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Dans cette configuration particulière et unique, il serait tentant de conclure à la fin d'une époque et de prédire un « atterrissage brutal » de l'économie chinoise. En janvier 2016, lors du Forum économique mondial de Davos, George Soros a même ouvertement dit qu'il spéculait contre la monnaie chinoise. Lors de la 4e session de la XIIème Assemblée populaire nationale de Chine (APN), qui vient de prendre fin à Beijing, Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque populaire de Chine – la banque centrale du pays – n'a pourtant pas indiqué de changement de politique monétaire et a déclaré que le pays n'aura pas recours à des mesures de stimulation monétaire. Le premier ministre chinois Li Keqiang a de son côté clairement stipulé le 16 mars que les « objectif de croissance économique de l'économie chinoise seront atteints » et que « la Chine restera le moteur de la croissance mondiale ». À l'issue de la session annuelle de l'APN, le XIIIème Plan quinquennal (2016–2020) a été voté, qui fera entrer le développement socioéconomique de la Chine de plain–pied dans une nouvelle ère de croissance moyenne de 6,5 % avec pour objectifs principaux la modernisation agricole, l'innovation technologique, l'approfondissement des réformes, l'édification d'une civilisation écologique et l'amélioration substantielle des conditions de vie de la population.
Durant 4 jours, les invités et délégués au Forum de Bo'ao pour l'Asie discuteront de problématiques générales liées à l'économie, à la gouvernance mondiale et régionale, à l'éducation, à l'innovation et aux questions environnementales. Les thématiques relatives aux pratiques émergentes, à savoir le financement participatif, les nouveaux médias, l'économie collaborative, la production intelligente et internet, pour lesquelles la Chine veut effectuer des percées majeures, seront aussi largement évoquées. Des dialogues et tables–rondes entre dirigeants d'entreprises chinois, européens, américains et des pays de l'Association des nations du sud–est asiatique (ASEAN) permettront de mieux cerner les enjeux et défis économiques, technologiques et financiers.
Edmund S. Phelps, professeur à l'université de Columbia et Prix de la Banque de Suède en sciences économique en mémoire d'Alfred Nobel en 2006, explique dans un article publié le 9 mars 2016 dans Bo'ao Review que la Chine a besoin d'une « nouvelle économie ». Il fait référence à une économie qui offre récompense et satisfaction (« économie prospère ») et une économie qui stimule et incite (« économie florissante »). Parlant de la Chine, s'il souligne des insuffisances en termes réels (financiers, réglementaires et administratifs) et culturels (culture traditionnelle), il constate que la réforme porte ses fruits et commence à libérer l'esprit d'innovation et la créativité dans la base de la société, et plus seulement dans les centres de recherche et les zones de haute technologie. La « nouvelle normalité » a donc ouvert la voie à cette « nouvelle économie » dont parle M. Phelps.
Selon l'agence Bloomberg, les fonds de capital–risque soutenus par les autorités centrales ont levé 230 milliards de dollars en 2015, soit trois fois plus qu'en 2014. Des jeunes pousses aux incubateurs de microentreprises, des concepteurs aux designers indépendants, tous ont embrassé le mot d'ordre du gouvernement les poussant à l'innovation et à la création, et qui permettra d'insuffler une nouvelle impulsion à la croissance durable de l'économie chinoise et une nouvelle dynamique à l'économie mondiale.
par Jacques Fourrier (L'auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)
Source:french.china.org.cn |
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