FMI : La Chine a de la marge pour « atténuer les chocs »

La Chine pourrait utiliser davantage de mesures de relance budgétaire et permettre une plus grande flexibilité des changes pour minimiser les effets négatifs sur son économie si les tensions commerciales avec les Etats-Unis s'intensifiaient davantage, a fait savoir jeudi le Fonds monétaire international (FMI).

« Le gouvernement a de la marge pour atténuer les chocs générés par les incertitudes extérieures et les tensions commerciales en utilisant la politique budgétaire », a déclaré Alfred Schipke, haut représentant résident du FMI pour la Chine, lors d'un point de presse à Beijing.

Le FMI a prédit qu'il pourrait y avoir une expansion budgétaire d'environ 0,8 point de pourcentage du PIB chinois si le différend commercial avec les Etats-Unis s'intensifiait, Washington augmentant ses droits de douane à 25 % sur les importations restantes en provenance de Chine.

M. Schipke a remarqué que la Chine pourrait permettre une plus grande flexibilité de son taux de change pour répondre à la tension croissante dans les échanges. Le taux de change du renminbi pourrait encore se déprécier face à la recrudescence des conflits commerciaux avec les Etats-Unis, a-t-il ajouté.

Schipke a noté que les mesures de relance budgétaire pourraient être utilisées pour stimuler la consommation intérieure en introduisant davantage de réformes fiscales et en adoptant des politiques d'aide aux ménages à faible revenu.

La Chine a mis en place 20 mesures pour stimuler les dépenses de consommation, telles que l’assouplissement des restrictions à l’achat d’un véhicule, des incitations à l’achat de véhicules à énergie nouvelle et l’accroissement des importations dans le commerce électronique transfrontalier pour un plus grand nombre de villes.

Sur le plan monétaire, le FMI estime que l’assouplissement de la politique monétaire pourrait être limité par l’accroissement rapide des crédits et de l’endettement, tant dans le secteur privé que public. « Le niveau de la dette restreint la marge de manœuvre nécessaire pour un assouplissement monétaire significatif, car cela signifierait un accroissement de la dette et une vulnérabilité importante », a estimé M. Schipke.

Le FMI a également noté que l'intensification des tensions externes avait mis le taux de change du renminbi sous pression, mais que les réserves de change de la Chine demeuraient suffisantes et que rien n'indiquait une intervention d’envergure des autorités monétaires en matière de change. La valeur du renminbi est jugée conforme aux fondamentaux économiques, selon le FMI.

Le FMI a suggéré que la Chine poursuive le processus de désendettement et de réduction des risques afin de renforcer le système financier du pays et de faire face aux risques posés par les banques en difficulté.

Zhang Longmei, vice-représentante résidente du FMI pour la Chine, a remarqué que la Chine devait continuer à améliorer l'allocation du crédit, le resserrement de la réglementation financière ayant en effet entraîné une contraction de l'offre de crédit, en particulier dans le secteur bancaire parallèle, ce qui a affecté les prêts aux entreprises privées de plus petite taille. Elle a ajouté que la Chine devait continuer à accroître sa productivité en accélérant l'ouverture des secteurs non stratégiques et en intensifiant les réformes des entreprises d'Etat.

Les économistes de Standard Chartered ont fait savoir dans une note de recherche que les mesures chinoises en faveur de la croissance semblaient prendre effet à mesure que l’économie montrait des signes de stabilisation. L'enquête de la banque auprès des PME chinoises réalisée en août a révélé une amélioration des perspectives des entreprises et une reprise modeste du goût pour les investissements, signe d'une demande intérieure plus forte. « Nous constatons des réductions d'impôts pour les fabricants et de nouvelles orientations de la Banque centrale visant à augmenter les prêts au secteur manufacturier, aux entreprises privées et aux PME, contribuant à compenser en partie les obstacles liés à la baisse des bénéfices industriels et à l'incertitude dans les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine au cours du second semestre », ont-ils précisé dans la note de recherche.