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Sommet Chine-UE : les deux parties pourraient ne pas s’entendre sur une déclaration commune

French.china.org.cn | Mis à jour le 08. 04. 2019 | Mots clés : Sommet Chine-UE : les deux parties pourraient ne pas s’entendre sur une déclaration commune

L’accès au marché et la politique industrielle restent des points de désaccord

La Chine et l'Union européenne (UE) pourraient ne pas s'entendre sur une déclaration commune après le sommet de Bruxelles de la semaine prochaine, alors que l'UE estime que la Chine n’est plus un simple partenaire et le continent ne souhaitant pas qu'un accord avec la Chine vienne gêner ses positions vis-à-vis du prochain sommet du G20, ont affirmé des experts du secteur.

Le Premier ministre chinois Li Keqiang effectuera un voyage de cinq jours en Europe à partir de lundi, a annoncé le vice-ministre des Affaires étrangères, Wang Chao. Durant sa visite, M. Li participera au 21e sommet Chine-UE à Bruxelles.

Le sommet Chine-UE aura lieu mardi, selon les médias. Lors de son séjour à Bruxelles, M. Li tiendra également des entretiens avec les dirigeants européens Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, a fait savoir M. Wang.

Ce sommet sino-européen est largement considéré comme une occasion de haut niveau pour la Chine et l’Europe de répondre aux préoccupations exprimées et de consolider les relations bilatérales. Présenter une déclaration commune à la clôture du sommet pour officialiser la politique fixée est une convention diplomatique depuis la première édition du sommet en 1998.

Cependant, certains observateurs ont suggéré que le sommet de cette année ne produirait peut-être pas de déclaration commune, alors que la substance des relations Chine-UE est devenue « plus complexe sur le plan stratégique », ce qui pourrait entraîner une scission entre la Chine et l'UE sur certaines questions clés.

Le positionnement de l'UE sur la Chine est en train de changer. Avant le sommet, la Commission européenne a publié en mars un document politique décrivant la Chine comme « un partenaire de coopération […] ainsi qu’un rival systémique ».

Le document européen propose ainsi un plan en 10 points pour les relations futures avec la Chine, comprenant entre autres les questions du commerce, du climat, une approche commune de l'UE en matière de sécurité des réseaux 5G, et le filtrage des investissements directs étrangers.

Cui Hongjian, directeur des études européennes à l'Institut d'études internationales de Chine, a déclaré au Global Times que ces 10 points sont les sujets « que l'UE a mis en avant pour être discutés avec la Chine lors du sommet ».

En particulier, dans certains domaines tels que le commerce, le climat et la réforme de l'OMC, la Chine et l'UE pourraient devenir des partenaires économiques irremplaçables et trouver des perspectives de coopération plus larges, a indiqué Wang Yiwei, professeur titulaire de la chaire Jean Monnet à l'Université Renmin de Chine. La Chine et l'UE devraient accélérer les négociations pour un traité d'investissement bilatéral lors du sommet, a également avancé M. Wang.

Parallèlement, le bloc a exhorté la Chine à répondre à ses préoccupations concernant l'accès au marché et la politique industrielle. Mais la Chine ne fera pas de compromis sur ces questions et dispose de son propre calendrier en termes d’ouverture, ce qui est une autre raison pour laquelle l'UE hésite à s'accorder sur une déclaration commune, a fait savoir M. Cui.

Le South China Morning Post a également rapporté vendredi que les deux parties étaient en désaccord sur l'accès au marché chinois. Les subventions du gouvernement chinois aux industries sont un autre problème sur lequel les deux parties ne voient pas du même œil, a rapporté l'AFP.

Une approche pragmatique

Alors que certains médias se sont réjouis du fait qu'une déclaration commune représenterait une avancée dans la relation complexe Chine-Europe, des experts du secteur ont affirmé que l'absence de déclaration n'était « pas si grave ».

La date du sommet, qui se tient en parallèle des négociations commerciales sino-américaines actuelles et avant le sommet du G20 au Japon en juin, a laissé l'UE peu disposée à publier une déclaration qui clarifierait rapidement sa position.

« L'UE adopte une attitude “attentiste” pour voir si elle pourra “prendre sa part du gâteau” après les résultats des négociations commerciales. Elle craint également qu'une déclaration avec la Chine n'affaiblisse sa position sur des questions clés lors du prochain sommet du G20, tel que la réforme de l'OMC », a affirmé Wang Yiwei.

En réalité, ne pas avoir d’accord serait préférable à une déclaration superficielle et vide qui ne ferait que réaffirmer les positions des deux parties, a déclaré M. Cui. « Cela montre que les deux parties échangent des idées sur de vrais problèmes et sont assises pour résoudre leurs différends ». La Chine et l'UE n’ont également pas publié de déclaration commune en 2017 et 2016.

La direction des relations entre la Chine et l'UE ne sera pas influencée par une simple déclaration, en particulier à un moment où les incertitudes croissantes font trembler le monde, a ajouté M. Wang.

En 2018, le volume des échanges bilatéraux entre la Chine et l'UE a augmenté de 10,6% à 682,2 milliards de dollars, selon le ministère chinois du Commerce. L'UE est le premier partenaire commercial de la Chine depuis 15 années consécutives et la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial de l'UE.

« La Chine et l'UE sont comme un couple amoureux depuis longtemps mais hésitant sur le fait de se marier ou non… L'UE craint qu'une relation plus profonde ne lui fasse perdre son indépendance et qu’elle dépende trop de la Chine. Mais tant les discussions bilatérales écartent de telles préoccupations, elles pourront amener les relations à un niveau supérieur », a expliqué M. Cui.


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Source:french.china.org.cn