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La Chine dément avoir retardé l'entrée sur son marché de Mastercard et Visa

French.china.org.cn | Mis à jour le 15. 01. 2019 | Mots clés : Mastercard,Visa


Un accès élargi au marché ne signifie pas une absence de réglementation, soulignent des analystes

La banque centrale de Chine a fermement démenti lundi les reportages de certains médias l’accusant d’avoir empêché les sociétés américaines Mastercard et Visa de pénétrer sur le marché chinois, en affirmant qu’elle n’était jamais intervenue dans le processus.

Tandis que l’ouverture du marché chinois se poursuit, les sociétés étrangères doivent apprendre à suivre les procédures en vigueur lorsqu’elles déposent des demandes de permis et s'abstenir de rechercher des failles éventuelles ou monter en épingle des plaintes injustifiées. Cela ne ferait que nuire à leurs chances sur le marché, ont estimé des analystes.

Le Financial Times a affirmé lundi que la banque centrale chinoise avait refusé de traiter les demandes déposées par les sociétés de paiement américaines Mastercard et Visa en vue d'effectuer des opérations de paiement en yuans en Chine. Le journal présente cela comme un exemple d'utilisation par la Chine de « barrières informelles » visant à empêcher la concurrence étrangère malgré la promesse d'élargir l'accès à son marché.

La Banque populaire de Chine (PBOC) a nié lundi toute ingérence dans le processus.

« En ce qui concerne le processus de demande des différents acteurs pour accéder au marché, la PBOC s’en tient au principe du respect des choix commerciaux. Elle n’est jamais intervenue dans cette affaire ni demandé [à Mastercard et Visa] de former des coentreprises pour mener des activités en Chine », a déclaré un cadre de la banque centrale au Global Times.

Certains médias ont accusé la banque centrale d’avoir fait pression sur les deux sociétés pour qu'elles forment des coentreprises avec des partenaires chinois pour accéder au marché.

Le cadre, dont l'identité n'a pas été révélée par le Global Times, a ajouté que « la PBOC a toujours activement encouragé l'ouverture du marché des cartes bancaires ».

Ces dernières années, la Chine a décidé d'ouvrir son immense marché de paiement aux sociétés étrangères, permettant ainsi à des sociétés à capitaux entièrement étrangers de demander des licences d’exploitation commerciale. En novembre 2018, la PBOC a donné son accord initial à la joint-venture d’American Express en Chine en vue de la mise en place d’un réseau de règlement par carte.

Mastercard et Visa ont également déposé des demandes, mais elles n'ont pas encore reçu l'approbation de la banque centrale. L’article du Financial Times affirme que la PBOC a même refusé d’accuser réception des demandes.

« C'est une drôle de version de la conformité avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce. Oui, la Chine dispose d’une procédure régulière pour traiter les demandes une fois qu'elles sont acceptées, mais personne n'avait pensé qu'il serait possible de ne pas recevoir les demandes », a déclaré une source citée par le FT, en référence à une décision de l'OMC en 2012 selon laquelle la Chine agissait de manière discriminatoire à l’encontre des sociétés de paiement étrangères.

Cela présente une explication déroutante, car la source parle d'acceptation et l’article du FT affirme que la Chine refuse de traiter les demandes. Selon la procédure annoncée par la PBOC, l'acceptation de la demande et l'accusé de réception formel, ou la notification de traitement du dossier, sont deux étapes différentes.

Le fait de ne pas accepter une demande est en effet possible, si la PBOC détermine qu'il manque des informations ou que les documents ne sont pas conformes aux formulaires requis. La procédure stipule que la banque centrale prend alors une décision dans les 90 jours suivant la notification. La procédure ne donne pas de délai relatif au processus d'acceptation.

« On dirait ici que des sociétés essaient de modifier les procédures et réglementations en vigueur en Chine », s’est étonné Li Daxiao, économiste en chef chez Yingda Securities, une société siégeant à Shenzhen. « De si grandes entreprises devraient savoir mieux que quiconque qu’il faudra suivre les procédures adéquates et que l’engagement pris par la Chine sur l’ouverture de son marché ne signifie pas une absence de réglementation. »

Plutôt que de se plaindre du processus en vigueur et d'utiliser les médias pour tenter de discréditer les efforts faits par la Chine pour ouvrir son marché intérieur, Mastercard et Visa devraient « se concentrer sur leur communication avec la PBOC en utilisant les canaux appropriés pour trouver une solution », selon lui.

Mastercard a confirmé lundi au Global Times que sa demande n'avait pas encore été traitée, mais a refusé de faire tout autre commentaire. Visa n'a pas répondu aux demandes de commentaires.

« Je ne comprends pas pourquoi cela fait tant de bruit. Même si Mastercard et Visa n'obtenaient pas l'approbation finale, il serait injuste de laisser entendre que la Chine a mis fin à l’ouverture prévue de son marché », a déclaré Dong Dengxin, directeur de l'Institut des finances et des valeurs mobilières à l'Université des sciences et technologies de Wuhan. « Il s’agit seulement de deux entreprises. Et n'oublions pas que leurs dossiers n'ont pas été rejetés. »

M. Dong a déclaré que, comme tout autre pays, y compris les États-Unis où les investissements chinois sont soumis à de stricts contrôles de sécurité nationale qui ne sont pas transparents, la Chine doit appliquer les procédures et réglementations nécessaires pour assurer la stabilité de son marché et l'équité pour toutes les entreprises. « Par rapport à ce que les entreprises chinoises subissent aux États-Unis, les entreprises étrangères devraient se sentir chanceuses en Chine », a-t-il estimé.

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Source:french.china.org.cn