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Entre l’Europe et l’Amérique latine : la méthode douce de la Chine

French.china.org.cn | Mis à jour le 29. 09. 2019 | Mots clés : Europe,Amérique latine,Chine
(Photo : VCG)

Selon un vieux proverbe chinois, « la victoire est assurée quand les forces s’unissent, et le succès est assuré quand toutes les têtes se mettent ensemble ».

La Chine a une très longue tradition de diplomatie, une capacité millénaire de proposer, dans la relation avec ses partenaires, des solutions créatives basées sur la « rencontre amicale » et les avantages réciproques. C’est ce que l'on appelle en anglais le « win-win », ou « gagnant-gagnant », une transaction dans laquelle les deux parties d'un accord en bénéficient toutes les deux. C'est ainsi que naissent des amitiés productives.

La Chine possède le réseau de trains à grande vitesse le plus étendu du monde. Il a été construit en un temps record, et j’ai eu l’occasion d’en vérifier personnellement la grande efficacité. Je me suis souvent demandé quelle était la raison d’une telle rapidité d’exécution, et j’ai trouvé une explication historique : le géant asiatique est fort d’une longue tradition de commerce et d’échanges, laquelle au cours des siècles l’a amené à valoriser la communication et la recherche de nouvelles voies et moyens de transport toujours plus sophistiqués. En réalité, il y a 600 ans, bien avant la découverte des contrées occidentales, l’amiral Zheng parcourait déjà les mers jusqu’au golfe Persique avec des navires technologiquement très avancés.

L’initiative chinoise de « La Ceinture et la Route » peut être interprétée comme la voie chinoise pour un développement harmonieux des pays du monde. Elle représente non seulement un ensemble d’infrastructures et de partenariats commerciaux, mais un concept, une mentalité, un mode d’intégration des peuples et des cultures, une manière de créer des relations internationales à partir de projets collectifs dont le succès est assuré « quand toutes les têtes se mettent ensemble ». Il existe divers exemples intéressants à ce sujet en Europe et en Amérique latine. Par exemple, en Serbie, la première autoroute européenne de construction chinoise a été inaugurée le 17 août 2019 en présence du président serbe, qui a reconnu son rôle dans le développement de son pays, qui s’accompagne par ailleurs de l’entrée discrète d’entreprises chinoises dans le monde des affaires serbe et d’interventions qui, dans certains cas, ont sauvé des entreprises serbes de la faillite.

Contrairement à ce qui se produit trop souvent dans les pays occidentaux, la Chine est une présence non-invasive, qui n'utilise pas d’instruments de pression, ni politiques ni économiques (tels que les odieuses « sanctions »), mais des moyens de persuasion, de négociation, de séduction qui dérivent de la conscience d'être dans une situation d'égal à égal et de coopération mutuelle. La présence chinoise ne suscite pas d'inquiétude ; elle n'est pas perçue comme une « influence » qui menace – culturellement, existentiellement – de modifier l'équilibre d'un pays particulier, mais est considérée comme une occasion d'ouvrir des horizons et d'élargir les perspectives.

L’initiative de « La Ceinture et la Route » a planté ses racines en Amérique latine avec un ambitieux programme d’infrastructures : routes, ponts, voies ferrées, tout cela intégré et en synergie grâce à la technologie du géant informatique Huawei. En chantier se trouve déjà l’ambitieux et extraordinaire projet d’autostrade des Deux Océans, destiné à unir – à travers la Bolivie et le Pérou – l’Atlantique au Pacifique, permettant aux marchandises latino-américaines d’atteindre la Chine par la voie maritime, avec un profit évident pour tous les pays impliqués. On peut encore citer la construction à Panama d’un grand port, à savoir le Panamá Colón, doté de quais d’amarrage pour les cargos et navires géants. Le nom de Christophe Colomb (Colón en espagnol) dans le nom du port nous rappelle l’importance du souvenir historique, à cette époque où s’ouvre justement une nouvelle phase de l’histoire du commerce mondial.

Et comme preuve que la politique peut et doit être tenue à l'écart du commerce et des échanges, on peut citer l'accord signé avec l'Argentine par le président Macri en même temps que la Chine accordait des prêts subventionnés au Venezuela et à d'autres pays de la région. Avec cette stratégie, la Chine promeut l'intégration régionale entre les pays d'Amérique latine, par exemple lorsqu'elle construit un grand port à Cuba et le terminal de la Route de la Soie des Caraïbes (cofinancé par la Banque d'investissement économique du Brésil), favorisant ainsi, presque en tant que médiateur, la coopération entre ces deux pays d’Amérique.

En effet, l’idée du concept gagnant-gagnant s’inspire de cette compétition loyale : il n’est pas nécessaire dans une compétition qu’il y ait des vainqueurs et des vaincus. Jouer sur le savoir-faire, les capacités et l’innovation peut être bénéfique pour tous. C’est le cas du nouvel avion commercial C9019 du pays, le premier de fabrication entièrement chinoise, qui rivalise sur le plan technologique avec les colosses occidentaux et qui a suscité avec raison l’intérêt de la plus grande compagnie aérienne à bas coûts d'Europe, le britannique RyanAir, qui est en train de devenir l'un des principaux acheteurs du C919. Sans avoir encore lancé sa production en série, l'avion chinois cumule déjà plus de 800 commandes émanant de 27 compagnies aériennes.

Face aux récentes tensions commerciales entre les pays du monde (et en particulier avec les États-Unis), l'attitude adoptée par la Chine indique la voie d'une concurrence de virtuose, capable d'avancer vers l'inévitable intégration des peuples de la Terre. Le monde a besoin du multilatéralisme : il est impossible, mais aussi nuisible, de permettre qu'il n'y ait qu'une seule puissance dominante. L'équilibre entre les États et le respect mutuel assurent la paix et la prospérité. L'utile, comme l’a dit le sage de l’Antiquité latine Cicéron, n'est pas vraiment utile si vous le séparez de l'honnête et du juste. L'Europe, ainsi que le reste du monde, ne doivent pas l'oublier : ils auront beaucoup à gagner de la « manière chinoise », de son mode pacifique et de sa manière de voir les relations entre les peuples.

Par Guido Cappelli, professeur de littérature italienne à l’Université de Naples - L’Orientale. Texte traduit de l’italien par Lisa Carducci, édité par China.org.cn

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Source:french.china.org.cn