La Chine rend coup pour coup aux États-Unis pour protéger ses intérêts

Neuf heures après que les États-Unis aient publié une proposition de liste d'importations chinoises d'une valeur d'environ 50 milliards de dollars par an visées par des augmentations de droits, la Chine a annoncé une liste de produits américains totalisant la même valeur qui fera l'objet de hausses de droits équivalentes, respectant sa promesse de répondre avec « des mesures de même force et de même portée ».

Contrairement à d'autres partenaires commerciaux des États-Unis qui ont cédé face à l'augmentation des droits édictée par l'administration Trump sur les produits en acier et en aluminium, Beijing, comme elle l'a dit à maintes reprises, est prête à se battre contre Washington et à rendre coup pour coup en matière de commerce si, aux États-Unis, des aventuriers persistent obstinément dans leur petit jeu protectionniste.

L'enquête au titre de la Section 301, sur laquelle se fonde la dernière liste, est en effet une sorte de bâton que Washington utilise souvent pour intimider ses partenaires commerciaux afin qu'ils acceptent ses demandes. Cependant, l'administration Trump devrait comprendre que ce genre de stratagème ne marchera pas avec la Chine ; la Chine est un pays qui ne cédera à aucune pression extérieure visant à compromettre ses intérêts.

Bien que les deux parties aient fait monter les enchères cette fois-ci, Washington ciblant les machines, les technologies de l'information et les produits de communication, et Beijing frappant les avions, les autos et le soja en réponse, les deux plus grandes économies du monde ne sont pour autant pas encore engagées dans une guerre commerciale à part entière. La Chine adhère aux règles en renvoyant l'action des États-Unis devant l'OMC pour un règlement du différend, et ses contre-mesures, bien qu'elle n'ait pas eu d'autre choix que de les prendre, sont restées limitées et réciproques.

En effet, Beijing n'a jamais cessé d'envoyer un message : s'il devait y avoir une guerre commerciale, il n'y aura pas de gagnants, mais en revanche il y aura beaucoup de dommages collatéraux.

Elle est prête à discuter, prête à trouver un équilibre mutuellement acceptable dans le commerce bilatéral. Mais Washington ne doit pas confondre cela avec de la faiblesse. Beijing continuera à répondre sur le plan commercial si elle est contrainte à le faire.

Aux États-Unis même, l'administration Trump a fait la sourde oreille aux plaintes qui ont émergé au sujet de sa stratégie commerciale, notamment dans le milieu des affaires. Bientôt, les agriculteurs, les éleveurs et d'autres travailleurs américains vont ajouter leurs voix au chœur de critiques dirigé contre lui.

Alors que le président Donald Trump pense peut-être davantage à son soutien de base et aux élections de mi-mandat de novembre plutôt qu'aux relations bilatérales, Beijing continue elle de garder à l'esprit le long terme et une perspective plus large.

Le déficit des échanges commerciaux entre la Chine et les États-Unis résulte principalement du faible taux d'épargne de ceux-ci, du rôle du dollar américain en tant que monnaie internationale, des politiques intérieures qui ne soutiennent pas le secteur manufacturier et de l'interdiction à long terme des exportations de technologies de pointe vers la Chine. Il a également été exagéré par la façon obsolète des États-Unis de calculer le commerce avec la Chine.

La nature complémentaire des deux économies et les avantages comparatifs de la Chine et des États-Unis constituent la base du commerce bilatéral, sinon du réajustement de la balance commerciale.

Et puisque le commerce est la base de ses décisions, pas la cible, en tant qu'homme d'affaires avisé, Donald Trump sait sûrement qu'il est temps de parvenir à un accord.