

French.china.org.cn | Mis à jour le 19. 05. 2020 | Mots clés : Huawei, semi-conducteur

Des travailleurs de HC Semitek, un fabricant majeur de puces LED de Chine, produit des semi-conducteurs dans sa filiale d’Yiwu, dans la province orientale chinoise du Zhejiang.

Récemment, le Département du Commerce des Etats-Unis a annoncé qu’il allait réviser sa Réglementation sur l’administration des exportations (EAR) pour restreindre la capacité de Huawei à concevoir et à produire des semi-conducteurs à l’étranger en utilisant des technologies et des logiciels américains. Cela constitue indubitablement un défi sans précédent pour Huawei, voire pour le secteur tout entier des semi-conducteurs de Chine. A l’avenir, la Chine parviendra-t-elle à faire face à cette pression et à prendre l’initiative ?

La réponse à cette question dépend d’un côté de la marge de manœuvre permettant à Huawei de survivre et de l’autre, de la façon dont Huwei et le secteur des sciences et technologies de Chine réaliseront des arrangements stratégiques.

Dans la situation actuelle, il reste encore une marge de manœuvre pour le développement de Huawei. Même si les systèmes de communication affrontent une pression similaire, la situation n’est pas aussi grave que ce qui était prévue.

De façon générale, la quantité de semi-conducteurs dans les systèmes de communication est relativement faible, avec une production annuelle de seulement un million d’unités en ce qui concerne les stations de base. Huawei est parvenue à se dégager des attaques venant de toutes parts au cours de ces dernières année.

Par ailleurs, Huawei est parvenue à construire des stations de base 5G sans un seul produit américain. Les entreprises chinoises peuvent également être compétentes en tant que fabricants d’équipements d’origine (FEO), la plupart des équipements de systèmes de communication n’ayant pas des exigences aussi élevées que les téléphones portables en matière de semi-conducteurs.

L’activité de téléphonie mobile de Huawei pourrait être grandement affectée par cette dernière mesure des Etats-Unis, car les puces électroniques étrangères jouent une part essentielle dans sa production de téléphones. Néanmoins, il semblerait que le semi-conducteur utilisé dans le téléphone nouvelle génération de Huawei, le Kirin 1020 SoC, soit en cours de production. Avec une période tampon de 120 jours, les semi-conducteurs pourront répondre à la demande du Mate 40.

Pendant un temps, Huawei pourra transférer une partie de sa capacité de production à des entreprises comme la Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC). De plus, la société Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) cherche activement à obtenir les licences de la part des Etats-Unis. En outre, Huawei pourrait chercher à acheter des semi-conducteurs à des entreprises comme Qualcomm ou encore MediaTek, afin d’assurer la capacité d’approvisionnement de ses téléphones portables.

Même si la TSMC obtient une licence et reste pour le moment un FEO, sur le long terme, la Chine doit abandonner ses illusions et se décider à construire une chaîne industrielle complète pour les semi-conducteurs. A cet égard, le pays a d’ores et déjà accumulé et obtenu certains avantages.

Premièrement, la Chine est aujourd’hui le plus grand marché unique au monde, avec un volume de ventes annuelles de téléphones portables atteignant les 400 millions d’unités. De plus, c’est le pays ayant la production et les volumes de vente les plus importants au monde en matière d’ordinateurs personnels (PC) et autres produits intelligents. Son marché intérieur peut soutenir à lui-seul le développement de son industrie des semi-conducteurs et les produits de Chine occupent déjà une large part sur le marché mondial.

Deuxièmement, la Chine a réalisé des avancées fondamentales dans le domaine de la conception des semi-conducteurs et sa capacité de conception a globalement atteint un niveau de classe mondiale. Aujourd’hui, elle possède plusieurs entreprises de conception de semi-conducteurs, avec une large gamme de produits, notamment des puces vidéo.

Troisièmement, les entreprises de production de circuits intégrés sont le point faible de l’industrie des semi-conducteurs de Chine, mais cela ne signifie pas que le pays ne s’est pas développé lui-même dans ce secteur. La SMIC est un fabricant reconnu de semi-conducteurs, qui possède actuellement une capacité de production en masse de semi-conducteurs gravés en 14 nm. Une raison importante pour laquelle la technologie de la SMIC a connu un développement relativement lent par le passé a été le manque de clients. Si Huawei transfère plus de capacités de production vers la SMIC, celle-ci réalisera des avancées fondamentales dans la recherche et développement, mais aussi dans sa capacité de production.

Dernier point et non des moindres, la Chine peut également réaliser des percées dans le domaine de la lithographie, si le marché est suffisant. Les entreprises chinoises comme Huachuang Technology ont un certain savoir-faire en matière de machines à graver et de machines de lithographie. Cependant, leurs forces globales sont encore insuffisantes et comportent quelques points faibles, comme l’insuffisance du marché et le manque d’investissements rentables à grande échelle. S’il y a un marché stable, les progrès de la recherche et développement accéléreront pour réaliser des percées.

C’est la raison pour laquelle la Chine doit faire de son mieux pour trouver les diverses opportunités permettant d’assurer la capacité de production de Huawei dans un futur proche, intégrer les capacités de toutes les parties de la chaîne industrielle et accélérer les avancées fondamentales dans le secteur tout entier des semi-conducteurs sur le long terme.

L’auteur est le directeur général de la Information Consumption Alliance.


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Source:french.china.org.cn