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Interview exclusive de l’entrepreneur chinois Wang Hu en Egypte
« Les jeunes doivent redoubler d’efforts au lieu de rivaliser aveuglément avec autrui. Les étudiants à l’étranger, plus particulièrement, doivent en plus savoir résister à la solitude et à la tentation, bien ménager leur temps pour acquérir des connaissances, être prêts à se dévouer pour se forger un avenir et à faire preuve de reconnaissance dans tout ce qu’ils font... ». Voici les conseils donnés à des étudiants chinois par le célèbre entrepreneur Wang Hu, alors qu’il assistait à la conférence de la Fédération des étudiants et des savants chinois en Egypte.
En 1995, le Bureau des affaires religieuses du Conseil des affaires d’Etat et l’Association islamique de Chine ont envoyé des étudiants brillants poursuivre leurs études à l'Université Al-Azhar, au Caire, dont Wang Hu. Aujourd’hui, Wang Hu est devenu un leader des entrepreneurs chinois en Egypte. La Société Luojia, qu’il a inscrite en Egypte, gère des activités dans la production sidérurgique, la transformation de pierres, l’extraction minière et l’import-export, couvrant presque tous les domaines de la production et de la distribution en Egypte et embauchant plus de 1000 Egyptiens et 200 Chinois.
Il importe de faire preuve d’audace tout en prenant des mesures préventives
« Le plus important dans toute activité, notamment le commerce, est de planifier à l’avance et d’avoir le courage de faire des essais tout en rompant avec les succès obtenus », affirme Wang Hu. En 2000, grâce à une société commerciale du Zhejiang, Wang Hu a appris que l’Egypte possédait de riches ressources minérales mais que l’industrie de la pierre égyptienne, en dépit de sa longue histoire, utilisait encore des moyens de production relativement anciens. Quand il a remarqué le marché potentiel des lames de scie en diamant en Egypte, il en a importé de Chine et les a toutes vendues. En un an, Wang Hu a monopolisé le marché, remportant ainsi sa première victoire sur le marché égyptien.
Ayant obtenu des informations préliminaires sur le marché égyptien de la pierre, Wang Hu s’est lancé dans la transformation de pierres et a installé une usine en Egypte. Il a introduit de la technologie et des équipements avancés de Chine et fait venir des ouvriers qualifiés chinois dans le pays pour former les travailleurs locaux, renouveler les vieux équipements de production, et introduire davantage d’entreprises chinoises en Egypte pour se développer dans ce pays. A l’heure actuelle, les Chinois représentent plus de 60% de l’industrie de la pierre égyptienne, ce qui est dû en grande partie à Wang Hu, qui a joué un rôle de leader dans ce secteur.
Wang Hu reconnaît qu’il n’aime pas la routine. Après avoir obtenu ses premiers succès dans l’industrie de la pierre, il a commencé à conquérir d’autres secteurs et a finalement décidé de viser la production sidérurgique. « A cause de la pénurie d’énergie électrique, le gouvernement égyptien a toujours limité le développement des aciéries en raison de leur forte consommation d’énergie, de leur faible efficacité et de leur forte pollution. Par conséquent, ouvrir une aciérie en Egypte est assez difficile puisqu’il faut 200 millions de livres égyptiennes (environ 74 millions de yuans, soit 9,5 millions d’euros) pour demander un permis d’ouverture d’usine ». Au lieu de reculer devant les difficultés, Wang Hu a réussi à convaincre le gouvernement égyptien, après des préparatifs minutieux et des négociations difficiles, de luidélivrer un permis spécial pour monter une aciérie en justifiant son intention de créer des emplois pour la société égyptienne et de résoudre le problème de la capacité de production insuffisante. « C’est à partir de ce moment-là que nous nous sommes vraiment lancés dans la production de l’acier en Egypte. Il n’y a en Egypte que 10 entreprises ayant obtenu un permis d’aciérie. Notre société se classe à la quatrième place en termes d’ampleur de production et s’efforce d’entrer dans le Top 3 dans les meilleurs délais », explique Wang Hu.
