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L’investissement des entreprises chinoises en France a augmenté de manière exponentielle au cours des dernières années et s’est diversifié dans des secteurs comme la production manufacturière, l’aviation, l’énergie et l’automobile, ont indiqué dimanche dernier des experts chinois, à la veille de la visite du président français Emmanuel Macron, qui sera en Chine jusqu’à mercredi. Ils ont cependant averti que les investissements chinois continuaient de faire face à des restrictions dans les secteurs de la haute technologie.
Au cours de la visite de M. Macron, les deux parties passeront en revue les accomplissements passés dans les liens bilatéraux et préciseront la direction de la coopération future dans les domaines politique, économique et culturel.
Lu Shengyun, un consultant de l’entreprise Roland Berger spécialisé dans les accords de fusion et acquisition entre la Chine et l’Europe, estime que les liens commerciaux entre les deux pays ont pu se développer grâce au consensus croissant des deux gouvernements sur de nombreuses questions, notamment à la suite du Sommet du G20 de Hangzhou en septembre 2016, lorsque le président Xi Jinping avait rencontré l’ancien président français François Hollande.
Selon lui, la confiance mutuelle entre les deux gouvernements a stimulé les relations économiques.
La présence d’entreprises chinoises en France s’est renforcée au cours des dernières années et le volume des investissements directs étrangers (IDE) chinois dans le pays a atteint les 6 milliards d’euros, d’après le site internet du gouvernement français.
Au cours des dernières années, les filiales de quelque 700 entreprises chinoises ont créé 45 000 emplois en France.
Entre 2000 et 2016, les secteurs ayant reçu le plus d’investissements chinois furent l’immobilier, l’hôtellerie, l’énergie, les biens et services de consommation, l’automobile et les infrastructures, selon un rapport de l’agence d’information Xinhua publié en décembre 2016.
Le conglomérat chinois Fosun a réalisé diverses acquisitions en France au cours des dernières années. En-dehors du rachat de l’entreprise française Club Med, il a également acheté des parts dans le fabricant de yaourts et de fromages St Hubert, le groupe de gestion des actifs PAREF, la marque de mode IRO et le distributeur de produits pharmaceutiques Tridem Pharma.
« Dans le processus d’internationalisation de l’entreprise, l’investissement dans une entreprise étrangère ne signifie pas nécessairement que nous allons en faire une entreprise chinoise, explique Guo Guangchang, PDG de Fosun International. L’écosystème Fosun permet aux entreprises de devenir plus grandes et plus fortes, pas seulement en Chine mais également en France et dans l’UE ».
« Le montant des investissements chinois en France a connu un essor considérable et les entrepreneurs chinois ont investi dans des secteurs diversifiés », note Lu Shengyun. Il y a par ailleurs une tendance en faveur des secteurs à forte valeur ajoutée, comme l’aviation, l’énergie nucléaire civile et les trains à grande vitesse.
Cependant, certaines entreprises françaises ont vendu par le passé des unités commerciales secondaires à des investisseurs chinois et dans certains cas, ces accords se sont révélés infructueux.
Des inquiétudes subsistent
Même si les investissements en provenance de Chine sont en augmentation, il reste certaines inquiétudes sur l’orientation possible de la France vers une politique plus restrictive.
D’après un rapport publié en septembre 2016 du site Euobserver.com, la France était derrière l’idée de l’UE de filtrer les investissements étrangers - une mesure visant principalement la Chine - afin d’éviter les rachats dans certains secteurs sensibles.
« Les inquiétudes proviennent en partie de l’affaiblissement de la compétitivité économique de l’UE face à la tendance croissante de l’investissement chinois dans les segments de haute qualité de son économie », explique Yang Chengyu, assistant chercheur à l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC).
« Les entreprises chinoises montrent peu d’intérêt dans certains secteurs, car ils estiment être au même niveau que leurs homologues européens dans ces domaines », explique-t-il.
Selon lui, « les investissements chinois dans les secteurs sensibles feront à l’avenir face à des défis croissants en France, notamment lors de participations majoritaires à plus de 50 % ».
La France est en bonne position dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques. Elle possède une grande réserve de talents dans ces domaines, explique Lu Shengyun : « Alors que l’entrepreneuriat a connu une croissance rapide en Chine au cours de ces dernières années, les deux pays peuvent rechercher une coopération dans les secteurs émergents, comme la fintech. »
Le consultant note que les entreprises chinoises doivent résoudre certaines questions, concernant notamment les équipes en charge de la restructuration après les rachats d’entreprises françaises ou encore la façon de préserver l’héritage de la marque.
Les résultats négatifs de certains investisseurs chinois ont découlé de leur ignorance de la culture d’entreprise locale.
« Il s’agit de changer l’état d’esprit sur la façon de faire des affaires en France », explique Lu Shengyun. D’après lui, certains rachats peuvent engendrer des protestations si les investisseurs ne parviennent pas à gérer de manière appropriée les questions des licenciements et de la structure actionnariale.
Source:french.china.org.cn |