Ce n’est un secret pour personne : les moteurs de l’expansion économique mondiale se sont transformés au cours des dernières décennies. Il y a 20 ans, la croissance était alimentée par le développement international des multinationales, celles-ci cherchant de nouveaux marchés et exploitant une main d’œuvre à bas prix en Orient.

Les temps ont changé et la tendance s’est inversée. Aujourd’hui, c’est l’Orient qui est devenu le principal exportateur de richesse.

La Banque asiatique de développement (ADB) a estimé cette année, que la région contribuerait l’année prochaine pour 60 % de la croissance économique mondiale. Le capital et les secteurs à forte consommation de main d’œuvre ne sont plus les moteurs de la création de richesse, soutenue aujourd’hui par la technologie et les services.

Il y a clairement eu un bouleversement dans l’épicentre géographique de la croissance, ainsi que dans les secteurs et les stratégies alimentant les puissances mondiales.

Mais qui exactement sont les nouveaux créateurs de richesses ?

Le rapport Billionaires Insight d’UBS, rédigé en partenariat avec PricewaterhouseCoopers (PwC), montre que 2016 fut une année décisive. Pour la première fois, les milliardaires asiatiques ont surpassé en nombre leurs homologues américains, avec un nouveau milliardaire « créé » tous les deux jours en Asie. Et dans cette tendance, la Chine est en tête.

Les milliardaires sont en première ligne de la montée de l’Asie en tant que puissance économique. La Chine en particulier a connu une année exceptionnelle avec 67 nouveaux arrivants, pour un total de 318 milliardaires. Ceux-ci proviennent principalement des conglomérats, ainsi que des secteurs de l’industrie et de l’immobilier.

Alors que le nombre de milliardaires asiatiques a augmenté de près d’un quart l’année dernière, le nombre de milliardaires en Europe – avec ses vieilles fortunes, sa culture du commerce relativement conservatrice et ses réglementations strictes – n’a pas bougé.

Si un mot devait résumer les derniers entrants sur notre liste, ce serait « entrepreneuriat ». En 1995, 45 % des milliardaires s’étaient « faits tout seul ». L’année dernière, ce taux avait atteint les 70 %. En Asie et aux Etats-Unis, les fortunes « se font » principalement de cette façon.

Les Etats-Unis restent le foyer mondial de l’innovation technologique. Les entrepreneurs technologiques réalisent des fortunes à un rythme rapide à travers la Silicon Valley : les startups dans les domaines allant des voitures autonomes aux logiciels révolutionnent les modèles entrepreneuriaux et couvent les grandes richesses de demain.

La capitalisation boursière collective des cinq plus grandes actions technologiques (Facebook, Amazon, Alphabet, Apple et Microsoft) placerait ces dernières comme étant la cinquième plus grande économie mondiale.

Les entrepreneurs asiatiques comblent rapidement leur retard, à l’instar de milliardaires comme Jack Ma avec Alibaba, Pony Ma avec Tencent, et Masayoshi Son avec SoftBank. Il semble pourtant que le meilleur reste à venir pour les milliardaires issus des secteurs qui alimentent la nouvelle économie.

Dans les régions avec les plus fortes croissances et les secteurs les plus dynamiques, les milliardaires sont de plus en plus jeunes. A la fin de l’année dernière, les milliardaires asiatiques étaient âgés de 59 ans en moyenne. En Chine, où la richesse croît le plus rapidement, l’âge moyen est de 55 ans.

Le monde n’a jamais connu de changements aussi rapides, ce qui rend de plus en plus difficile de prédire quelle sera la prochaine étape pour les individus les plus riches du monde. Tout est possible, mais il est probable que les tendances actuelles continuent de s’accentuer.

Notre analyse montre que, si les trajectoires actuelles de croissance se poursuivent, la richesse totale des milliardaires asiatiques surpassera celle des milliardaires américains d’ici quatre ans. La dynamique économique de l’Asie et ses entreprises alimentées par les nouvelles technologies pourraient prolonger le cycle actuel de croissance de la richesse des milliardaires.

Cette tendance ne montre aucun signe de vouloir s’inverser.

L’auteur est le directeur pour l’Asie du Global Ultra High Net Worth chez UBS.