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Retour du bœuf américain en Chine

French.china.org.cn | Mis à jour le 03. 07. 2017 | Mots clés : bœuf américain

 
Alors que les représentants chinois et américains partageaient vendredi dernier une entrecôte à Beijing pour marquer le retour du bœuf américain en Chine après quatorze années d’absence, des clients à Shanghai ont également commencé à recevoir le bœuf américain qu’ils avaient précommandé en ligne, par l’intermédiaire de détaillants nationaux.

Selon le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), le bœuf envoyé dans les foyers de Shanghai par les détaillants comme FruitDay est de la plus haute qualité en matière de tendreté, de jutosité et de saveur.

La réouverture du marché chinois au bœuf américain - l’un des premiers résultats du plan d’action sino-américain en 100 jours, conclu en mai - met un terme à l’interdiction déclenchée initialement en 2003 par des inquiétudes concernant la maladie de la vache folle. Celle-ci pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans la coopération bilatérale économique et commerciale.

« Mes collègues et moi auront plus de travail, maintenant que le bœuf américain est de retour », explique Lu Ruiqing, le directeur de l’entreprise de stockage Shenhong Cold Storage Company, inspectant une chambre froide dans la banlieue de Shanghai, où des cartons de bœuf importé d’Australie et d’autres pays d’Amérique latine sont stockés aux côtés du bœuf chinois.

Lu Ruiqing travaille dans cette industrie depuis plus de 30 ans. Le bœuf américain était extrêmement populaire en Chine, se rappelle-t-il, représentant à son niveau le plus fort près de 70 % des importations de bœuf.

Portée par une classe moyenne toujours plus nombreuse, la Chine est le plus grand consommateur de porc au monde, mais c’est également un marché grandissant pour le bœuf, alimenté à la fois par le bœuf chinois et le bœuf étranger.

Les données des douanes chinoises montrent que les importations de bœuf dans le pays ont atteint les 2,5 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) en 2016, contre 254 millions de dollars en 2012. Cependant, la consommation par habitant reste faible, comparée aux Etats-Unis et à l’Australie.

« Le marché possède un fort potentiel. Le bœuf est incroyablement populaire chez les Chinois. Dans mon restaurant, près de 70 % des clients sont locaux et un bon nombre d’entre eux sont relativement jeunes », explique Liu Xin, le propriétaire d’un restaurant à viande dans le centre de Shanghai.

« Nous servons principalement des plats préparés avec du bœuf australien, mais nous sommes prêts à changer le menu lorsque le bœuf américain sera disponible ce mois-ci », indique Liu, qui prévoit d’ouvrir un autre restaurant dans la ville.

« Au cours des cinq dernières années, la Chine est devenue le deuxième plus grand importateur au monde de viande de bœuf. L’Australie a bénéficié d’opportunités exceptionnelles en exportant du bœuf en Chine. La concurrence a débuté en 2015, lorsque le Brésil et l’Argentine ont également eu accès au marché », explique Yan Hongwei, le vice-président de Shanghai Haibo Logistics, un distributeur majeur de viande en Chine.

Il reste encore à voir comment le bœuf américain se mesurera aux produits provenant de l’hémisphère sud.

Pour Liu Xin, le chef cuisinier devenu propriétaire de restaurant, « la saveur passe avant tout ». Selon lui, les consommateurs chinois se sont habitués au fil des années à manger et à cuisiner du bœuf australien, argentin ou brésilien, mais le bœuf américain serait plus charnu et juteux.

Les prix entrent également en considération, indique Tao Jun, le PDG de Sizzle Market, une chaîne de magasins se concentrant sur la vente de viande de bœuf. Celui-ci considère le retour du bœuf américain comme une bonne nouvelle, car le prix du bœuf importé pourrait baisser.

« Le bœuf australien et américain vise les marchés moyen et haut de gamme. De manière générale, le bœuf américain est meilleur marché », note Tao, qui s’attend à ce que les distributeurs australiens tentent de rendre leurs prix plus compétitifs pour éviter de perdre des parts de marché.

Face à ce marché présentant un fort potentiel, un nombre important d’entreprises chinoises recherchent activement une coopération avec les distributeurs américains de bœuf, tandis que les usines de transformation du bœuf aux Etats-Unis sont également très enthousiastes quant aux opportunités.

Cette description n’est cependant pas tout à fait complète.

La Chine a publié certains détails pour les contrôles de qualité et de quarantaine : l’âge du bétail ne devra pas dépasser les 30 mois ; les importateurs de bœuf devront être enregistrés à l’Administration chinoise de la certification et de l’accréditation ; le bétail devra être traçable jusqu’à sa ferme de naissance ; et le bœuf destiné à l’exportation vers la Chine devra être exempt de résidus d’hormones synthétiques et d’additifs non-autorisés comme la ractopamine.

Pour autant, des sources au sein de ce secteur estiment que moins de 10 % du bœuf américain répond à ces exigences, ce qui signifie que les volumes d’exportation seront initialement limités.

« Il n’y a pas eu de bœuf américain importé ici officiellement depuis plus de dix ans et la Chine a certaines exigences auxquelles les fournisseurs américains devront se plier. Cela commencera donc doucement, mais je suis sûr qu’il y a un fort potentiel ici », explique Kenneth Jarrett, le président de la Chambre américaine de commerce à Shanghai.

« A court terme, le bœuf en provenance d’Australie, de Nouvelle-Zélande et du Brésil continuera probablement de dominer le marché chinois d’importation. Sur le long terme, il est cependant possible que le bœuf américain ait de bons résultats, du fait de son goût, de son prix et de ses services », indique Yan Hongwei.

Le retour du bœuf américain en Chine et - réciproquement de la volaille cuisinée chinoise aux Etats-Unis - est au cœur du plan d’action sino-américain en 100 jours, qui couvre également d’autres domaines, comme les services financiers, l’investissement et l’énergie.

« Afin de parvenir à un résultat gagnant-gagnant, la Chine et les Etats-Unis doivent réaliser des réformes structurelles et renforcer la coopération économique, plutôt que de simplement réduire le déficit commercial », estime Bai Ming, chercheur au sein de l’Académie chinoise pour le commerce international et la coopération économique.


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Source: french.china.org.cn

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