En Chine, les entreprises ont investi fortement dans les technologies de l’intelligence artificielle (IA) au cours des cinq dernières années, le gouvernement central leur offrant un soutien continu par ses mesures.

Depuis que Robin Li Yanhong, le PDG du géant chinois de l’Internet Baidu, a proposé au cours des « deux sessions » de l’Assemblée populaire nationale (APN) et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (APN) de 2015 son projet baptisé « China Brain » (« Cerveau chinois »), le gouvernement central a proposé une série de mesures pour encourager le développement de l’IA, indique Xiang Yang, un analyste de ce secteur pour l’entreprise CCID Consulting basée à Beijing.

« Depuis le début 2016, le secteur de l’IA a commencé à enregistrer une forte croissance, car les principales entreprises de technologie ont concentré leur attention sur les technologies de l’IA », explique-t-il.

En juillet 2015, le Conseil des affaires d’Etat, c’est-à-dire le gouvernement populaire central, a dévoilé l’initiative « Internet + » : une directive sur trois ans, qui souligne pour la première fois l’application de l’IA basée sur Internet. Le gouvernement a appelé à réaliser des percées dans les technologies fondamentales et à stimuler l’application des technologies de l’IA dans les secteurs comme l’électroménager, les véhicules et les robots intelligents.

Deux ans plus tard en mars, le Premier ministre chinois Li Keqiang a souligné au cours des deux sessions l’importance du secteur de l’IA dans son Rapport de travail gouvernemental 2017, indiquant que la Chine renforcerait la recherche et le développement des technologies de l’information.

Les principales entreprises de l’Internet à travers le monde - comme Google, Amazon, Facebook et Microsoft – se sont toutes lancées dans l’IA, réalisant des progrès dans la conduite intelligente, la traduction automatique et l’interaction homme-machine, souligne Yang Jing, une experte de ce secteur et fondatrice de l’entreprise Ai Era, qui se concentre sur les technologies de l’IA.

« Suivant cette tendance mondiale, les entreprises nationales comme Baidu, Alibaba, Tencent, iFlytek et JD.com ont toutes intégré l’IA dans leurs stratégies d’entreprise », explique-t-elle. 

Une application plus large

Au mois de juillet, le Conseil des affaires d’Etat a dévoilé de nouvelles directives pour le développement du secteur de l’IA, dont il espère qu’elles stimuleront le secteur pour qu’il atteigne d’ici 2020 le même niveau que d’autres pays avancés en matière de technologies et d’applications.

D’ici là, la taille du marché de l’IA devrait dépasser les 150 milliards de yuans (19 milliards d’euros) et celle des secteurs afférents, les 1000 milliards de yuans.

L’IA a largement été mise en œuvre par les principales entreprises technologiques dans le pays, indique Mme Yang : « Huawei utilise par exemple une puce se basant sur l’IA dans ses produits phares, et les startups comme SenseTime et Face++, qui se placent dans le domaine de la vision numérique, sont devenues des licornes technologiques. »

Les entreprises chinoises jouent un rôle majeur dans trois produits phares se basant sur l’IA : la reconnaissance vocale, les robots de service et la reconnaissance d’image. « De plus, l’application des technologies de reconnaissance de l’image est soutenue au niveau national par la planification urbaine intelligente », explique M. Xiang.

Ainsi, l’analyse d’image est utilisée pour les caméras de sécurité, qui ont été largement établies dans de nombreuses villes. « Les gouvernements locaux, notamment dans les provinces de l’Anhui (est) et du Guizhou (sud-ouest), sont un soutien important pour ces entreprises technologiques et travaillent étroitement avec elles », indique-t-il.

Selon un récent rapport de Goldman Sachs, la Chine dispose des ressources, de l’ambition et d’un soutien gouvernemental de haut niveau pour développer l’IA et l’apprentissage machine au cours des prochaines années.

Différents acteurs majeurs au niveau national ont dévoilé des projets de développement en IA et établi des équipes de R&D au cours de ces dernières années.

Le 11 octobre, Alibaba a indiqué avoir récemment lancé huit nouvelles bases de recherche en Chine, en Israël, aux Etats-Unis, en Russie et à Singapour. L’entreprise prévoit d’embaucher 100 chercheurs pour travailler sur l’IA, l’informatique quantique et la fintech.

Un fossé subsiste

Malgré la croissance rapide du secteur de l’IA en Chine, le pays reste en retard par rapport à des pays comme les Etats-Unis, notamment dans la recherche fondamentale et théorique.

« Le nombre de scientifiques chinois classés au plus haut niveau reste inférieur par rapport aux Etats-Unis », note M. Xiang.

Dans un avenir proche, la Chine pourrait cependant avoir plus d’atouts en matière de talents. Le nombre d’articles de recherche sur l’IA réalisés par les Chinois - incluant ceux vivant à l’étranger - représente désormais 40 % du volume total et de plus en plus de Chinois brillants retournent dans leur pays d’origine pour tirer avantage de son marché intérieur colossal.