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ZHANG MAORONG﹡
Du 7 au 8 juillet, le 12e Sommet du G20 s’est tenu à Hambourg autour du thème « Façonner un monde interconnecté ». Un sommet qui a débouché sur des décisions positives concernant la lutte contre le protectionnisme, la réduction de la surcapacité de production d’acier, et la nécessité d’accorder plus de place aux marchés émergents et aux pays en développement dans les processus décisionnaires des institutions économiques internationales.
La lutte contre le protectionnisme continue
Le commerce et l’investissement internationaux sont des facteurs qui jouent un rôle important sur la croissance économique mondiale. Lors du sommet, le président chinois Xi Jinping a indiqué que si les organisations internationales revoient à la hausse les prévisions de croissance mondiale, cela implique une croissance du commerce international d’au moins 2,4 % et une croissance de l’investissement global d’au moins 5 %. Or, le protectionnisme, qui s’est répandu ces dernières années, pourrait engendrer une guerre commerciale mondiale et conduire à une morosité de l’investissement global, ce qui saperait les bases de la croissance économique mondiale.
À ce sujet, le communiqué du Sommet du G20 de Hambourg stipule : le commerce et l’investissement internationaux sont des moteurs importants pour la croissance économique, la productivité, l’innovation, l’emploi et le développement ; les membres du G20 maintiendront leurs marchés ouverts tout en veillant au respect des principes de réciprocité et de non-discrimination dans le cadre du commerce et de l’investissement et en continuant à lutter contre le protectionnisme, y compris « tous les comportements commerciaux inéquitables ». Une clause précisant « le rôle tenu par les instruments légitimes de défense commerciale » à laquelle les États-Unis étaient particulièrement attachés a été ajoutée dans le texte final, alors qu’était réaffirmée par ailleurs l’importance de maintenir une transparence dans les relations commerciales prévisibles et réciproques entre les pays. La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que malgré des négociations « très difficiles » sur le libre-échange entre les participants au sommet, les résultats étaient « satisfaisants ». Les dirigeants du G20 sont tous en faveur de la mondialisation, et se sont engagés à ouvrir leur marché et à lutter contre le protectionnisme. Ils ont décidé de créer un système commercial international stable pour promouvoir les investissements transnationaux. Il faut cependant noter qu’il existe des risques potentiels dans la clause « comportements légitimes de défense commerciale » du communiqué, puisque certains pays pourraient en profiter pour imposer des droits de douane punitifs, comme celui que le gouvernement de Trump envisage d’appliquer sur l’acier importé qui s’élèverait à 20 %.
Recherche active d’une solution à la surcapacité de production d’acier
Ces dernières années, la surcapacité de production d’acier dans le monde, qui donne lieu à une concurrence acharnée sur le marché international, attire de plus en plus l’attention de tous les pays, en particulier les pays développés. En avril 2017, le département du Commerce américain a lancé une enquête de grande envergure sur les importations d’acier. Si l’enquête apporte la preuve que les importations d’acier portent préjudice à la sécurité nationale, les États-Unis pourraient les restreindre de façon significative. L’UE a opposé une réponse ferme : le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé que, si les États-Unis en arrivaient à imposer des droits de douane punitifs sur les importations d’acier, l’Europe déploierait tous les moyens nécessaires pour « se défendre ». Des représentants européens ont même révélé l’existence d’une liste de produits américains comprenant entre autres, le whisky américain, le jus d’orange et certains produits laitiers qui seraient susceptibles de recevoir une sanction commerciale si une riposte s’avérait nécessaire.
Pour résoudre ces « conflits autour de l’acier » de plus en plus graves, le communiqué du Sommet du G20 de Hambourg exige que tous les gouvernements et entités concernés annulent leurs subventions ou toute autre forme de soutiens susceptibles d’influencer l’équilibre du marché. « Nous reconnaissons que la surcapacité de production dans le secteur industriel a des effets négatifs continuels sur la production, le commerce et l’emploi dans tous les pays, et nous nous engageons par conséquent à renforcer la coopération et à chercher une solution collective à ce défi mondial. » « Nous en appelons à l’OCDE pour qu’elle propose d’ici le mois d’août des solutions politiques spécifiques visant à réduire la surcapacité de production d’acier, tout en continuant d’œuvrer à renforcer l’échange de renseignements et la coopération, conformément aux dispositions du Sommet du G20 de Hangzhou. » Selon Mme Merkel, les dirigeants du G20 attendent de l’OCDE qu’elle fournisse d’ici à novembre un rapport de fond sur les solutions politiques spécifiques, ainsi qu’un rapport de suivi en 2018.
