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La lutte contre la pauvreté au district de Fengdu

French.china.org.cn | Mis à jour le 11. 09. 2019 | Mots clés : politique de réforme et d’ouverture, lutte contre la pauvreté

L’esprit d’entreprise rapporté à la campagne  

Notons qu’aujourd’hui en Chine, ce ne sont pas que les capitaux qui circulent des villes aux villages, mais aussi une certaine mentalité urbaine. Citons l’exemple du jeune entrepreneur Zhang Yuan, originaire du village de Tianshui (au bourg de Xingyi relevant du district de Fengdu), qui a décidé de revenir vivre dans son village natal.  

Comme beaucoup de jeunes de sa génération ayant grandi en milieu rural, Zhang Yuan, né en 1986, est parti en ville pour gagner sa vie après l’obtention de son brevet.  

En 2010, il a pris la décision de rentrer sur sa terre natale, en vue de se rapprocher des siens et de fonder une famille. Ce faisant, il a rapporté dans ses bagages ses sept années d’expérience et de vie dans la capitale chinoise, où l’esprit d’entreprise est omniprésent.  

Il a témoigné : « Je n’aurais pas pu exercer en tant que travailleur migrant toute ma vie. J’aspirais à travailler pour mon compte et à faire valoir mes compétences. Pour moi, c’était donc une évidence de créer ma propre entreprise après mon retour. »  

À vrai dire, Zhang Yuan a tenté à multiples reprises de s’engager dans une carrière d’indépendant, s’étant essayé notamment aux métiers de traiteur spécialisé dans les mariages et d’agriculteur. L’année dernière, à l’âge de 33 ans, il a pris part à un programme de formation financé par l’État, portant sur la vente en ligne de produits agricoles.  

Aujourd’hui, Zhang Yuan figure parmi la centaine d’agents en e-commerce implantés à Fengdu. Ce projet, parrainé par le gouvernement local, a été conçu pour aider les bourgs et les cantons à « prendre le train en marche » dans le secteur de l’e-commerce qui bat son plein.  

Dans les villes chinoises d’aujourd’hui, l’e-commerce prospère et joue un rôle devenu irremplaçable dans nos vies. Cependant, de nombreuses zones rurales sont passées à côté de cette révolution.  

Les conditions de livraison difficiles dans les villages reculés en constituent la principale raison, comme nous l’a expliqué Huang Hong, directeur adjoint du Comité du commerce du district de Fengdu. « Dans le passé, les délais de livraison des colis étaient très longs. Des services privés de livraison desservaient certains bourgs, à raison d’une fois toutes les deux semaines, mais ils ne passaient pas dans les villages reculés. »  

La situation a bien changé depuis. En 2017, un centre de distribution a été établi dans le chef-lieu du district de Fengdu. C’est là que les sociétés de livraison express d’envergure nationale chargent et déchargent les paquets. Les agents en e-commerce entrent ensuite en jeu. Non seulement ils s’occupent de vendre les produits locaux via Internet, mais parallèlement, ils font le lien entre les producteurs du coin et le centre de distribution, en parcourant les derniers kilomètres qui séparent les deux.  

Chaque jour, Zhang Yuan et ses collègues vont chercher les colis au centre de distribution, puis les emportent au village dont ils sont responsables. Dans le même temps, ils recueillent chez les agriculteurs les produits agricoles qui ont été commandés, les emballent et les acheminent au centre de distribution du chef-lieu du district. Zhang Yuan et ses collègues jouent ainsi le rôle d’intermédiaire entre les agriculteurs qui ont trouvé de nouveaux débouchés via Internet et les acheteurs en ligne répartis dans tout le pays.  

« À présent, les produits agricoles commandés en ligne arrivent au centre de distribution du chef-lieu au plus tard dans les 24 heures, avant d’être expédiés aux quatre coins du pays », déclare fièrement Huang Hong. Aujourd’hui, Zhang Yuan, déjà père de deux garçons, a pu concrétiser son rêve de devenir un professionnel indépendant grâce à l’e-commerce. « Je perçois à peu près les mêmes revenus que lorsque je travaillais dans les grandes villes. Mais la différence, c’est que je peux rester auprès de ma famille. »  

Une école pour les parents  

L’éducation est également une clé ouvrant sur la création de richesse et l’égalité des chances. Dans ce domaine aussi, Fengdu a obtenu un certain nombre de résultats ces dernières années. Afin de combler l’écart qui existe à ce niveau entre ce district de Fengdu et les grandes villes, le gouvernement local adopte une attitude ouverte aux concepts innovants.  

