Les chiffres du PIB sont « raisonnables » malgré certaines pressions

La croissance du PIB chinois a ralenti pour s'établir à 6,2 % au deuxième trimestre, le rythme le plus lent de ces 27 dernières années, depuis l’établissement des statistiques trimestrielles. Les analystes estiment toutefois que la croissance soutenue des ventes au détail et la stabilité de l’emploi, ainsi que les éventuelles mesures de soutien à mettre en œuvre au second semestre contribueront à soutenir la croissance cette année.

La croissance entre avril et juin a été inférieure de 0,2 point de pourcentage à celle du premier trimestre. Elle se situait à 6,3 % au premier semestre, a annoncé lundi le Bureau national des statistiques (BNS). 

Les ventes au détail ont augmenté de 9,8 % en juin. C’est plus que prévu et aussi la progression la plus rapide depuis mars 2018. Elles avaient augmenté de 8,4 % au premier semestre, contre 8,3 % au premier trimestre.

La production industrielle a augmenté de 6,3 % en juin, dépassant ainsi les attentes du marché en général, contre 5 % le mois précédent, a annoncé le BNS. Mais au premier semestre, la croissance de la production industrielle est tombée à 6 %, contre 6,5 % au premier trimestre.

La croissance des investissements en actifs immobilisés a été de 5,8 % au cours des six premiers mois, contre 6,3 % au premier trimestre, a précisé le BNS. 

Mao Shengyong, un porte-parole du BNS, a déclaré que « la croissance restait sur la bonne voie, malgré les incertitudes externes croissantes et la nouvelle pression de croissance à la baisse ». 

« La croissance de 6,3 % enregistrée au premier semestre est conforme à nos attentes et à nos prévisions pour l'ensemble de l'année avec une croissance de 6,2 % », a déclaré Martin Raiser, directeur pour la Chine à la Banque mondiale. En fait, les données suggèrent « une certaine stabilisation de la demande intérieure, ce qui est bienvenu », a ajouté M. Raiser.

« Le taux de croissance au premier semestre se situe dans une fourchette raisonnable », a déclaré Liang Haiming, doyen de l'Institut de recherche de « La Ceinture et la Route » de l'université de Hainan. « Ce n’est pas quelque chose de mauvais. »

Yan Se, un économiste de l’Ecole de management Guanghua de l'Université de Beijing, a prévenu que la pression à la baisse restait forte et évoqué les incertitudes découlant du conflit commercial sino-américain, de l'endettement important des administrations locales pesant sur les investissements, et du secteur immobilier terne.

« Nous pensons qu'au troisième trimestre, la croissance pourrait continuer à plonger autour de 6,1 % », a-t-il déclaré. Il a ajouté que le gouvernement central devrait probablement davantage trouver des solutions aux risques liés à l’endettement des administrations locales, augmenter les investissements dans les infrastructures et recourir à une expansion monétaire pour stimuler la croissance. « Ces efforts aideront l'économie chinoise à se ressaisir au quatrième trimestre. »

M. Liang, qui est également président de l’Institut de recherche iValley de la Route de la Soie de Chine, s’attend à ce que les autorités chinoises réduisent le taux des réserves obligatoires des banques de 100 points de base au second semestre dans le cadre de mesures de stabilisation de la croissance. « Si la croissance faiblissait encore, des baisses de taux d'intérêt ne seront pas exclues », a-t-il déclaré. 

M. Raiser a estimé que la Chine avait encore une marge de manœuvre pour renforcer son soutien politique si la situation continuait à se dégrader, bien que « à ce stade, cela semble injustifié ». Outre des mesures à court terme en matière de politique budgétaire et monétaire, la Chine doit procéder à des réformes structurelles pour stimuler la croissance de la productivité en réduisant davantage les distorsions, comme celles liées à l'allocation des terres et des capitaux. Il est également nécessaire de promouvoir la concurrence et l’ouverture pour encourager une plus grande diffusion des technologies, et stimuler la découverte par le biais d’investissements dans la recherche et le développement, y compris la recherche fondamentale, a-t-il enfin remarqué.