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Les Etats-Unis craignent une prochaine suprématie technologique chinoise, selon The Economist

French.china.org.cn | Mis à jour le 23. 03. 2018 | Mots clés : suprématie technologique,Donald Trump,The Economist

La couverture de The Economist

Préoccupé par « la menace technologique chinoise », le président américain Donald Trump a décidé de bloquer la semaine dernière l'acquisition de Qualcomm par Broadcom. Le magazine The Economist a choisi pour sa couverture le 17 mars un reportage intitulé « La bataille de la suprématie technologique ». Le magazine britannique souligne que l’écart technologique entre la Chine et les Etats-Unis se réduit de plus en plus. La Chine dépasse déjà les Etats-Unis dans certains domaines, et l'article cite « l’affaire de l'acquisition » comme exemple et émet un avertissement à l’attention de Donald Trump : il n’est plus l’heure de réagir au quart de tour, il faut considérer la situation globale.

Le magazine souligne que le delta de la rivière des Perles est aujourd’hui bien loin du lieu où l’on ne faisait qu’autrefois qu’assembler des téléphones mobiles. D'un côté, Facebook en pleine tourmente; de l'autre, les géants Alibaba et Tencent, dont la valeur marchande dépasse 1000 milliards de dollars à eux deux. Cela les intègre au club des six groupes les plus influents dans le domaine de la technologie.

L'expansion des entreprises chinoises à l'étranger suscite également une grande attention. La société de terminaux de la communication mobile, Transsion Holdings, a dépassé Samsung en Corée du Sud en 2017 et détient une part du marché mondial de 40 %, en étant présente sur l'ensemble du marché africain. Paytem, l'entreprise qui sert de partie tierce aux paiements d’e-commerce en Inde, est soutenue financièrement par Alibaba. L'année dernière, un investissement de Tencent a permis au géant indonésien des réservations de voyage en ligne Go-Jek d'obtenir un financement de 1,2 milliard de dollars. The Economist estime que ce fort modèle de concurrence a contribué à réduire l'écart entre la Chine et les Etats-Unis.

La Chine est devenue l'un des pays qui comptent le plus de chercheurs en intelligence artificielle. 4,6 millions de diplômés viennent d'y obtenir leur diplôme en sciences et en ingénierie. Les Etats-Unis, dont la population représente le quart de la Chine, n’ont qu'un huitième de ce nombre de diplômés.

En outre, la Chine compte 800 millions d’internautes. En termes d'intelligence artificielle et de grandes données, la Chine a tout simplement accès à une caverne aux trésors de données. Le développement « explosif » de l’informatique en nuage en Chine au cours des dernières années en est également le résultat. Selon la société chinoise QuestMobile, la Chine possède trois fois plus de terminaux que les Etats-Unis.

Dans le classement des 500 meilleurs supercalculateurs au monde, la Chine occupait 202 places (35,4 % du total), se classant au deuxième rang mondial, tandis que les 143 supercalculateurs des Etats-Unis ne représentaient que 29,6 % du total, ce qui ne leur permettait même pas d’atteindre le podium. En outre, bien que de nombreux supercalculateurs chinois utilisent des jeux de puces fabriqués aux Etats-Unis, le pays compte aussi des machines entièrement développées par ses scientifiques, comme le Sunway TaihuLight, le supercalculateur plus rapide au monde. The Economist souligne que la Chine n’est pas seulement forte sur le plan technique, elle fait aussi preuve d’une grande détermination.

L'article estime que l'avantage de la Chine réside dans ses capacités de gestion. Le gouvernement chinois a soutenu avec « des mains invisibles » le développement vertical rapide de la science et de la technologie. Depuis le premier appel officiel à l’innovation en 2014, le pays a vu son nombre d'incubateurs d'entreprises passer de 1400 à 8000. A l’inverse, les dépenses des Etats-Unis en recherche et développement en 2015 ne représentaient que 0,6 % des dépenses publiques, soit un tiers de la part du budget qui y était consacré en 1964. Le budget de l’administration Trump pour l’année 2019 prévoit une réduction de 42,3 % des dépenses discrétionnaires hors défense d’ici 2028, ce qui signifie que le financement de la recherche scientifique va être coupé à la source.

La responsabilité du développement technologique a été confiée à des entreprises privées. Ces dernières années, le gouvernement américain a bloqué plusieurs fusions et acquisitions d'entreprises en citant des raisons de « sécurité nationale ». Dans le cas de l'acquisition bloquée de Qualcomm par Broadcom, The Economist déplore la décision américaine en soulignant que Broadcom n’est même pas une société chinoise, mais qu’elle est associée à des éléments vus par les Etats-Unis comme une menace formée par la Chine. Le Wall Street Journal en donne la raison: le gouvernement américain craindrait qu’après l’acquisition de Qualcomm, Broadcom dépense moins en recherche et développement, ce qui permettrait à la Chine d’obtenir une supériorité technique, au risque que les sociétés américaines soient bientôt « contraintes d'utiliser des équipements Huawei ».

En réponse, The Economist juge l'utilisation par Donald Trump de la théorie de la menace chinoise risque de verser dans « un protectionnisme sans ambages ». S’ils veulent tenter de « contenir le développement de la Chine », les Etats-Unis doivent avoir une vision globale de la situation, plutôt que de se laisser porter par des réactions instinctives. En cela, la vision « myope » de Donald Trump le pousse à utiliser « un marteau plutôt qu’un scalpel » dans la compétition entre les Etats-Unis et la Chine.

Ce n'est pas la première fois que The Economist se penche sur le sujet. Le célèbre magazine politique et économique britannique a déjà publié en février un article basé sur dix indicateurs pour faire une comparaison complète l’industrie des technologies de la Chine et celle des Etats-Unis. Au début du mois de mars, le magazine s’est intéressé à l'intelligence artificielle, et a estimé que l’écart dans ce domaine entre la Chine et les Etats-Unis était voué à devenir de plus en plus étroit.

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Source:french.china.org.cn