Promouvoir la réforme de gouvernance des institutions économiques et financières internationales
Lors du Sommet de Hambourg, les dirigeants des BRICS ont déclaré : « Pour soutenir la croissance économique mondiale et rendre notre système financier plus résistant face aux risques potentiels et systématiques, nous nous engageons à rendre l’organisation financière mondiale plus efficace afin qu’elle soit le reflet fidèle de la situation actuelle de l’économie mondiale. De ce point de vue, nous insistons sur la nécessité d’accorder plus de place aux marchés émergents et aux pays en développement dans le processus décisionnaire des institutions économiques et financières mondiales, ainsi que sur l’importance d’achever la nouvelle réforme du FMI et de la Banque mondiale conformément au plan initial. » Quant à la Chine, le fait que sa quote-part dans le FMI et la Banque mondiale est passée de la 6e place à la 3e place n’est rien d’autre que le résultat de la réforme mise en place en 2010. À l’heure actuelle, la Chine a détrôné le Japon pour devenir la deuxième économie mondiale, mais sa quote-part dans ces organismes n’est pas encore à la mesure de sa nouvelle puissance. Il faut donc continuer à promouvoir la réforme pour que la Chine, l’Inde, et d’autres pays en développement et économies émergentes soient mieux représenté dans ces institutions.
Dans le communiqué du Sommet de Hangzhou tenu l’année dernière, le G20 affirmait : « Nous nous félicitons de l’entrée en vigueur de la réforme des quotes-parts et de la gouvernance 2010 du FMI et œuvrons à l’achèvement de la 15e révision générale des quotes-parts qui prévoit une nouvelle formule de calcul en 2017 ». Les pays membres ont affirmé que « toute réorganisation des quotes-parts devrait se traduire par une augmentation des quotes-parts des économies dynamiques en fonction de leur position relative dans l’économie mondiale, et donc probablement, par une augmentation de la part globale des pays émergents et en développement ». Dans le communiqué du Sommet de Hambourg, les pays membres du G20 se sont engagés à continuer de soutenir la réforme de la gouvernance de l’économie mondiale, mais la 15e révision générale des quotes-parts du FMI et la nouvelle formule sont reportées au sommet annuel de 2019, ce qui montre qu’il faut du temps pour mettre en place des réformes et réaliser de vraies avancées.
Dans le communiqué du Sommet de Hambourg, tous les pays membres du G20, à l’exception des États-Unis, ont réaffirmé leur engagement en faveur de l’Accord de Paris sur le climat, en précisant qu’il était « irréversible », et ont approuvé le plan d’action sur le climat et l’énergie inclus dans les annexes du sommet. Ce plan incite les pays membres à présenter, d’ici 2020, un programme à long et moyen terme (jusqu’à 2050) de décarbonisation totale, et invite les organisations internationales telles que la Banque mondiale et l’OCDE à superviser la reconversion écologique des pays. En dehors des États-Unis, tous les pays membres se sont engagés à renforcer leur action actuelle et future afin d’honorer l’Accord de Paris.
La proposition chinoise suscite l’attention
Lors du Sommet de Hambourg, Xi Jinping a prononcé un discours intitulé Insister sur l’ouverture et l’inclusivité et promouvoir la croissance interconnectée, qui présentait une proposition en quatre points : premièrement, promouvoir une économie mondiale ouverte et les avantages mutuels pour tous afin de faire grossir le « gâteau » de l’économie mondiale ; deuxièmement, faire des efforts concertés axés sur de nouveaux moteurs de croissance, renforcer la coopération dans les domaines de l’économie numérique et de la nouvelle révolution industrielle, trouver de meilleures solutions aux problèmes de développement et mettre en œuvre les objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 ; troisièmement, travailler ensemble à rendre la croissance de l’économie mondiale plus inclusive, concilier la justice et l’efficacité, les capitaux et le travail, la technologie et l’emploi, s’attaquer aux problèmes découlant du décalage induit par la montée en gamme industrielle qui implique une remise à niveau des connaissances et des compétences ; quatrièmement, continuer à améliorer la gouvernance de l’économie mondiale.
Cette proposition, avancée comme la « solution chinoise » au développement et à la prospérité économique mondiale, s’accordait parfaitement avec le thème du Sommet de Hambourg, à savoir « Façonner un monde interconnecté », et a contribué à donner à la réunion une issue favorable.
﹡ZHANG MAORONG est chercheur du Centre de l’économie mondiale de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines. (Article publié sur le site China.org.cn le 10 juillet)
Source:La Chine au Présent |