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En mai 2017, le président chinois Xi Jinping avait annoncé, lors du Forum de « La Ceinture et la Route » pour la coopération internationale, que la Chine organiserait la Foire internationale des importations de Chine (China International Import Expo, ou CIIE) à partir de 2018. A quelques jours du coup d’envoi de cet événement de portée mondiale, et dans un contexte de tensions commerciales sino-américaines accrues, la Chine a choisi le moment opportun pour réaffirmer son attachement au libre-échange et au multilatéralisme et pour montrer à la communauté internationale que, dans un climat d’incertitude généralisée, elle peut être un foyer de stabilité et de croissance pour l’économie mondiale.
La CIIE, qui se déroulera du 5 au 10 novembre à Shanghai, est une initiative de premier plan du gouvernement chinois dans la nouvelle phase d’ouverture accrue de son marché domestique. L’économie chinoise a en effet franchi un nouveau stade, passant d’une croissance rapide donnant la priorité aux exportations et à la production manufacturière à un développement qualitatif tourné vers la consommation et les services. La demande du marché chinois en produits et services de haute qualité est de plus en plus forte. La CIIE sera une plateforme ouverte pour la coopération internationale grâce à laquelle tous les pays pourront faire valoir leurs avantages compétitifs dans tous les secteurs, mais aussi profiter des opportunités de coopération et de partenariat pour pénétrer le marché chinois. La tenue d’un tel événement contribue non seulement à satisfaire la demande des Chinois pour une vie meilleure, mais encourage également tous les pays à développer les échanges et à ouvrir les marchés, à faire progresser la mondialisation économique et à favoriser l’émergence d’une économie mondiale ouverte afin de créer une communauté de destin pour l'humanité.
« La CIIE montre l'évolution de la stratégie commerciale de la Chine ainsi que sa détermination à assumer ses responsabilités en tant que grande puissance et à réaliser des avantages mutuels et une coopération gagnant-gagnant avec toutes les nations », a déclaré Zhao Beiwen, directeur adjoint de l’Institut d'économie mondiale relevant de l'Académie des sciences sociales de Shanghai.
Or, à quelques jours du coup d’envoi de cette grande foire, on constate que les médias occidentaux en ignorent encore totalement les enjeux. Une recherche sur la base de données Factiva, un agrégateur de contenus, montre qu’au cours des trois derniers mois, la presse occidentale n’aura que rarement évoquée la CIIE, un désintérêt qui s’explique sans doute par le contexte de guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine et qui monopolise les grands titres des médias.
Si la presse internationale n’a sans doute pas encore réalisé l’importance de cet événement, les chiffres parlent d’eux-mêmes pour en souligner le caractère exceptionnel : ce seront au total 2800 entreprises venant de tous les pays membres du G20, ainsi que de 50 pays et régions situés le long de l’initiative de « La Ceinture et la Route », qui y participeront. Quarante-trois pays africains ont par ailleurs confirmé leur présence et près de 190 entreprises africaines feront la promotion de produits locaux, selon les organisateurs. De plus, 30 des 44 pays les moins avancés du monde seront aussi présents.
Au-delà des chiffres, la Chine fait preuve de cohérence et respecte ses engagements. Une cohérence tout d’abord avec le discours du président Xi Jinping à l’Assemblée générale des Nations-Unies à New York le 28 septembre 2015, dans lequel il s’est félicité du « mouvement irrésistible vers un monde multipolaire » et a appelé à « une coopération gagnant-gagnant » et une « communauté de destin pour l’humanité », mais aussi avec son discours historique prononcé à la tribune du Forum de Davos en Suisse le 17 janvier 2017, où il s’était fait le chantre de la mondialisation et du libre-échange. Cohérence également avec l’initiative de « La Ceinture et la Route » proposée par la Chine en 2013 et qui connaît un essor considérable, ainsi qu’avec les objectifs fixés dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) en décembre 2015 et plus récemment en septembre 2018.
A cette cohérence s’ajoute le respect de ses engagements. La Chine est en effet entrée dans les « eaux profondes » de sa politique de réforme et d’ouverture, entrant ainsi dans une nouvelle ère où de bénéficiaire de la mondialisation, c’est désormais de plus en plus en tant que contributeur que Beijing entend se positionner. Une fois de plus, c’est dans les faits que cette volonté est la plus évidente, avec l’ouverture et la facilitation de l’accès au marché chinois pour les entreprises étrangères dans un nombre croissant de secteurs d’activité, et une libéralisation accrue des échanges. Ce sont des preuves sur lesquelles les analystes et commentateurs étrangers restent étonnamment discrets pour se concentrer principalement sur la seule guerre commerciale que mènent les Etats-Unis à l’encontre de la Chine.
« Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Conformément à cet aphorisme attribué au philosophe chinois Laozi, on peut ainsi avancer que la focalisation sur cette guerre commerciale occulte les véritables enjeux auxquels la CIIE veut répondre : encourager l’ouverture et la libéralisation des marchés, le développement durable, le multilatéralisme inclusif, la globalisation équitable et la coopération gagnant-gagnant. Comme l’expliquait d’ailleurs Li Yong, chercheur à l'Association chinoise du commerce international, au journal Global Times : « Le message, c’est que, quelles que soient les conséquences de la guerre commerciale, la Chine continuera sur la voie des réformes et de l’ouverture avec un accès plus large au marché pour les investisseurs étrangers ».
Un message qui résonnera haut et fort à Shanghai en novembre et qui se fera entendre dans le monde entier.
Par Jacques Fourrier, journaliste et commentateur français basé à Beijing
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