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Hausse des tensions sino-canadiennes

French.china.org.cn | Mis à jour le 27. 06. 2019 | Mots clés : Hausse des tensions sino-canadiennes

Mercredi, des analystes chinois ont mis en garde les officiels canadiens contre la futilité à chercher l'aide des Etats-Unis pour faire pression sur la Chine lors du prochain G20. Les relations bilatérales pourraient par ailleurs se détériorer, à moins que les officiels canadiens mettre un terme à leurs paroles et leurs actes arbitraires et provocateurs. 

Alors que les tensions entre la Chine et le Canada continuent d'augmenter, de plus en plus de signes suggèrent que la détérioration des relations entravent les activités commerciales, ainsi que les échanges officiels et interpersonnels entre les deux pays.

A travers une série d'erreurs dans des affaires impliquant Huawei, la région administrative spéciale de Hong Kong ou encore la région autonome ouïgoure de Xinjiang dans le nord-ouest de la Chine, Ottawa est parvenue à elle-seule à compromettre ce qui constituait encore une relation florissante il y a tout juste un an.

Dans ce qui a été largement considéré comme le dernier signe de cette détérioration, la Chine a interrompu mercredi les importations de l'ensemble des produits canadiens à base de viande, après que des échantillons de porc prélevés sur des lots en provenance du Canada ont révélé des résidus de ractopamine, un médicament vétérinaire présentant un danger pour la santé. L’enquête officielle canadienne qui a suivi a par ailleurs mis au jour l’utilisation de certificats contrefaits par de nombreux exportateurs de viande.  

A la question de savoir si cette suspension était liée à l'affaire impliquant Meng Wanzhou (la directrice administrative et financière du géant chinois des télécommunications Huawei), le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Geng Shuang a indiqué qu'il était de la responsabilité du gouvernement chinois de protéger les consommateurs chinois, enjoignant le Canada à prendre des mesures effectives pour rectifier ce problème. 

Geng Shuang a également réitéré la position de la Chine à l'égard de l'affaire concernant Meng Wanzhou: « Nous demandons à ce que la partie canadienne traite les inquiétudes de la Chine sérieusement et libère Mme Meng immédiatement, de façon à ce qu'elle puisse rentrer en Chine en toute sécurité. »

La suspension des exportations de viande canadienne, estimé à 455 millions de dollars (400 millions d'euros) l'année dernière, pourrait porter un autre coup majeur aux éleveurs canadiens, ainsi qu’au Premier ministre Justin Trudeau. Celui-ci aurait appelé à l'aide le président américain Donald Trump pour faire pression sur la Chine lors du prochain G20, qui aura lieu la semaine prochaine au Japon.

Lors d'une entrevue la semaine dernière avec le président Trump à Washington, M. Trudeau lui aurait demandé de parler en son nom lors de sa prochaine rencontre avec le président chinois Xi Jinping dans le dossier des deux citoyens canadiens arrêtés en Chine.

« Cela prouve une fois encore que le Canada n'est qu'une marionnette des Etats-Unis et n'a pas la capacité de conduire une diplomatie indépendante, en tant que pays souverain », analyse Li Haidong, un professeur de l'Institut des relations internationales affilié à l'Université des affaires étrangères de Chine.

Même si Justin Trudeau participe également au sommet, aucune rencontre n'est prévue entre lui et Xi Jinping. En réalité, les officiels canadiens ont essayé dès janvier de contacter les officiels chinois, incluant le Premier ministre Li Keqiang, sans succès.

Répondant à une question concernant la rencontre la semaine dernière de M. Trudeau avec le président Trump, Lu Kang, un autre porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a souligné que les rapports indiquant que le président américain allait soulever cette question lors de sa rencontre avec Xi Jinping se basaient sur des déclarations d'officiels canadiens et non du président américain.

« Nous notons l'état d'esprit du dirigeant canadien sur les relations sino-canadiennes actuelles. Je souhaite insister sur le fait que le Canada porte l’entière responsabilité des problèmes actuels dans les relations bilatérales [avec la Chine] et qu'il en connaît clairement les causes », a-t-il souligné.

Le point de bascule

Alors que les deux pays renforçaient leurs liens économiques et commerciaux, les relations sino-canadiennes étaient relativement bonnes. Celles-ci ont commencé à se dégrader en décembre 2018, lorsque les autorités canadiennes ont arrêté Meng Wanzhou à la demande des officiels américains. 

Depuis, Mme Meng fait l’objet d’une procédure d'extradition vers les Etats-Unis. Cette décision a été largement considérée en Chine comme une manœuvre politique de M. Trudeau pour apaiser les officiels américains, en les aidant dans leur campagne mondiale contre Huawei, un leader mondial des technologies de la 5G. Le Premier ministre canadien essaie ainsi désespérément de réparer des relations personnelles et diplomatiques difficiles avec l'administration de Donald Trump, qui l’a qualifié de « malhonnête et faible ».

« Alors que les autres alliés des Etats-Unis se sont efforcés de ne pas se laisser empêtrer dans la guerre commerciale et technologique sino-américaine, le Canada n'a pas hésité un seul instant. [Justin Trudeau] doit avoir considéré les implications et décidé malgré tout de se ranger du côté des Etats-Unis… ou alors il n'est pas très malin. Dans tous les cas, nous sommes à un point très bas dans les relations sino-canadiennes, si ce n'est le plus bas, tout cela à cause de la décision [de M. Trudeau] », explique Li Haidong.

Depuis l'arrestation de Meng Wanzhou, de nombreuses activités commerciales ont été entravées. En-dehors de la décision prise mardi de suspendre les importations de viande en provenance du Canada, les législateurs chinois ont également interrompu les importations de canola canadien pour des questions sanitaires. Par ailleurs, les officiels chinois avaient émis au mois de janvier une alerte aux voyageurs pour le Canada, à la suite de l'arrestation et de la détention arbitraires de Meng Wanzhou. Cela a entraîné une baisse radicale du nombre de touristes chinois au Canada. 

Dans ce contexte d'escalade des tensions, les autorités chinoises ont également arrêté deux citoyens canadiens pour des raisons de sécurité nationale, et condamné à mort un trafiquant de drogues canadien.

Même si ces actions ont été prises par les officiels chinois pour des motifs légitimes afin de protéger les citoyens chinois, il est « indéniable » que la Chine a pris des mesures relativement fortes pour faire pression sur le Canada, note Mei Xinyu, un expert ayant des liens étroits avec le ministère du Commerce. Selon lui, la Chine doit « frapper fort le Canada pour ses erreurs ».

Jusqu'à présent, il n'y a eu aucun signe de correction de trajectoire du côté de la partie canadienne, où les autorités semblent même vouloir accélérer l'audience pour l’extradition de Meng Wanzhou. 

Par ailleurs, certaines personnes au Canada ont cherché à s'ingérer dans les affaires internes de la Chine en colportant des accusations infondées sur l'amendement de Hong Kong concernant la loi relative à l'extradition, ou encore les centres éducatifs et de formation dans la région autonome ouïgoure de Xinjiang, provoquant les critiques sévères et les avertissements de l'ambassade de Chine à Ottawa. 

« Toutes [les erreurs du Canada] sont ancrées dans de profonds préjugés idéologiques contre la Chine », explique Wang Yiwei, un professeur de la Faculté des relations internationales de l'Université Renmin de Chine.

« Je ne vois pas comment les choses pourraient s'améliorer s'ils ne changent pas cela. Je pense même que cela pourrait empirer », souligne-t-il.

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Source:french.china.org.cn