Ces deux dernières années, Wang Hu a réajusté l’orientation de son entreprise en fonction de la demande du marché égyptien, créant progressivement pour son entreprise une structure axée sur la production de l’acier, la transformation de pierres, le commerce d’exportation et l’exploitation minière. Désormais, il travaille à répondre aux besoins du marché égyptien et à approfondir la coopération économique et commerciale entre les deux pays.
Le développement de l’entreprise bénéficie d’une solide amitié sino-égyptienne et du vaste marché égyptien.
En évoquant ses 20 années d’activités commerciales en Egypte, Wang Hu a ressenti beaucoup d’émotions : « En plus de nos propres efforts, le développement de notre entreprise est indissociable des larges perspectives du marché égyptien et des liens d’amitié entre la Chine et l’Egypte. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a effectué deux visites en Chine en décembre 2014 et en septembre 2015, et le président chinois Xi Jinping s’est rendu en Egypte en janvier 2016. L’échange de visites de haut niveau entre la Chine et l’Egypte a renforcé la communication entre les deux gouvernements et a favorisé les échanges économiques et commerciaux ainsi que les échanges entre les peuples des deux pays ».
Lors de la visite du président Sissi en Chine en 2014, tout était à reconstruire en Egypte et toutes les opportunités d’investissement étaient réelles : « La porte de mon bureau est toujours ouverte aux entreprises chinoises », a déclaré Wang Hu, qui estime que l’Egypte se trouve dans une période de développement rapide. Le président Sissi a proposé une série de projets émergents, tels que la nouvelle capitale administrative, la nouvelle ville d’El Galala, et plusieurs centrales électriques ainsi que des routes urbaines. « C'est une opportunité historique bien prometteuse pour nous ».
La contribution de la politique de réforme et d’ouverture et de l’initiative de « La Ceinture et la Route »
L’année 2018 marque le 40e anniversaire de la mise en œuvre en Chine de la réforme et de l’ouverture. « La réforme et l’ouverture ont apporté des changements considérables dans les domaines économique et social de la Chine et dans ses échanges internationaux. Notre génération a une grande chance de vivre dans une période de réforme et d’ouverture. C’est grâce à cela que nous connaissons des opportunités de développement, de vastes plateformes de développement et une large vision internationale qui sont sans précédent ».
Evoquant sa première arrivée en Egypte en 1995, Wang Hu a indiqué : « Je remarquais que presque toutes les valises étaient fabriquées en Chine. La réforme et l’ouverture ont favorisé l’exportation d’un nombre croissant de marchandises chinoises en Egypte et ont attiré l’arrivée d’un grand nombre d’Egyptiens qui font des achats en Chine. J’ai été témoin de l’introduction de nombreux produits chinois en Egypte. Sans la réforme et l’ouverture, il n’y aurait pas eu la grande circulation actuelle de marchandises chinoises en Egypte, voire dans d’autres pays africains ».
Aujourd’hui, certaines entreprises publiques chinoises sont installées en Egypte avec des équipements de pointe et des techniciens compétents. Selon Wang Hu, « C’est une bonne occasion pour nous d’apprendre et de nous perfectionner. Notre participation à la construction économique de l’Egypte avec ces grandes entreprises a également contribué à notre croissance rapide ».
Après toutes ces années de développement au prix d’un travail assidu en Egypte, Wang Hu a une réflexion approfondie sur la prochaine étape de développement de son entreprise. En 2013, le président Xi Jinping a avancé l’initiative de « La Ceinture et la Route »; en 2014, le président Sissi a fait savoir que l’initiative offrait une occasion majeure au renouveau de l’Egypte et que l’Egypte était prête à y participer. Wang Hu estime que l’orientation du développement futur dépendra des secteurs mutuellement complémentaires des deux pays. Il a exprimé sa volonté de travailler en profondeur à la formation du marché égyptien et de contribuer au développement économique ainsi qu’à l’amitié entre la Chine et l’Egypte.
Yang Shaomin, journaliste pour China.org.cn
Source:french.china.org.cn |