Le conflit sur les droits de douane entrave le Sommet des finances du G20

Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales du G20 ont exprimé leurs inquiétudes sur le risque que les frictions commerciales déclenchées par les politiques protectionnistes des États-Unis entraînent un ralentissement de l'économie mondiale.

Lors de leur réunion qui s'est tenue ce week-end à Buenos Aires, capitale de l'Argentine, la plupart des délégués ont estimé que les nouveaux droits de douane allaient à l'encontre du principe central des économies développées et émergentes actuelles, qui affirme que les mesures protectionnistes ne font qu'inhiber le commerce et la croissance.

Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a déclaré qu'une guerre commerciale mondiale ne ferait que des « perdants », après que le président américain Donald Trump a unilatéralement imposé des surtaxes sur les importations d’acier et d’aluminium. Cette décision a provoqué une forte opposition du monde des affaires américain, ainsi que des mesures de rétorsion des partenaires commerciaux des États-Unis.

« Cette guerre commerciale ne fera que des perdants, elle détruira des emplois et pèsera sur la croissance mondiale », a déclaré Bruno Le Maire. « Nous appelons les États-Unis à la raison, au respect des règles multilatérales et au respect de leurs alliés. »

Avant le début de la réunion, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait assuré aux journalistes que Washington répondrait aux inquiétudes suscitées par sa politique commerciale, et qu'il renouvellerait l’appel de Donald Trump aux membres du G7 d’abandonner les barrières commerciales. L'Union européenne devrait respecter « un commerce libre, juste et réciproque », a-t-il ajouté.

« Nous refusons de négocier avec un pistolet sur la tempe. C’est aux États-Unis de faire un pas pour enclencher une désescalade, et arranger tout ça », a répondu Bruno Le Maire à l’AFP.

Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, a déclaré lors de la réunion que l'augmentation des restrictions commerciales constituait la plus grande menace à court terme pour l'économie mondiale.

Mme Lagarde a déclaré qu’un rapport du FMI prévoit que « dans le pire des cas, les mesures commerciales actuelles pourraient avoir un impact à hauteur de 0,5 point de baisse du PIB mondial » en 2020, soit environ 430 milliards de dollars.

Son avertissement est intervenu peu de temps après l’affirmation de Steven Mnuchin à Buenos Aires qu'il n'y avait pas encore d'effet « macro » sur la plus grande économie du monde.

Le dernier Sommet des finances du G20, qui s'est tenu à Buenos Aires à la fin du mois de mars, s'est achevé sans accord des ministres en matière de politique commerciale, à l'exception d'un engagement à « poursuivre le dialogue ».

Le ministre allemand Olaf Scholz a dit qu’il ne s’attendait pas « à ce que des progrès tangibles soient réalisés lors de cette réunion », et a fait part de ses préoccupations au sujet de l'escalade des conflits commerciaux.

Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a déclaré qu'il espérait que le débat du G20 conduirait à un assouplissement des mesures de rétorsion, car « le protectionnisme commercial ne profite à personne ».