Les participants au Forum asiatique de Bo’ao voient la Chine réaliser des « progrès significatifs »

Un robot industriel présenté sur le stand de l’entreprise Gree au Sommet mondial de la production intelligente, qui s’est déroulé du 6 au 8 décembre 2017 à Nanjing, dans la province orientale chinoise de Jiangsu. [Crédit photo: VCG]

Gree Electric Appliances, un constructeur chinois de premier rang, reste confiant dans la capacité de la Chine à « rattraper ses rivaux occidentaux et remporter la compétition mondiale » dans le secteur de la haute-technologie, malgré les récentes mesures du président américain Donald Trump ciblant les produits technologiques.

« Certains fabricants chinois sont inquiets de l’impact des droits de douane, mais je pense que les effets ne seront que sur le court terme, car la Chine est en train de passer d’une grande industrie à une industrie forte », a déclaré dimanche Dong Mingzhu, la PDG de l’entreprise Gree Electric Appliances, en marge du Forum asiatique de Bo’Ao 2018 (FAB).

« Nous devons avoir confiance [dans notre capacité à] faire face aux menaces de Trump et à apporter les produits fabriqués en Chine au reste du monde. Nous ne ferons jamais de compromis », a-t-elle ajouté.

Dong Mingzhu note qu’au cours des cinq dernières années, elle a vu les entreprises chinoises réaliser des « progrès significatifs ». Désormais, certaines usines avancées ont même surpassé leurs rivales occidentales en matière de caractéristiques clés des produits, comme l’efficacité énergétique et la qualité.

Dong Mingzhu donne l’exemple des climatiseurs Gree installés au Palais de l’Assemblée du Peuple qui, selon elle, permettent d’économiser 37 % d’électricité comparés à « certaines grandes marques internationales » et sont garantis huit ans.

Dimanche dernier, Florence Verzelen, la Directrice générale adjointe de Marcel Dassault, a également déclaré en marge du FAB que les entreprises chinoises d’Etat modernisaient leurs lignes de production: « Par le passé, les entreprises d’Etat utilisaient des outils logiciels, mais ils adoptent désormais une approche plus systématique, comme la mise en œuvre de tâches multiples sur plateformes pour améliorer l’efficacité... elles passent [d’une approche] point par point à une approche plateforme par plateforme. »

Florence Verzelen note également que la société européenne s’intéresse aujourd’hui davantage aux produits de haute technologie fabriqués en Chine. Par exemple, le fabricant en télécommunications Huawei fut l’un des stands les plus populaires et les plus fréquentés lors du Mobile World Congress à Barcelone.

Rudolf Staudigl, le PDG de Wacker Chemie, a également fait l’éloge des fabricants chinois pour la façon dont ceux-ci ont rattrapé leur retard avec leurs concurrents européens dans les produits électroniques et l’intelligence artificielle.

Une question d’opinion

Concernant la liste américaine des droits de douane, Dong Mingzhu estime qu’il s’agit seulement d’un autre exemple de l’iniquité avec laquelle la Chine a été traitée au cours de ces dernières années: « C’est la même chose que ce que l’Occident a dit sur l’initiative des nouvelles Routes de la soie. Ils ont prétendu que celle-ci n’était qu’un outil pour exporter les capacités obsolètes de la Chine. »

Les spécialistes de l’industrie estiment que les droits de douane montrent la peur qu’ont les Etats-Unis de la Chine et de son savoir-faire technologique grandissant. Selon les rapports des médias, il s’agit d’une peur partagée par certaines figures politiques européennes, mais des dirigeants de grandes entreprises européennes ont exprimé des opinions différentes.

« Nous n’avons pas peur des entreprises chinoises qui acquièrent un savoir-faire technologique par les entreprises européennes, car la technologie est un processus de développement. Nous accueillons l’investissement chinois, tant que nous jouons sur un terrain équitable », a fait savoir Rudolf Staudigl.

Selon lui, la concurrence permet de réduire les coûts et stimule l’innovation.

La grande différence

« L’obstacle le plus important pour la Chine est désormais de développer la technologie, car la technologie ne devrait pas être copiée. Les entreprises chinoises doivent développer une technologie qui leur est propre », note le PDG de Wacker Chemie.

Dong Mingzhu souligne le fait que dans le secteur de la machine-outil, une part essentielle de la production de haute technologie, certaines « compétences clés de la technologie de haut niveau et de haute précision » sont toujours aux mains d’entreprises étrangères.

Il y a une grande différence entre les entreprises chinoises et européennes, qui pourrait limiter la compétitivité des entreprises chinoises dans la technologie de production spécialisée avancée, note Rudolf Staudigl: « L’Allemagne abrite de nombreuses petites et moyennes entreprises, qui apportent une technologie spécialisée aux constructeurs automobiles comme BMW et Mercedez. »

Selon lui, les PME permettraient de renforcer grandement la compétitivité internationale des entreprises chinoises.