La Chine recourt à ses réserves de porc pour stabiliser l’offre

Jeudi, la Chine a décidé de recourir à ses réserves étatiques de porc, afin d’assurer un approvisionnement continu en amont des vacances pour la fête nationale, alors que les prix du porc se sont envolés du fait d’un approvisionnement tendu engendré par une épidémie de peste porcine africaine (PPA).

Le ministère chinois du Commerce (MOFCOM) a indiqué qu’il avait mis sur le marché 10000 tonnes de porc issues des réserves du gouvernement central dans le cadre d’un plan de contingence visant à gérer les fluctuations périodiques des prix du porc.

Cette mesure a pour but d’augmenter l’approvisionnement en viande porcine et d’assurer sa disponibilité au cours des sept jours de vacances prochains, indique un communiqué du MOFCOM. Le ministère a noté que les prix du porc dans le pays avaient augmenté de manière significative, malgré une baisse de la demande. 

Mercredi, les prix du porc en gros sur les principaux marchés avaient augmenté de 0,1 % par rapport au jour précédent, mais de 1,3 % par rapport au 10 septembre.

« Le MOFCOM va surveiller étroitement l’évolution des prix du porc, ainsi que l’offre et la demande... mais aussi continuer à recourir aux réserves étatiques pour assurer l’approvisionnement », souligne le communiqué.

Face à des prix croissants et un approvisionnement tendu, certains gouvernements locaux ont d’ores et déjà fait appel à leurs réserves pour assurer la stabilité du marché.

Samedi dernier, le gouvernement de la province orientale chinoise de Zhejiang a injecté sur le marché un lot de porc issu de ses réserves à un prix 30 % inférieur aux prix du marché. La quantité de porc mise sur le marché par la province n’est toutefois pas connue. 

La ville de Jinan, la capitale de la province orientale de Shandong, a quant à elle mis sur le marché 1500 tonnes de porc de réserve en deux lots répartis sur 44 marchés de la ville depuis le 12 septembre, a rapporté le journal Economic Daily. 

D’après Ma Wenfeng, un analyste senior de l’entreprise de conseil Beijing Orient Agribusiness Consultancy, l’utilisation des réserves est une pratique courante pour les produits alimentaires comme les céréales et le porc, afin d’en limiter les fluctuations des prix.

Selon un document publié sur le site internet du Centre de gestion des réserves de marchandises de Chine, le porc de réserve mis sur le marché provient des importations de pays comme le Danemark, l’Allemagne, la France et les Etats-Unis.

Ces 10000 tonnes sont une quantité relativement faible par rapport à la consommation totale du pays et représentent en substance près d’une semaine de vente sur les marchés de gros dans les grandes villes. Cela devrait néanmoins permettre d’éviter la hausse des prix du porc avant les vacances de la fête nationale.

En 2018, la Chine a consommé 55,95 millions de tonnes de porc. 

La stabilisation des prix du porc aidera à maintenir l’indice des prix à la consommation (IPC, une mesure de l’inflation) à un niveau raisonnable, apprès que la hausse des prix du porc a soutenu l’inflation globale au mois d’août. 

Lundi, le Bureau national des statistiques (BNS) a fait savoir lors d’une conférence de presse, que l’IPC avait augmenté de 2,4 % en glissement annuel sur les huit premiers mois de 2019 et de 2,8 % en août, une hausse principalement tirée par les prix des produits alimentaires. 

Ces derniers ont augmenté de 10 % en glissement annuel au mois d’août, alors que les prix du porc ont enregistré une hausse de près de 50 %, devenant un facteur majeur dans la croissance de l’IPC. 

Cependant, la mise sur le marché de ces réserves reste une solution temporaire et l’augmentation de la production porcine au niveau national est le seul moyen pour répondre à la question de l’offre et de la demande.

« Il est nécessaire et urgent d’encourager les agriculteurs à revenir sur ce secteur, après la fermeture de nombreuses exploitations porcines du fait de la PPA », explique Ma Wenfeng.

Signe que les autorités ont déjà identifié la racine du problème, le ministère des Finances et le ministère de l’Agriculture ont publié au début du mois des mesures conjointes, incluant des subventions pour les éleveurs dont les porcs ont été abattus du fait de la PPA, l’expansion des prêts aux exploitations porcines et le renforcement des mesures d’incitation pour les grands producteurs de porc.