Wei Jianguo, le vice-président du Centre de Chine pour les échanges économiques internationaux.

Le ministère chinois du Commerce (MOFCOM) a exprimé son fort mécontentement face à la décision américaine d'initier une enquête de section 301 contre la Chine. Selon lui, les Etats-Unis ont tourné le dos aux règles de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) et imposé des actes unilatéraux, ainsi qu'un protectionnisme commercial déloyal.

La Chine prendra toutes les mesures appropriées pour défendre les intérêts légaux du pays. Les Etats-Unis devraient respecter les faits et agir de manière prudente, a indiqué le ministère dans une déclaration officielle.

Il est irresponsable et infondé de lancer une enquête sur les règles et les pratiques de la Chine en matière de propriété intellectuelle sous la section 301 du Trade Act (loi sur le commerce) de 1974, particulièrement dans le contexte économique mondial actuel. La section 301 permet au gouvernement américain d'imposer unilatéralement des droits de douane et d'autres restrictions commerciales pour protéger ses industries.

La Chine et les Etats-Unis ont réalisé des progrès concrets dans leurs négociations sur le commerce et les investissements, depuis que leurs deux dirigeants se sont rencontrés en début d'année.

« Cependant, cette enquête a envoyé un mauvais signal [...] et elle pourrait déclencher une opposition résolue de la part de la communauté américaine des affaires, mais aussi de la communauté internationale », indique le MOFCOM.

Pour Wei Jianguo, le vice-président du Centre de Chine pour les échanges économiques internationaux basé à Beijing, la Chine doit être consciente du fait qu'une fois que les Etats-Unis ont commencé à adopter des mesures de protectionnisme commercial pour soulager leur déficit avec la Chine, ils risquent tôt ou tard de mettre en œuvre d'autres pratiques déloyales et unilatérales à l'encontre des entreprises et des produits chinois.

« Les autorités chinoises doivent être attentives à cela. […] Si aucune action effective n'est mise en œuvre pour faire face au protectionnisme commercial, d'autres pratiques déloyales similaires pourraient alors se monter contre la Chine », explique-t-il.

Après des années d'accumulation technologique et d'activités de fusions et acquisitions sur les marchés étrangers, ni les gouvernements chinois à aucun niveau, ni les entreprises locales n'ont forcé leurs homologues commerciaux étrangers à transférer leurs technologies brevetées, et cela est désormais relativement inutile, indique Zhou Shijian, un chercheur de l'Université Tsinghua à Beijing sur les relations commerciales sino-américaines.

Selon lui, la revitalisation en cours du secteur manufacturier aux Etats-Unis devrait intensifier la concurrence existante avec la Chine sur les segments industriels de pointe, comme les équipements de télécommunications et les produits d'ingénierie offshore. Les liens économiques entre les deux pays se dirigent doucement de la complémentarité vers une orientation concurrentielle.

« J'espère que les relations sino-américaines dans leur ensemble ne seront pas entravées... Je suppose que nous pouvons faire grossir le gâteau et régler les choses une par une », explique-t-il.

Chad Bown, un membre de l'Institut Peterson d'économie internationale, estime que les partenaires commerciaux américains sont devenus de moins en moins satisfaits avec cette approche « unilatérale agressive », dans laquelle le gouvernement américain joue à la fois les rôles de la police, du procureur, des jurés et du juge.

Pour lui, la décision de lancer une mesure de section 301 est problématique, car cela ajoutera encore des arguments au débat actuel selon lequel l'administration Trump est en train de saper l'engagement américain en faveur d'un commerce basé sur des règles, ainsi que les décennies de travail pour établir une coopération internationale.

La décision de M. Trump d'opérer en dehors des règles engendrera inéluctablement une réponse de la part de la Chine.