De nouvelles mesures annoncées pour stimuler l'économie

La Chine a annoncé de nouveaux plans de financement de la dette et de nouvelles baisses de taux après la contraction économique enregistrée au premier trimestre, et ce afin de limiter les effets de la pandémie de nouveau coronavirus (COVID-19) et de faire en sorte que l'économie soit mieux placée pour se rétablir, selon des responsables et des analystes.

Le ministère des Finances a annoncé lundi qu'il augmenterait le quota des obligations spéciales des gouvernements locaux de 1000 milliards de yuans (141,3 milliards de dollars). L'émission de ce quota accru devrait être terminée d'ici la fin mai. La majeure partie de la dette concerne des projets de construction d'infrastructures.

Le même jour, la Banque populaire de Chine (BPC), la banque centrale du pays, a abaissé le taux d'intérêt de référence - le taux préférentiel du prêt - de 0,2 point de pourcentage. Il s'agit de la réduction la plus importante depuis le lancement du taux en août 2019. Selon des experts, cette décision vise à réduire les coûts de financement des secteurs public et privé et à accélérer la reprise des activités.

Vendredi, les décideurs politiques chinois ont tenu une réunion au cours de laquelle ils ont déclaré que le pays utiliserait des outils macroéconomiques plus solides pour amortir les retombées économiques. Au premier trimestre, le PIB de la Chine a baissé de 6,8% en glissement annuel à cause du confinement de villes entières, tandis que les indicateurs suggéraient une reprise substantielle des activités commerciales en mars.

L'épidémie soudaine de COVID-19 a eu un « impact sans précédent » sur le développement économique et social de la Chine, ce qui a eu un effet « extrêmement inhabituel » au premier trimestre, selon un communiqué publié après la réunion du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC).

La réunion était présidée par Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du PCC. Elle a appelé à des mesures budgétaires plus proactives, avec notamment une augmentation du ratio de déficit budgétaire, l'émission d'obligations spéciales du gouvernement central et l'augmentation du quota d'obligations des gouvernements locaux afin de stabiliser l'économie.

Les politiques monétaires devraient être plus flexibles, en tirant parti des outils politiques tels que la réduction des ratios des réserves obligatoires et des taux d'intérêt, ainsi que des nouveau prêts, afin de maintenir une liquidité suffisamment abondante et de guider les taux d'intérêt du marché vers une baisse. Le capital devrait être canalisé vers l'économie réelle, en particulier pour soutenir les moyennes, petites et micro-entreprises, a souligné la réunion.

Alors que la pandémie de COVID-19 se propage à travers le monde, des experts ont souligné les risques de défis externes prolongés et ont appelé à davantage de soutien politique pour la reprise des affaires, en particulier pour aider les petites et moyennes entreprises en difficulté de financement et pour accélérer la relance des investissements dans les infrastructures.

« La reprise économique devrait se poursuivre et apparaître dans les données du PIB à partir du deuxième trimestre, à mesure que de nouveaux progrès seront réalisés avec le retour à la normalité économique », a déclaré Louis Kuijs, directeur d'Asia Economics au sein du groupe de réflexion britannique Oxford Economics. « Mais la reprise sera ralentie par la faiblesse persistante de la consommation et la baisse de la demande étrangère ».

« La position des décideurs politiques est essentielle. Jusqu'à présent, l'assouplissement des politiques est resté modeste. Bien que nous prévoyions davantage de mesures dans les mois à venir, nous ne nous attendons pas à une forte relance », a-t-il poursuivi.

Au cours des trois premiers mois de 2020, les recettes budgétaires générales du gouvernement ont chuté de 14,3% par rapport à l'année précédente pour atteindre 4600 milliards de yuans, avec une baisse plus marquée des revenus fiscaux de 16,4%, influencée par les fermetures d'entreprises et les mesures d'allégement fiscal, selon les données publiées lundi par le ministère des Finances.

« Le revenu fiscal pourrait continuer de baisser au deuxième trimestre, mais la baisse ralentira avec la reprise économique », a affirmé Liu Jinyun, un responsable du ministère qui a également révélé que les gouvernements à tous les niveaux avaient dépensé environ 145,2 milliards de yuans entre le début de la crise et dimanche pour contenir le virus et ses effets.

Les gouvernements locaux avaient émis 1570 milliards de yuans de nouvelles obligations au 15 avril, ce qui représente 85% de l'allocation anticipée de 1850 milliards de yuans de quota d'obligations pour 2020, a indiqué le ministère. Le quota d'obligations pour toute l'année sera publié par la réunion annuelle de l’Assemblée populaire nationale (APN), qui a normalement lieu début mars mais a été reportée en raison de l'épidémie. Des économistes ont prédit qu'avec la livraison du nouveau quota de 1000 milliards de yuans, l'émission d'obligations spéciales des gouvernements locaux atteindra un niveau record dans les prochaines semaines.

« De nouveaux investissements financés par la dette pourraient atténuer les tensions économiques à court terme », a avancé Amanda Du, analyste chez Moody's Investors Service. « Cependant, les défis associés au rééquilibrage structurel deviendront plus importants, et le stress budgétaire causé par le coronavirus et le ralentissement économique associé resteront élevés à long terme ».

Afin de coordonner les mesures de relance budgétaire, la Banque populaire de Chine a abaissé le taux préférentiel d'un an à 3,85% contre 4,05%. Le taux préférentiel à cinq ans, qui est un taux de référence pour les prêts hypothécaires, a baissé de 0,1 point de pourcentage à 4,65%.

De nouvelles baisses de taux, comprenant des réductions des taux d'opération sur le marché ouvert, du taux préférentiel et du taux de dépôt de référence, pourraient être des réponses politiques afin de mettre en œuvre les instructions de la réunion de haut niveau, ce qui pourra aider à atténuer la pression sur la dette du gouvernement et des entreprises, a déclaré Ming Ming, un analyste principal chez CITIC Securities.