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L’administration du président états-unien Donald Trump n’en fait qu’à sa tête, provoquant non seulement une guerre de droits de douane contre la Chine, mais prenant également des mesures malhonnêtes à l’égard des entreprises technologiques chinoises afin de forcer le pays à faire des concessions d’ensemble sur les questions économiques et commerciales par le biais de pressions technologiques, ce qui ressemble déjà à une stratégie typique de confinement stratégique. Ces actes honteux d'hégémonisme commercial poussent les relations économiques et commerciales sino-américaines au bord d’un abime dangereux.
Stephen Roach, célèbre économiste américain, a publié un article dévoilant les problèmes socioéconomiques américains profondément enracinés que M. Trump cache, et son comportement hypocrite consistant à faire de la Chine un « bouc émissaire ». Concernant les raisons pour lesquelles les Etats-Unis ont lancé une guerre commerciale contre la Chine, l’analyse de M. Roach est encore plus précise et face à elle les excuses et positions des Etats-Unis ne tiennent tout simplement pas debout.
Les Etats-Unis sont la cause principale du déficit commercial sino-américain. Le professeur Roach souligne que le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine est important, mais qu'il était également déficitaire avec 102 pays du monde en raison du faible taux d'épargne américain et de la division internationale du travail. Les Etats-Unis considèrent que la Chine est le principal responsable de leur déficit commercial, ce qui constitue une excuse classique pour des problèmes économiques intérieurs. Cette analyse ne fait que confirmer l'existence d'un important déficit commercial américain et montre que le problème est endogène.
D'une part, le faible taux d'épargne est au cœur du problème du déséquilibre commercial américain. Selon les dernières données de la Réserve fédérale, le taux d'épargne net au quatrième trimestre 2018 n'était que de 2,8 %. Depuis longtemps, l’épargne américaine est inférieure aux investissements, l’obligeant à attirer de grandes quantités de capitaux étrangers via l’excédent du compte de capital, ce qui a inévitablement conduit à la persistance du déficit de la balance des opérations courantes.
Cela reflète notamment la persistance de l'hégémonie du dollar, ce qui pose le problème fondamental de l’impossibilité de l’équilibre du commerce américain. Afin de maintenir l'attractivité des actifs en dollars américains et de soutenir sa position dominante de monnaie de référence, les Etats-Unis doivent maintenir un excédent important du compte de capital, rendant inévitable le déficit commercial. Ce qui se reflète derrière cela, c’est que le « dilemme de Triffin » n’a toujours pas trouvé de solution dans le contexte financier international actuel.
Par ailleurs, la structure de la division internationale du travail a engendré une situation générant des excédents en Chine et des profits aux Etats-Unis. Parallèlement au développement en profondeur de la chaîne de valeur mondiale, les sociétés multinationales, américaines surtout, tirent parti des avantages de la Chine, notamment de ses coûts de production et de ses infrastructures, afin d’exporter un grand nombre de produits primaires vers la Chine pour qu’ils y soient transformés et exportés vers les Etats-Unis et d’autres marchés mondiaux. La Chine a toujours été le centre de transformation manufacturière pour le commerce mondial, bénéficiant aux multinationales américaines avec des coûts peu élevés et des profits énormes. Cependant, les Etats-Unis mettent sur le dos de la Chine la totalité de la valeur des exportations vers les Etats-Unis.
Ce raisonnement est évident et d’une simplicité enfantine, et l’administration de M. Trump ne peut pas ne pas le savoir. La seule explication est qu’elle fait semblant de ne pas le voir. Elle ne souhaite fondamentalement pas parvenir à un équilibre commercial, et ce n’est qu’un prétexte majeur pour exercer des pressions économiques et commerciales sur la Chine, servant une stratégie visant à endiguer la montée du pays.
