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Le Boycott des produits chinois néfaste pour l'Inde

French.china.org.cn | Mis à jour le 14. 08. 2017 | Mots clés : Boycott,Inde

30 mai 2017, New Dehli (Inde) : un piéton passe devant des magasins de téléphones portables sur le marché informatique de la place Nehru. [Crédit photo : VCG]

 

L'affrontement en cours entre les troupes chinoises et indiennes dans la zone chinoise de Donglang semble s'être étendu aux échanges bilatéraux. Selon certains rapports, Shobha Karandlaje, la secrétaire générale du Bharatiya Janata Party (BJP) au pouvoir dans la province du Karntaka, a exprimé son soutien à une campagne contre les produits chinois, soutenue par le groupe radical d'extrême-droite Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS).

Elle a également appelé son parti à « faire prendre conscience à la population des problèmes causés par la Chine à la frontière et la nécessité de boycotter les produits chinois ». Selon elle, ce boycott donnerait une leçon à la Chine car « l'économie de la Chine est largement dépendante des marchés indiens ».

D'une façon ou d'une autre, Karandlaje bluffe et ce, sans aucune raison valable. Sa perception de la « dépendance économique » de la Chine à l'Inde est risible : l'excédent commercial de la Chine avec l'Inde - son septième plus grand marché d'exportation - a atteint 45 milliards de dollars (38 milliards d'euros) l'année dernière, mais ses exportations vers l'Inde ne représentent que 2 % de son volume total des exportations. Pour l'Inde, la Chine est cependant le plus grand partenaire commercial et représente environ 3,6 % du total de ses exportations.

Autant dire qu'appeler à un boycott des produits chinois et de ceux liés à des investisseurs chinois n'est pas seulement un pari perdu d'avance, cela risque également d'avoir l'effet inverse que prévu. La vérité est que ce n'est pas la première fois que la Chine doit faire face à de telles « protestations », mais la plupart ont fait long feu notamment à cause du manque de participants.

Le RSS a organisé une campagne de quinze jours contre les produits chinois et affirme que le dernier boycott mené par le Swadeshi Jagaran Manch (SJM, l'aile économique du groupe) a reçu un « vaste soutien ». Cependant, les investissements chinois sont solides et les produits chinois sont les bienvenus en Inde pas seulement à cause de leurs prix, mais aussi parce qu'ils répondent à la demande du marché. Par contre, l'économie indienne risque quant à elle de souffrir de ce boycott.

Les téléphones portables chinois ont pris 50 % du marché en Inde et la plupart sont assemblés localement. Toute tentative de les maintenir à distance ou de fermer les usines à capitaux chinois nuirait à l'économie indienne et coûterait des emplois indiens.

Comparés aux importations occidentales qui se targuent de chaînes industrielles avancées, les produits chinois sont probablement les seuls bon marché et faciles à utiliser pour les consommateurs indiens, en raison du fait que la Chine et l'Inde sont les deux plus grandes économies émergentes au monde. Beijing a également besoin de transférer une partie de ses capacités excessives et l'Inde fait partie des destinations les plus appropriées. Les liens commerciaux bilatéraux pourraient être sujets à des turbulences, si le boycott devait dégénérer.

La dernière campagne contre les produits chinois ne résulte pas nécessairement d'une crise frontalière latente entre les deux pays, car des tentatives similaires de « jouer la carte économique » et de faire appel aux sentiments nationaux apparaissent à l'approche des élections régionales. Il semble peu vraisemblable que celle-ci évolue vers une « interdiction complète » des importations chinoises et l'administration Modi n'a pas encore pris de mesures concrètes pour soutenir ce boycott.

Il n'est cependant jamais trop tôt pour que les investisseurs chinois protègent leurs joint-ventures en Inde, car la Chine ne transigera pas face à la transgression des troupes indiennes.

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Source:french.china.org.cn

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