La nouvelle révolution industrielle
Le professeur Hu Angang de l'université Tsinghua explique de façon limpide l'idée générale de cette réforme.
Premièrement, il faut une politique macroéconomique stable, c'est à dire qu'il faut maintenir le taux de croissance aux alentours des 6,5 à 7 % annoncés, réduire les impôts et réajuster les taxes, locales et nationales, ainsi que cela a été proposé, et enfin conduire la politique monétaire prudente attendue par les milieux économiques.
Deuxièmement, il faut élaborer une politique industrielle ciblée qui optimise la structure de l'offre. Cela signifie concrètement soutenir le développement d'industries stratégiques nouvelles, renforcer la compétitivité des industries à forte intensité de main-d'œuvre, aider à la reconversion des secteurs traditionnels et fermer les entreprises qui fonctionnent à perte.
Troisièmement, il faut adopter des mesurres plus souples au niveau micro-économique visant à stimuler la vitalité des entreprises et à dynamiser la consommation. La Chine compte à l'heure actuelle environ 20 millions d'entreprises. Simplifier l'administration, rendre la gestion des entreprises plus autonome, construire un marché plus juste, plus équitable et plus transparent, établir un mécanisme d'élimination par la concurrence, sont d'autant plus nécessaires.
Quatièmement, il faut mettre en application une politique de réformes. Coordonner et exploiter à leur juste valeur les initiatives des autorités locales en tenant en compte des disparités ; redoubler les efforts d'évaluation et de supervision des mesures de réforme structurelle et améliorer ce système afin de réajuster les mesures et assurer leur résultat.
Cinquièmement, la politique sociale doit fournir les services publics fondamentaux et une protection sociale fondamentale à la population. Assurer le bien-être des citoyens est crucial pour permettre la réussite des quatre premiers points.
Concernant la période du XIIIe plan quinquennal, cette réforme structurelle se résume à la réduction des stocks excédentaires, qu'il s'agisse de parc immobilier, de capacités de production manufacturières, de pression fiscale ou de taux d'intérêt appliqués aux entreprises. D'autre part, elle implique un meilleur rendement des investissements, une meilleure capacité d'offre et d'innovation, ainsi que des mesures de prévention contre les risques financiers régionaux et systémiques, ainsi qu'un encadrement des risques sociaux.
Sur le long terme, la réforme structurelle axée sur l'offre est une approche nécessaire pour répondre aux tendances de la restructuration économique chinoise. Prenons l'urbanisation pour exemple. En 2014, le taux d'urbanisation était de 55 %, un taux qui devrait passer à 70 % d'ici à 2030 selon les estimations, cela signifie que 200 millions de citoyens habitant dans les campagnes vont devenir citadins. Si l'on ajoute à ce nombre les quelques 250 millions de citoyens migrants (travaillant loin de leur lieu de résidence), on peut compter environ 450 millions de personnes qui vont s'établir dans les villes dans les 15 ans à venir. Ainsi, la restructuration économique, surtout la réforme axée sur l'offre, est une condition nécessaire pour permettre au pays un développement économique stable et durable.
Suite à la crise 2008 et grâce aux réflexions sur la théorie économique et les leviers d'action macroéconomiques axés sur la demande, de nombreux pays ont préféré mettre l'accent sur une politique économique de l'offre, c'est à dire favorisant les entreprises plutôt que les consommateurs. La Chine arrive dans une phase où elle commence à connaître la nouvelle normalité économique et il est donc très important de mettre en place un mécanisme du nouveau moteur de la croissance économique.
À l'heure actuelle, la Chine est confrontée à de nouvelles contraintes, au ralentissement de l'offre, c'est là le défi que la réforme approfondie ou l'innovation de l'offre se doit de relever. La Chine doit à la fois respecter les règles du marché qui décident de la redistribution des ressources, et gérer la demande et l'offre. C'est particulièrement pendant le XIIIe plan quinquennal et la période qui suivra qu'elle devra appliquer une gestion rationnelle de l'offre dans le contexte du marché, ce qui permettra au gouvernement de jouer son rôle régulateur sans s'opposer aux forces du marché.
*HE YAFEI, ancien vice-ministre des Affaires étrangères et ancien directeur adjoint du Bureau des affaires des Chinois d'outre-mer relevant du Conseil des affaires d'État.
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