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Les défis de l’économie de partage et la nécessité d’investissements plus rationnels

French.china.org.cn | Mis à jour le 28. 08. 2017 | Mots clés : défis économie investissements


 

Malgré sa croissance rapide, l’économie de partage en Chine doit faire face à des difficultés du fait de sa faible rentabilité et d’un manque de modèles entrepreneuriaux durables. Les inquiétudes d’une bulle potentielle sont de plus en plus grandes.

 

Des vélos aux chargeurs de téléphones, en passant par les poussettes, les produits de l’ « économie de partage » ont déferlé dans la vie des Chinois au cours des dernières années. Le concept d’économie de partage fut mentionné dans le 13e Plan quinquennal (2016-2020) dévoilé par le gouvernement en mars 2016, lequel appelait à un mécanisme de partage soutenu par Internet.

 

Les pays développés occidentaux avaient déjà trouvé ce concept en 2009, mais le marché chinois a rattrapé rapidement son retard. En 2015, il représentait 33 % du marché mondial de l’économie de partage en termes de parts de marché, selon un rapport publié le 16 août par l’entreprise de recherche de marché basée à Beijing, iResearch.

 

A travers le monde, elles étaient 32 entreprises « licornes » du secteur de l’économie de partage listées dans le classement CB Insights en 2016, avec une valorisation dépassant les 231,4 milliards de dollars (194 milliards d’euros). Sur ces 32 entreprises, douze étaient chinoises.

 

Cependant, le boom de l’économie de partage reflète l’un des problèmes fondamentaux auxquels est confrontée l’économie chinoise aujourd’hui, à savoir une fuite des capitaux de l’économie réelle, estime Chen Ji, le directeur du département de recherche industrielle de la Capital University of Economics and Business.

 

« De plus en plus d’investisseurs placent leur argent dans le secteur en plein essor de l’économie de partage, engendrant une saturation de l’approvisionnement », explique-t-il. Selon lui, cela montre également que les investisseurs restent avides de gains à court terme.

 

Certains rapports de médias occidentaux ont applaudi le développement rapide de l’économie de partage en Chine. La CNBC a notamment fait la liste des divers types de produits et de services partageables dans un récent rapport, citant un expert nommé Andrew Atkinson affirmant : « La force de l’économie de partage en Chine découle de la force des transactions dématérialisées. »

 

Dans un récent éditorial, le South China Morning Post souligne également les sommes importantes d’argent investies dans le secteur, avec certaines startups technologiques remportant un soutien de la part de poids lourds, comme la plateforme de partage de vélos Ofo soutenue par le géant chinois du e-commerce Alibaba.

 

« Le grand nombre de vélos partagés, qui ont déferlé sur le marché comme des sauterelles sur un champ de maïs, a perturbé l’ordre du marché. Surtout, cela signifie que ce marché n’est plus rentable », indique Chen Ji.

 

Un marché en surchauffe

 

Lorsqu’il n’y avait qu’un seul acteur sur le marché du partage de vélos, il était possible de réaliser un bénéfice net d’environ 50 yuans (6,30 €) par vélo et par jour. Mais lorsque dix autres entreprises se sont lancées dans la compétition, ce chiffre a chuté à moins de 5 yuans. « En plus de la faible rentabilité, la période du retour sur investissement est longue et il existe des risques potentiels », ajoute Chen Ji.

 

Un autre problème pour l’économie de partage est que certains modèles entrepreneuriaux ne sont pas durables et il n’existe pas de modèle adapté pour toutes les autres entreprises, explique Zhang Yi, le PDG de iiMedia Research : « Les derniers climatiseurs partagés par exemple... ce modèle commercial n’a aucun sens, car l’été dans les régions septentrionales est très court et ce produit ne sera pas utilisé très souvent », indique-t-il.

 

Dans ce cas, les coûts - à la fois de production et d’exploitation - seront trop lourds, note Zhang Yi, qui ajoute qu’il est toujours plus facile de trouver une idée que de la mettre en œuvre de façon durable.

 

Alors que certaines entreprises de partage de vélos, comme Ofo et Mobike, ont placé des milliers de vélos dans les rues, certaines startups sur ce segment - comme 3Vbik - ont échoué à cause d’un épuisement des canaux de financement. Par ailleurs, certains consommateurs se sont plaint qu’il était difficile de récupérer leur caution, lors de l’utilisation de chargeurs partagés de batteries.

 

L’économie chinoise fait également face à un dilemme. D’un côté, le gouvernement central encourage l’innovation, ainsi que la croissance tirée par la consommation. De l’autre, certains entrepreneurs ont poursuivi des projets de faible qualité, engendrant un large gaspillage d’argent et de ressources.

 

Pour Chen Ji, « les associations industrielles doivent jouer un rôle plus grand en dévoilant les informations nécessaires et en avertissant les investisseurs des risques, car le manque d’informations pertinentes a engendré de nombreux investissements irrationnels ».

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Source:french.china.org.cn

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