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Le scandale financier de la société Luckin Coffee pourrait avoir des répercussions importantes, n’engendrant pas uniquement la faillite de l’entreprise elle-même, mais portant également un coup dur aux autres entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis, ainsi que celles qui prévoyaient une entrée en bourse aux Etats-Unis.
Etant donné la sensibilité actuelle du marché américain durement frappé par l’épidémie de COVID-19, cette affaire risque d’avoir un impact négatif sur les entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis dans divers secteurs. […] Cela risque de porter un coup dur et [d’engendrer] une crise de la crédibilité pour les entreprises chinoises déjà cotées à Wall Street, mais aussi d’avoir des répercussions sur les entreprises chinoises qui prévoyaient d’entrer en bourse aux Etats-Unis », explique Zhang Yi, le PDG de la société iiMedia Research basée à Shenzhen.
Luckin Coffee est une startup spécialisée dans la vente de café, qui était largement considérée comme la rivale chinoise de Starbucks. Jeudi, elle a admis que son directeur des opérations, Liu Jian, et plusieurs de ses employés s’étaient engagés dans « certaines malversations, comprenant la fabrication de certaines transactions ». Le montant total des ventes associées à ces transactions frauduleuses enregistrées entre le 2e et le 4e trimestre 2019 s’élèverait à environ 2,2 milliards de yuans (287 millions d’euros).
Suite à ces révélations, le cours de l’action de Luckin Coffee a chuté de plus de 70 % du jour au lendemain.
Dimanche, la société a présenté ses excuses, indiquant que les responsables impliqués dans cet incident avaient été suspendus, que le Conseil d’administration de l’entreprise avait mis en place un Comité spécial et qu’une agence tierce avait reçu la charge de mener une « enquête approfondie » sur cet incident.
Même si l’entreprise maintient ses opérations normales, incluant la gestion de son personnel et l’activité de ses points de vente physiques, Zhang Yi estime que Luckin Coffee va probablement faire faillite et qu’elle ne trouvera plus d’investisseurs. « La start-up ne peut pas survivre si elle ne gagne rien, mais si Luckin est capable d’endosser ses responsabilités légales, il est possible qu’elle soit rachetée », ajoute-t-il.
En réponse à cet incident, les analystes mettent en garde sur le fait que la U.S. Securities and Exchange Commission (SEC, l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers) pourrait étendre ses enquêtes à davantage d’entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis, appliquant plus de pression sur les entreprises déjà durement touchées par la pandémie.
« Ce n’est pas une bonne chose pour les régulateurs et les entreprises de Chine, mais ce n’est pas non plus entièrement une mauvaise chose, car les PME chinoises pourront en tirer des leçons. Celles-ci sont censées apprendre les règles des marchés mondiaux au cours de leur processus de "sortie", afin d’améliorer leurs compétences globales et leur niveau d’internationalisation », note Liang Haiming, le doyen de l’Institut des nouvelles Routes de la soie affilié à l’Université de Hainan.
Selon lui, les régulateurs chinois devraient explorer la réforme financière intérieure en poussant les entreprises qualifiées à entrer en bourse sur le marché national des actions de classe A et examiner avec soins celles prévoyant d’entrer en bourse aux Etats-Unis, afin d’éviter que des entreprises non qualifiées réalisent ce genre d’opérations et entachent la crédibilité des autres entreprises chinoises.
Source:french.china.org.cn |