Un projet nucléaire sino-français suspendu après des protestations

Par : Vivienne |  Mots clés : CNNC,Areva,combustible nucléaire
French.china.org.cn | Mis à jour le 11-08-2016

Les autorités de la province du Jiangsu ont annoncé mercredi la suspension d'un projet sino-français de 100 milliards de yuans (15 milliards de dollars) de recyclage du combustible nucléaire après plusieurs jours de protestations des résidents locaux, qui craignent d'éventuels risques environnementaux et sanitaires.

Les autorités de Lianyungang ont déclaré sur leur compte Sina Weibo que « le travail préliminaire de sélection du site du projet de recyclage du combustible nucléaire est suspendu ».

Les fonctionnaires de Lianyugang ont refusé de faire d'autres commentaires sur les raisons pour lesquelles le projet a été suspendu.

« Cette suspension signifie un arrêt dans l'immédiat, nous ne savons pas si le projet sera relancé dans le futur », a déclaré mercredi un responsable de la communication du département de la ville.

Selon un article paru sur le site de CNNC Nuclear Fuel Reprocessing Co, une société siégeant à Beijing et appartenant à China National Nuclear Corporation (CNNC), le projet est géré conjointement par le groupe CNNC et par Areva. Son objectif est de recycler 800 tonnes de déchets de combustible nucléaire annuellement, et les travaux de construction devaient commencer en 2020.

Bien que le projet soit en phase préliminaire, et qu'un certain nombre de sites soient envisagés, un article publié sur le site nucléaire nuclear.net.cn affirme que l'emplacement le plus probable était celui de Lianyungang. La révélation a causé une vive opposition de la population locale lorsqu'elle s'est répandue sur les réseaux sociaux.

De grandes manifestations contre le projet ont commencé samedi, et lundi, 10 000 personnes s'étaient réunies sur une place publique pour protester. Il y a eu des confrontations physiques entre les manifestants et la police, a affirmé un manifestant qui a requis l'anonymat.

Le bureau de la sécurité publique locale a écrit lundi sur Sina Weibo que les rumeurs en ligne affirmant que la police avait eu recours à la force contre des manifestants et avait même causé un décès étaient fausses.

« Nous voulons que le projet soit annulé, pas seulement suspendu. Une suspension signifie qu'ils peuvent recommencer les travaux quand bon leur chante », a déclaré M. Zhang, qui participait à la manifestation.

Il a expliqué que les manifestations sont principalement dues aux préoccupations des locaux sur le risque que les matières nucléaires radioactives nuisent à l'environnement et soient dangereuses pour la santé des adultes et des enfants.

« Lianyungang dispose déjà d'une centrale nucléaire. Installer ici un autre projet de recyclage nucléaire nous met en danger », a estimé M. Zhang.

Les deux premiers réacteurs de la centrale nucléaire de Tianwan à Lianyungang fonctionnent depuis 2007, et six autres réacteurs sont prévus.

La capacité totale de la centrale devrait alors atteindre 70 milliards de kW/h par an, avait indiqué l'agence Xinhua en janvier dernier.

Apaiser les craintes

Ce n'est pas la première fois que des habitants protestent contre un projet nucléaire. En 2013, la construction d'une centrale de traitement des déchets nucléaires prévue à Jiangmen, dans la province du Guangdong, avait été abandonnée après des manifestations de masse.

Cette fois, le groupe responsable de la construction a tenté d'apaiser les craintes des résidents.

« Le projet de centrale de recyclage nucléaire a un faible niveau de radioactivité, il est relativement sûr et son impact sur l'environnement et les résidents est contrôlable », a affirmé Xue Weiming, directeur de CNNC Nuclear Fuel Reprocessing Co, au journal Technology Daily mardi.

Les inquiétudes ne devraient pas être un obstacle au développement de l'industrie nucléaire en Chine, car la technologie de traitement en toute sécurité des gaz et des liquides au cours du processus de recyclage est déjà bien maîtrisée, a estimé Gui Liming, spécialiste des systèmes de sûreté nucléaire en Chine à l'Université Tsinghua.

« La technologie actuelle permet de solidifier les déchets, de sorte qu'ils ne causent pas de sérieux dommages à l'environnement », a déclaré M. Gui, en ajoutant que les déchets solides seront enterrés loin des zones bâties.

Le risque d'explosion est une autre préoccupation qui plane sur projets de recyclage nucléaire, mais de tels incidents sont rares, comme le montre l'expérience des autres pays, a-t-il ajouté.

A l'heure actuelle, il n'y a qu'une seule usine de recyclage nucléaire, située dans la province du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine. Cela est loin d'être suffisant pour répondre aux besoins actuels du pays, a noté M. Gui, d'autant plus que la Chine a besoin d'élever sa capacité énergétique propre.

La Chine s'est engagée à atteindre son pic d'émissions de CO2 au plus tard en 2030, et pour ce faire, elle doit augmenter la part des combustibles non fossiles dans la consommation d'énergie primaire pour qu'elle représente environ 20 % du total.

L'énergie nucléaire représentait moins de 3 % de la production énergétique en Chine en 2014.

Le pays devrait avoir deux fois plus de centrales nucléaires, mais les préoccupations du public doivent être prises en compte, a observé M. Gui.

En tirant les leçons de l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, les réacteurs de troisième génération ont été améliorés en Chine avec l'ajout de meilleurs systèmes de sécurité.

L'expansion de l'énergie nucléaire a redémarré après un arrêt suite à l'incident de Fukushima. La Chine espère avoir 110 réacteurs nucléaires d'ici 2030.

 

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