La logistique européenne bénéficie du conflit commercial sino-américain

Les entreprises européennes de logistique se sont révélées être les grandes bénéficiaires de la guerre commerciale actuelle entre la Chine et les Etats-Unis. Elles ont d’ores et déjà commencé à percevoir les bénéfices de la hausse des expéditions de fret entre la Chine et l’Europe, dans un contexte de développement du commerce bilatéral.

Avec les droits de douane découlant du différend commercial sino-américain, qui devraient peser sur le commerce entre la Chine et les Etats-Unis, les exportateurs chinois diversifient activement leurs marchés à l’étranger. Les importateurs recherchent également des produits de l’Union européenne (UE) pour remplacer ceux des Etats-Unis, offrant ainsi de grandes opportunités pour les entreprises de l’UE, estiment les dirigeants d’entreprises européennes et des analystes chinois. 

« La guerre commerciale bat son plein et nous avons un grand nombre de nos clients - mais aussi de nouveaux clients - qui réduisent leur focalisation sur le marché américain pour faire davantage sur le marché européen », expliquait lundi Bram Jan Streefland, le PDG de l’entreprise néerlandaise de services logistiques ViaEurope, au journal Global Times. 

Selon lui, le marché américain « est en train de devenir trop difficile », mais le marché de l’UE, avec une population d’environ 740 millions de consommateurs - ce qui est plus grand que les Etats-Unis - et une fiscalité attractive, représente une opportunité considérable pour les exportateurs chinois cherchant à se développer dans d’autres marchés à l’étranger pour être moins dépendants des Etats-Unis. 

Cette transition dans les marchés d’exportations a bénéficié aux entreprises logistiques aux Pays-Bas, un pays réputé pour son avantage géographique en tant que porte d’entrée sur le marché européen et pour les aspects pratiques de son réseau logistique. 

La start-up ViaEurope, qui a été créée il y a trois ans et dont les activités avec la Chine représentent 99 % de son total, devrait voir son chiffre d’affaires passer de 3 millions d’euros l’année dernière à 20 millions d’euros cette année, après un essor rapide des commandes de clients chinois, souligne M. Streefland.

Un autre fournisseur logistique néerlandais, Fulfilment Solutions (FS), récolte aussi les bénéfices de l’augmentation des expéditions de la Chine vers l’UE.

« Le conflit commercial sino-américain est un évènement important cette année, au cours duquel notre activité avec la Chine s’est développée. La reprise de l’économie de l’UE, ou la croissance du pouvoir d’achat, est un moteur supplémentaire de cette tendance », note Zhang Xuyang, un employé du Département de développement des activités avec la Chine pour l’entreprise FS. Sans préciser les chiffres exacts, M. Zhang indique qu’environ 90 % des colis expédiés par la société FS contiennent des produits fabriqués en Chine.

Les transporteurs aériens se préparent également à une connectivité commerciale rapprochée avec l’UE dans un futur proche. 

Ferry Van Der Ent, le directeur du développement des activités de fret à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, explique que les autorités de l’aéroport sont en train « d’optimiser la capacité de fret aérien pour gérer plus d’importations et d’exportations avec la Chine ».

« Nous sommes actuellement en cours de négociations et je suis confiant sur l’augmentation de nos vols d’ici 2020 », affirme-t-il.

Les expéditions par le biais du service de fret ferroviaire sino-européen a également augmenté au cours de ces derniers mois. « Il y a actuellement de nombreux produits agricoles, comme le lait en poudre, à destination de la Chine depuis l’Europe... il existe quatre à cinq entreprises logistiques néerlandaises, qui utilisent ce train hebdomadaire, mais cela commence tout juste et, petit à petit, il devrait y avoir plus d’activités [entre la Chine et l’Europe] », souligne Remco Buurman, le PDG du Holland International Distribution Council (HIDC). 

Avec une croissance stable du commerce sino-européen, le nombre de trains de fret entre la Chine et l’Europe a augmenté au cours de ces dernières années. A la fin du mois d’août, plus de 10 000 trains de fret avaient fait le voyage, rapporte le journal Economic Daily. Ces trains relient 48 villes chinoises avec 43 villes européennes dans 14 pays.

« Le commerce sino-européen a enregistré une croissance stable au cours de ces dernières années. Evidemment, c’est une bonne chose pour les entreprises européennes », explique Feng Zhongping, le directeur des Etudes européennes de l’Institut des relations internationales contemporaines de Chine.

Selon lui, même s’il n’existe pas de liens directs entre la guerre commerciale sino-européenne et la hausse du volume commercial sino-européen, « on peut raisonnablement penser que de nombreuses entreprises chinoises cherchent à remplacer les produits américains pour éviter les droits de douane ».

« Plus directement, la promesse de la Chine de développer les importations devrait définitivement stimuler le commerce sino-européen et apporter plus d’opportunités pour les entreprises d’ici », note-t-il.