En pointant l’incapacité de la Chine à protéger les droits de propriété intellectuelle américains et les transferts forcés de technologie, les Etats-Unis ont des arrière-pensées. Le professeur Roach remarque que l’accusation américaine envers la Chine de voler des centaines de milliards de dollars de propriété intellectuelle chaque année est une méthode de calcul particulièrement erronée, tout comme le fait que des multinationales américaines avisées et sophistiquées transféreraient leurs technologies de base à leurs partenaires chinois. Ceci est une autre grande vérité.
L'année dernière, le Livre blanc du ministère chinois du Commerce sur les frictions économiques et commerciales et les positions de la Chine indiquait clairement que l'attitude de la Chine à l'égard de la protection de la propriété intellectuelle était claire et ferme, affirmant que le pays renforçait continuellement la protection aux niveaus législatif, répressif et judiciaire, et que cela avait donné des résultats remarquables. Les pays développés ont généralement mis des décennies, voire des centaines d’années dans l’élaboration de processus législatifs. De 2011 à 2017, les versements au titre de la propriété intellectuelle de la Chine aux Etats-Unis sont passés de 3,46 milliards de dollars à 7,2 milliards de dollars. Dans le même temps, la Chine a souligné à plusieurs reprises que la coopération sino-américaine dans le domaine de la technologie était un acte entièrement contractuel fondé sur des principes volontaires et que les deux parties devaient en retirer des avantages réels.
Cependant, l'équipe en charge des questions économiques de M. Trump a ignoré les efforts et les explications de la Chine, préférant dissimuler la vérité. Les transferts « forcés » des droits de propriété intellectuelle et de technologies ont été la principale excuse pour ouvrir l’enquête « section 301 » contre la Chine. « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » : le véritable objectif des Etats-Unis est de s'efforcer de maintenir leur hégémonie et leur supériorité technologique, et de faire en sorte que la Chine s’en tienne fermement au moyen-bas de gamme dans la chaîne industrielle et technologique mondiale.
Les Etats-Unis se sont emparés de la question des entreprises d’Etat et des politiques industrielles, posant de sérieux défis au modèle de développement et au système économique de la Chine. Le professeur Roach remarque que les Etats-Unis, le Japon et les autres pays développés occidentaux ont eux aussi des politiques nationales d'innovation. En février dernier, par exemple, M. Trump a annoncé le lancement de l’Initiative américaine pour l’intelligence artificielle. Les Etats-Unis peuvent continuer à innover sur le plan technologique, mais la Chine mènerait une politique industrielle faussée ? C’est un deux poids, deux mesures, dans la pure logique hégémonique américaine.
Les entreprises d’Etat font notamment partie des spécificités du modèle de développement économique aux caractéristiques chinoises. La Chine respecte le rôle important que joue le marché dans l’allocation des ressources, mais permet également aux entreprises d’Etat de jouer un rôle important dans le développement économique. La concentration des meilleures ressources du pays et la conquête de projets d'innovation stratégiques reflètent avec précision l'efficacité et la vitalité de l'économie de marché aux caractéristiques chinoises. En arrière-plan, c’est la supériorité du système économique et du modèle de développement de la Chine.
Mais ceci est insupportable pour l’administration Trump, qui demande à la Chine de procéder à des réformes structurelles économiques fondamentales. Le véritable objectif des Etats-Unis est d'obliger la Chine à modifier son modèle de développement économique, à affaiblir sa compétitivité économique, afin de maintenir ses propres avantages économiques et son hégémonie institutionnelle. L’essence de ce cycle de lutte fondamentale entre la Chine et les Etats-Unis réside dans la lutte entre des modes de développement et des systèmes économiques.
Inutile de dire que l’article de Stephen Roach ouvre à nouveau les yeux au monde. L’administration actuelle de M. Trump représente le plus grand risque pour le développement économique et commercial mondial. La Chine en est victime, mais elle n’est pas faible. La pression sur la Chine ne fera que renforcer sa détermination à poursuivre son avancée.
(Traduit d’un article en chinois écrit par Sun Lipeng, chercheur associé au département Etats-Unis de l’Institut des relations internationales contemporaines de Chine)
Source:french.china.org.cn |