Le bourg de Huwei, et plus précisément le village de Daxi sous sa juridiction, a acquis une expérience utile en appliquant de nouvelles idées en matière d’éducation. Ce village accuse un retard à cet égard, comme nous l’a décrit Hu Xiaofei, directeur adjoint du département d’éducation morale au collège-lycée Binjiang de Fengdu : « Les conditions dans notre établissement ne sont pas aussi bonnes que dans les écoles d’autres régions, que ce soit au regard des équipements ou de la qualité de l’enseignement. Ajoutons à cela le fait que 22 des 65 enfants du village sont élevés par leurs grands-parents, parce que leurs parents sont partis gagner leur vie à l’extérieur du district. Ces enfants sont âgés de 3 à 17 ans. »  

Dans un pays comme la Chine, qui a fait un véritable « bond en avant » en l’espace de 40 ans, il existe désormais un énorme gouffre entre les générations. « Ce fossé est particulièrement évident lorsque l’on considère les méthodes d’éducation », affirme Tai Jiaxiong, directeur adjoint du syndicat du collège-lycée Binjiang de Fengdu. Cet éducateur nous a raconté qu’il avait quitté la ville pour s’installer au village de Daxi, dans l’optique de réduire la pauvreté par le biais de l’éducation.  

« Pour vaincre la pauvreté via l’éducation, il faut selon moi commencer par les parents, pour qu’ils puissent ensuite transmettre leurs connaissances à leurs enfants et les guider sur la bonne voie », déclare-t-il. Partant de ce principe, il a proposé une offre éducative novatrice, où ce ne sont pas les enfants qui vont en cours, mais leurs parents. L’année dernière, ce type d’« école pour les parents » a ouvert ses portes localement et propose chaque mois des cours gratuits abordant les enjeux en matière d’éducation. Les thèmes proposés au programme sont vastes, couvrant notamment l’esprit d’équipe, l’honnêteté, l’autonomie, le sens des responsabilités, le développement sain de la confiance en soi, la formulation de ses objectifs de vie, le traitement de l’échec, le côté ludique de l’apprentissage et le développement des qualités morales.  

He Lianhua, 35 ans, fréquente cette « école pour les parents ». Elle est mère de deux fils, l’un de cinq ans et l’autre de 15 ans. Mais comme elle a travaillé huit ans sur une chaîne de montage dans une usine du Guangdong, son fils aîné a principalement été éduqué par ses grands-parents. Quant à son mari, chauffeur routier, il n’était quasiment jamais à la maison. Elle s’est remémorée : « Quelques années plus tard, notre fils aîné prenait ses distances avec nous. Il se montrait turbulent et indiscipliné. Nous étions arrivés à une impasse en tant que parents. » La jeune mère a ajouté : « Je suis très reconnaissante envers ‘‘l’école pour les parents”. Elle m’invite à reconsidérer mes méthodes d’éducation et au fil du programme, j’apprends à mieux me connaître. À présent, je suis moins égocentrique et je ne rejette plus la faute sur mes enfants en cas de problème. »  

Ses années passées en ville ont permis à He Lianhua d’ouvrir ses horizons. Elle est maintenant disposée à assimiler de nouvelles connaissances et espère que sa progéniture bénéficiera d’un meilleur avenir. « Les ruraux comme nous devons saisir l’opportunité de rattraper notre retard et d’entrer en contact avec des gens issus de diverses classes sociales pour multiplier les interactions. » Et aux yeux de cette jeune mère, l’« école pour les parents » est une plate-forme utile à cet égard.  

Toutes ces idées novatrices en matière d’éducation sont d’ores et déjà consignées dans le manuel qu’a rédigé l’éducateur Tai Jiaxiong et sont promues dans d’autres régions défavorisées. D’ailleurs, des projets similaires à l’« école pour les parents » ont déjà été lancés dans le district de Fengdu.  

La route sera encore longue…  

Comme le montre l’exemple de Fengdu, d’importants facteurs de développement (qu’ils relèvent du financement, de l’esprit d’entreprise ou de l’éducation) entrent progressivement dans les régions pauvres de la Chine. Les zones sous-développées ainsi que leurs habitants aspirent à atteindre le même niveau de vie que dans les zones côtières, mais de toute évidence, la route sera encore longue...  

Une chose est sûre, la Chine ne pourra parvenir à un meilleur développement à long terme que si tout le monde coordonne ses efforts ; en d’autres termes, si les régions en se développant rapidement prêtent main forte aux régions se développant lentement, afin de garantir véritablement l’égalité des chances. À cette fin, il faut veiller à ce que les fonds et les ressources soient utilisés à bon escient, c’est-à-dire investis là où ils sont les plus indispensables, plutôt que gaspillés en cours de route.

Si la Chine parvient à suivre cette règle, elle aura des chances de se sortir du développement inégal en s’appuyant sur ses propres forces, afin d’éradiquer une bonne fois pour toutes la pauvreté.  

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Source:La Chine au Présent