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Selon les experts, le rapport du FMI prouve que la Chine ne manipule pas le yuan

French.china.org.cn | Mis à jour le 11. 08. 2019 | Mots clés : rapport,Fonds monétaire international,FMI,yuan,Chine

Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) a conclu que le taux de change du yuan chinois était « globalement conforme aux fondamentaux à moyen terme » et que les autorités monétaires chinoises n'intervenaient guère sur le marché des changes. Selon les experts, ce rapport, publié le 9 août à Washington, a porté un coup dur à l'étiquette de « manipulatrice de monnaie » donnée à la Chine par l'administration américaine.

La valeur de la monnaie chinoise et la position extérieure du pays en 2018 ont été « globalement conformes au niveau compatible avec les fondamentaux et les politiques souhaitables à moyen terme », a indiqué le rapport, citant le fait que l'excédent du compte courant de la Chine a chuté d'environ un point de pourcentage pour atteindre 0,4% % du PIB en 2018 et devrait rester contenu à 0,5% du PIB en 2019.

Des estimations montrent que la Banque populaire de Chine (PBOC), la banque centrale du pays, est « peu intervenue sur le marché des changes », a déclaré le rapport, basé sur la dernière consultation du FMI avec la Chine au titre de l'article IV, un examen de l'économie chinoise qui s'est achevé le 31 juillet.

La conclusion du FMI intervient quatre jours à peine après que le Trésor américain a officiellement qualifié la Chine de « manipulatrice de monnaie » le 5 août. Le yuan chinois s'est affaibli au-dessus de 7 pour un dollar pour la première fois en plus de dix ans plus tôt cette semaine.

« La conclusion du FMI est objective et montre que le renminbi a été jugé globalement conforme aux fondamentaux à moyen terme. Le résultat a suivi le rythme de ce qu'il avait annoncé en juillet », a déclaré Zhang Xiaohui, chercheuse senior au China Finance 40 Forum (CF40) et ancienne assistante du gouverneur de la PBOC.

Yu Yongding, économiste principal à l'Académie chinoise des sciences sociales et consultant au CF40, estime pour sa part que ce que le FMI a conclu est une décision juste, reflétant que l'accusation des États-Unis ne tient tout simplement pas la route.

D'après Liu Chunsheng, professeur associé à l'Université centrale de finances et d'économie, en accord avec M. Yu, le rapport fournit même des preuves irréfutables qu'au lieu de déprécier artificiellement le yuan pour obtenir des avantages commerciaux, comme le prétend l'administration américaine, la Chine s'est en fait engagée à maintenir le yuan généralement stable à un niveau d'équilibre et d'adaptation.

Malgré la dépréciation relativement rapide du yuan par rapport au dollar entre la mi-juin et le début d'août de l'année dernière, la monnaie chinoise s'est montrée « globalement stable » par rapport à un panier de devises, a encore indiqué le rapport, ajoutant que les autorités monétaires chinoises avaient pris des mesures, notamment en réintroduisant le facteur d'ajustement anticyclique, pour contrer la pression de dépréciation au cours de cette période.

La récente dépréciation du yuan par rapport au dollar s'explique par la réaction normale du marché, les inquiétudes des investisseurs concernant les tensions commerciales étant également exacerbées par la menace de Washington d'imposer 10% les droits de douane sur 300 milliards de dollars supplémentaires de produits chinois à compter du 1er septembre, a ajouté M. Liu.

Le 9 août, le taux de parité centrale du yuan onshore, dont la devise est autorisée à augmenter ou à chuter de 2% par jour de bourse, était de 7,0136 pour un dollar. Le yuan offshore a été échangé à plus de 7,09 pour un dollar samedi, se redressant du niveau le plus faible de 7,1399 observé le 6 août.

Ce sont les forces du marché qui ont poussé la récente dépréciation du yuan face au billet vert, et « il est difficile d'affirmer que le fait de ne pas intervenir contre ces forces du marché constitue une manipulation monétaire », a pour sa part déclaré Phil Levy, économiste en chef chez Flexport, une entreprise de logistique basée à San Francisco.

Chen Yuan, président du Conseil exécutif du CF40 et ancien vice-président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, estime quant à lui que le rapport montre que « le FMI n'était pas d'accord avec l'accusation des États-Unis » et a souligné la nécessité pour la Chine de se préparer pour des litiges à long terme, y compris des différends potentiels dans le domaine financier. Il a ce sens conseillé d'augmenter les règlements libellés en yuans dans le commerce mondial des produits de base et d'accélérer l'internationalisation du renminbi afin de réduire le recours au dollar.

Faisant écho au point de vue de M. Chen, Zhou Xiaochuan, président de l'Institut chinois des finances et ancien gouverneur de la banque centrale, a déclaré le 10 août lors du forum CF40 que la Chine pourrait devoir prendre des contre-mesures face aux barrières tarifaires ou non tarifaires qui lui sont imposées.

Selon le communiqué de presse du FMI publié le 9 août, les administrateurs du FMI sont convenus qu'une plus grande flexibilité du taux de change et des marchés des changes plus profonds et plus performants aideraient le système financier chinois à mieux faire face à la volatilité des flux de capitaux. « Les réserves en devises de la Chine restent largement suffisantes pour permettre une transition continue vers un taux de change flottant », a indiqué le rapport du FMI, un point de vue partagé par M. Yu de la CASS, suggérant que l'autorité monétaire chinoise poursuive la réforme des changes en vue d'un régime plus flexible et axé sur le marché.


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Source:french.china.org.cn