Les usines chinoises de matériel médical tournent à plein régime pour approvisionner le monde

Alors que la demande de fournitures médicales de première nécessité continue de monter en flèche dans le monde, la Chine – principal fournisseur mondial – n’épargne aucun effort pour assurer un approvisionnement stable, avec des usines fonctionnant 24 heures sur 24 pour fabriquer une grande variété de produits, allant des masques aux kits de test et aux ventilateurs. Les compagnies aériennes et les sociétés de fret maritime s’efforcent par ailleurs d’accroître les canaux de transport et les autorités intensifient leurs efforts pour aider à dynamiser la chaîne d’approvisionnement.

Cependant, même si la Chine intensifie ses efforts pour augmenter ses approvisionnements, d’importants obstacles logistiques demeurent en raison des restrictions imposées par de nombreux pays pour lutter contre la pandémie mondiale de COVID-19. La qualité de certains équipements provoque également des inquiétudes, à la lumière de récents reportages des médias concernant certains masques et kits de test défectueux, suscitant des appels à renforcer le contrôle de la qualité en Chine et à l’étranger.

Une forte hausse de l’offre

La société Beijing Aeonmed, qui fabrique des ventilateurs permettant aux patients atteints du COVID-19 de mieux respirer, a fait fonctionner ses chaînes de fabrication 24 heures sur 24 et en a converti d’autres pour se concentrer sur les ventilateurs afin de répondre aux commandes de l’étranger à la hausse. « Il y a trop de commandes de l’étranger », a déclaré dimanche Li Kai, un cadre de la société, notant que la société avait reçu « des dizaines de milliers » de commandes à l’étranger d’environ 40 pays et régions, dont l’Italie, le Royaume-Uni, la Mongolie et l’Ukraine. 

Aeonmed n’est pas la seule entreprise dans cette situation. Depuis février, 12 000 nouvelles entreprises en Chine ont commencé à produire des masques et des ventilateurs, ce qui porte leur total à 53 000, dont plus de 17 420 sont des exportateurs certifiés, selon les médias.

Alors que le nombre de cas confirmés de COVID-19 augmente à travers le monde, la demande mondiale de ventilateurs a plus que décuplé, selon certaines estimations. Face à la grave pénurie d’appareils, les agents de la santé publique de pays allant de l’Italie aux Etats-Unis ont été ou seraient forcés de décider quels patients sauver et lesquels ne pas sauver.

Outre les ventilateurs, la demande mondiale d’équipements de protection individuelle (EPI) tels que les masques, les gants, les tenues de protection, ainsi que du matériel médical, comme les kits de test et les thermomètres infrarouges, a également augmenté. Maria Van Kerkhove, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a averti mercredi que le monde faisait face à une « pénurie importante » d’EPI et d’autres appareils, sans toutefois donner des chiffres. 

Alors que le gouvernement chinois et d’autres organisations continuent de faire don d’EPI à des dizaines de pays à travers le monde, le nombre de commandes à l’exportation a également augmenté de manière significative. Plus de 17 pays comme le Royaume-Uni et l’Italie ont signé des contrats d’achat avec des entreprises chinoises, a déclaré la semaine dernière Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Au cours du week-end, la France a commandé un milliard de masques, la grande majorité venant de Chine, et enverra 56 vols cargo pour les transporter.

Dans l’ensemble, la Chine a considérablement augmenté la production d’EPI et d’autres instruments médicaux, et les chiffres pourraient encore augmenter, selon des spécialistes du secteur. Entre le 1er février et le 15 mars, 28 000 entreprises ont étendu leurs opérations à la production de masques, de tenues de protection et d’autres équipements médicaux, selon le fournisseur de données commerciales Tianyancha. La production quotidienne de masques a par exemple été multipliée par 16 pour atteindre environ 116 millions d’unités par jour et ce chiffre pourrait encore augmenter, selon les médias.

« Tout comme la réponse à l’épidémie elle-même, la Chine déploie des efforts à l’échelle nationale pour garantir l’offre en matériel médical afin de soutenir la lutte mondiale contre la pandémie de COVID-19 », a déclaré dimanche Wang Jun, analyste au Centre pour les échanges économiques internationaux de Chine. 

Les efforts de la Chine à l’échelle nationale

Hormis les usines chinoises, les fonctionnaires et d’autres sociétés se sont également battus pour assurer un approvisionnement mondial régulier en équipements médicaux. Mis à part le soutien budgétaire et politique accordé aux fabricants d’équipements médicaux pour accroître la production, les autorités chinoises ont également organisé le transport des marchandises. 

A la date de jeudi, les compagnies aériennes chinoises avaient effectué 23 vols transportant au total 406 tonnes de fournitures médicales vers des pays du monde entier, a déclaré lors d’un point de presse dimanche Zhang Qing, un haut responsable de l’Administration de l’aviation civile de Chine, ajoutant que l’agence offrira des incitations en espèces pour aider les compagnies aériennes.

SF Express, une société de services de livraison, a fait savoir dans un communiqué dimanche que depuis le 13 février, elle avait ouvert des liaisons, notamment vers New York, et avait livré 742 tonnes de fournitures à plus de 50 pays et régions. China Postal Airlines et YTO Express ont également affrété plus d’une centaine de vols et livré un total de plus de 710 tonnes de fournitures à l’étranger, a déclaré Jin Jinghua, un fonctionnaire de l’Administration d’Etat des postes, dimanche lors d’un point de presse. 

Les responsables chinois ont également maintenu les liaisons du Train Express Chine-Europe, mais étant donné les délais stricts pour les livraisons, le fret aérien reste la meilleure option pour le transport de matériel médical, car le fret maritime et même les trains intercontinentaux nécessitent trop de temps, selon les analystes du secteur. 

Des préoccupations en termes de logistique et de qualité

Des obstacles majeurs subsistent pourtant dans la logistique, selon des responsables et des entreprises chinoises. « Nous constatons également des retards dans les colis à l’étranger en raison de l’insuffisance des capacités aériennes mondiales et des perturbations des réseaux d’acheminement mondiaux à cause de la pandémie », a déclaré M. Jin. 

Sally Gao, une employée de la société Wuhan Guide Infrared, a remarqué que l’entreprise avait du mal à expédier ses thermomètres infrarouges à l’étranger et qu’un lot de 20 thermomètres était toujours bloqué dans les douanes américaines. « Le plus gros problème est que les clients étrangers sont pressés de recevoir nos produits, mais le transport prend trop de temps », a-t-elle déclaré dimanche, ajoutant que le fret aérien était trop onéreux. 

A la lumière des récents reportages concernant les problèmes de qualité des fournitures médicales fabriquées en Chine, plusieurs usines ont déclaré dimanche que la qualité passait avant tout, même lorsque la demande augmentait. « Les ventilateurs subissent diverses inspections avant d’obtenir des certifications et doivent être conformes aux réglementations sur la qualité », a déclaré M. Li, de la société Beijing Aeonmed, ajoutant que la société exportait déjà ses produits dans plus d’une centaine de pays et régions avant même la pandémie.

Certains ont également nié qu’il y avait une flambée des prix en raison de la forte demande, tandis que d’autres ont estimé que certaines augmentations de prix sont normales compte tenu de la hausse du coût des matières premières.

M. Cao, qui travaille pour le fabricant de masques Lanhine, a déclaré qu’il était inévitable que les masques voient leurs prix augmenter en raison de l’augmentation du coût des matières premières. « Les hausses de prix sont conformes aux relations entre l’offre et la demande du marché, pour lesquelles les médias occidentaux ne peuvent pas appliquer un deux poids deux mesures », a noté M. Cao.