Huawei lance le cluster d’IA « le plus rapide » au monde

Le géant chinois des télécommunications, Huawei Technologies, a affirmé mercredi son ambition informatique en déployant une stratégie pour ce secteur, dont la valeur pourrait dépasser les 2000 milliards de dollars US (1810 milliards d’euros) d’ici 2023.

Il a dévoilé ce qu’il affirme être le cluster de formation à l’intelligence artificielle (IA) « le plus rapide » au monde, baptisé Atlas 900. D’après les analystes, Huawei pourrait ainsi être en mesure de concurrencer les géants du secteur, comme Google.

La percée de Huawei dans le domaine de l’informatique survient à la suite de progrès continus dans ses activités liées à la 5G et son système d’exploitation propriétaire HarmonyOS, ce qui montre la défiance et la résilience du géant chinois face à la répression de plus en plus forte exercée au cours de l’année écoulée par les Etats-Unis.

Pour les analystes, cela marque un nouveau jalon pour l’entreprise.

« Lorsque les gens pensent à Huawei, la plupart d’entre eux pensent "connexions"... mais notre travail ne s’arrête pas à la connectivité. La connectivité comme l’informatique sont toutes deux essentielles », a expliqué Ken Hu (Hu Houkun), le PDG adjoint de Huawei. Celui-ci a ainsi souligné les ambitions du groupe dans ce secteur lors de la conférence annuelle Huawei Connect, organisée du 18 au 20 septembre à Shanghai.

« Au niveau des investissements, [la connectivité et l’informatique] sont tout aussi importantes. Par le passé, nous avons principalement parlé de la connectivité. Aujourd’hui, je voudrais me concentrer sur l’informatique », a déclaré Ken Hu. Selon lui, le futur de l’informatique est un marché colossal dont la valeur devrait dépasser les 2000 milliards de dollars d’ici 2023 et dans lequel Huawei veut sa part.

Huawei a également présenté les secteurs dans lesquels il veut se concentrer, incluant l’innovation architectural, les investissements dans ses processeurs tous scénarios et la construction d’un écosystème ouvert, qui impliqueront l’investissement additionnel de 1,5 milliard de dollars dans son programme de développeurs.

Du lancement de ses microprocesseurs aux structures informatiques en passant par les systèmes d’exploitation propriétaires pour les serveurs, Huawei est en train de multiplier ses efforts pour développer une capacité globale face à la répression croissante de la part des Etats-Unis, indique Xiang Ligang, un analyste basé à Beijing.

Selon lui, ces mesures montrent que la répression américaine n’endiguera pas la croissance de l’entreprise.

En-dehors du lancement officiel de sa stratégie informatique, Huawei a donc dévoilé mercredi l’Atlas 900, présenté comme le cluster de formation à l’IA « le plus rapide » au monde grâce à la combinaison des puissances de calculs de plusieurs milliers de ses processeurs propriétaires Ascend.

Se basant sur la puissance technique qu’il a développée au cours de la dernière décennie, Huawei a indiqué qu’Atlas 900 mettait seulement 59,8 secondes à terminer le test de référence ResNet-50, qui représente la référence absolue pour mesurer les performances de formation en IA. Atlas 900 gagne donc 10 secondes sur le précédent record mondial.

« La disposition dans le secteur informatique et le lancement de clusters de formation visent principalement à concurrencer les géants industriels comme Google, qui possède aujourd’hui la puissance de calcul la plus importante au monde. Les percées majeures dans le secteur de l’IA au niveau mondial proviennent également de Google », indique Jiang Junmu, le rédacteur en chef du site d’information C114.com, spécialisé dans les télécommunications et qui suit de près les développements de Huawei.

Le plus grand obstacle au développement de l’IA est le manque de capacités de calcul, mais c’est également là que Huawei voit des opportunités, note ce dernier.

L’effet de l’interdiction américaine

L’intégration de Huawei sur la liste noire américaine depuis le 16 mai, qui restreint la vente par les entreprises américaines de leurs produits à Huawei, a jeté une ombre sur les activités du géant chinois. Tout en minimisant l’effet de cette mesure, Ken Hu a indiqué mercredi au cours de son discours d’ouverture: « Huawei continue de bien se porter, comme la bonne météo que nous avons aujourd’hui à Shanghai. »

Il a déclaré aux journalistes que Huawei avait remporté plus de 50 contrats malgré les accusations infondées des Etats-Unis sur des problèmes de sécurité et que ce chiffre continuait d’augmenter. Selon lui, les activités de la 5G devraient commencer à contribuer au chiffre d’affaires de l’entreprise d’ici la fin de l’année prochaine, avec le déploiement complet des services de 5G en Chine.

Néanmoins, les analystes soulignent les incertitudes qui subsistent pour le géant chinois. En tant que deuxième plus grand fabricant de smartphones au monde, Huawei doit lancer ce jeudi son dernier smartphone haut de gamme Mate 30. La capacité de ce nouveau modèle à utiliser le système d’exploitation Android de Google, ainsi que ses applications, pourrait affecter ses ventes.

Eric Xu (Xu Zhijun), qui occupe actuellement la présidence tournante de Huawei, a indiqué le mois dernier que même si l’impact des restrictions américaines était moins important que ce qui était attendu, l’entreprise devrait tout de même enregistrer cette année 10 milliards de dollars de manque à gagner dans le chiffre d’affaires de son unité smartphones.

En marge de la conférence, une personne du secteur a indiqué qu’elle n’était pas sûre que la propre architecture informatique de Huawei et son système d’exploitation propriétaire Harmony puissent fonctionner correctement avec ses appareils et répondre aux attentes des consommateurs.

« Huawei ne va pas mal, mais il lui reste encore des failles à combler face à des perspectives relativement floues », note-t-il.