De nouveaux indicateurs devraient être adoptés pour évaluer la qualité du développement.

Alors que la croissance économique s’est stabilisée et qu’une nouvelle direction centrale s’est installée à la suite du XIXe Congrès national du PCC, la Chine devrait mettre en œuvre quelques changements majeurs dans sa politique économique, qui pourraient avoir des implications profondes au-delà de 2018.

Lors de la Conférence de travail économique de cette année, les principaux décideurs politiques devraient se concentrer sur un changement des priorités, afin de mettre plus d’emphase sur la qualité et la stabilité plutôt que la simple croissance, tout en faisant face aux questions spécifiques comme l’accroissement de la dette, la pauvreté et la pollution.

Cette conférence se tiendra vraisemblablement à huis clos de lundi à mercredi, avec un document politique final devant être publié à la fin des réunions, comme le veut l’usage. Cette conférence, qui se tient annuellement depuis 1994, est devenue un événement clé, car elle fixe la direction des politiques économiques pour l’année à venir.

« Je pense que la conférence de cette année sera unique et plus importante que les précédentes. Il pourrait y avoir des changements majeurs et systématiques dans la façon dont le gouvernement ordonne ses politiques économiques selon ses priorités », explique Tian Yun, le directeur de la Société de Chine du Centre de recherche macroéconomique, affilié à la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR).

« La Chine a longtemps parlé de poursuivre une croissance économique de haute qualité et durable, mais elle a réalisé peu de progrès car les gouvernements locaux continuent de se concentrer principalement sur la croissance du PIB. Je pense que nous pourrions voir une vraie transition en matière de politiques en 2018 pour changer cela. Par exemple, le gouvernement central pourrait proposer de nouveaux indicateurs économiques pour évaluer le développement économique », explique-t-il.

Tian Yun, qui conseille le gouvernement sur les politiques économiques, explique que si le gouvernement central publie une série d’indicateurs économiques clairs reflétant une croissance durable et de haute-qualité, les gouvernements locaux suivront son exemple et « de nombreux problèmes que nous connaissons actuellement, comme la dette croissante, la pollution et le déséquilibre du développement, pourraient être résolus ».

Selon Liu Xuezhi, un analyste macroéconomique senior de la Banque des communications, une nouvelle série d’indicateurs économiques permettraient de se concentrer davantage sur l’environnement, les moyens de subsistance de la population et l’innovation technologique.

« S’ils en publient une, je pense qu’il s’agira d’une série claire et complète d’indicateurs, qui reflètent réellement les objectifs de longue date du gouvernement de rendre le développement économique du pays plus efficace et plus écologique », indique-t-il.

L’heure est à l’action

Tian Yun et Lu Xuezhi notent tous deux que 2018 est l’année idéale pour réaliser ces changements, car l’économie chinoise - contre toute attente - s’est améliorée de manière significative et est en bonne voie pour atteindre son objectif de 6,5 % de croissance moyenne jusqu’à 2020.

Par ailleurs, le nouveau gouvernement central se tient prêt à lancer un nouveau cycle de gouvernance pour les cinq prochaines années et l’année prochaine marquera le 40e anniversaire de la politique de réforme et d’ouverture en Chine.

« De ce que nous avons entendu des hauts dirigeants et des documents politiques clés, je pense que 2018 est l’année [idéale] pour réaliser ces changements », explique Tian Yun, qui note une transition majeure de ton sur la croissance du PIB dans le rapport du XIXe Congrès national du PCC: « C’est la première fois qu’un objectif spécifique de croissance n’a pas été inclus au rapport. Cela en dit long. »

En amont de la conférence de lundi, les hauts dirigeants ont souligné davantage la haute qualité de la croissance plutôt que sa vitesse.

Le 6 décembre, lors d’une assemblée de représentants hors PCC, Xi Jinping a indiqué que « le développement de haute qualité [était] une exigence fondamentale pour déterminer la voie du développement, adopter [de nouvelles] politiques économiques et conduire la réglementation macroéconomique aujourd’hui et dans la période à venir ».

Xi Jinping a également fait une remarque similaire le 8 décembre dernier, lors de la réunion du Bureau politique du Comité central du PCC.

Ces assemblées ont envoyé un signal clair en ce qui concerne les priorités de la politique économique pour 2018 et au-delà, incluant l’élimination des risques financiers systémiques en jugulant un endettement croissant, en continuant à lutter contre la pauvreté, mais également en prévenant et en contrôlant la pollution.

Pour Tian Yun, « toutes ces questions sont évidemment de premier ordre mais elles pourraient être résolues en changeant la priorité du gouvernement, notamment au niveau local, d’une croissance rapide du PIB à une croissance de meilleure qualité, plus verte et plus équilibrée ».