Légende : Des agriculteurs récoltent du riz à Chuzhou, dans la province de l'Anhui, en 2010.

Une mauvaise récolte de grande ampleur dans la province de l'Anhui l'an dernier a relancé le débat sur la nécessité d'équilibrer la quantité et la qualité des récoltes pour assurer l'alimentation du pays de 1,3 milliard d'habitants.

Le plus grand producteur de « super riz » du pays, Yuan Longping High-Tech Agriculture Co Ltd, une société dirigée par Yuan Longping, « le père du riz hybride », est aujourd'hui accusée d'avoir causé une mauvaise récolte dans six régions de la province de l'Anhui, a rapporté le journal de Guangzhou South Weekly le 9 avril.

La variété de riz hybride « Liangyou 0293 » produite par la société est accusée d'avoir une faible résistance à un champignon qui a provoqué une énorme réduction des rendements ou une absence totale de récoltes dans certaines régions de la province, après des premiers succès aux rendements élevés.

Lors d'une conférence de presse organisée mardi, le vice-ministre de l'Agriculture Zhang Taolin est revenu sur l'incident, en expliquant que certaines souches de super riz peuvent avoir une résistance différente aux maladies. Le ministère de l'Agriculture se concentrera davantage sur les tests portant sur la capacité d'adaptation des cultures à l'avenir, a affirmé M. Zhang.

« Nous devons cultiver une variété de riz plus résistante », a reconnu M. Zhang.

Une croissance surestimée

La Chine a commencé à cultiver du riz hybride à très haut rendement en 1996 pour assurer un approvisionnement régulier au niveau national. Au cours des 19 dernières années, grâce aux efforts de Yuan Longping et son entreprise, le rendement des récoltes est passé de 800 kg par mu (0,07 hectare) à plus de 1000 kg par mu par an, ce qui a fait du riz hybride un choix populaire parmi les agriculteurs en Chine.

Une équipe dirigée par Yuan Longping a atteint un record de production de riz hybride avec un rendement moyen dépassant 1000 kg par mu, a rapporté le Hunan Daily en octobre 2014.

Le riz hybride est cultivé dans environ 30 % des rizières du pays en superficie, avec un rendement moyen de 590,8 kg par mu, a indiqué le Quotidien du Peuple dimanche, en citant un haut fonctionnaire du ministère de l'Agriculture.

La Chine, qui est le plus grand pays producteur et consommateur de riz au monde, a récolté 206,43 milliards de tonnes de riz en 2014, 1,4 % de plus qu'en 2013.

Yuan Longping, un scientifique agricole de premier plan, a développé le premier riz hybride de Chine en 1974, et est depuis à la pointe de la recherche et du développement du « super riz ».

Il a remporté le plus haut prix scientifique et technologique de Chine en l'an 2000, ainsi qu'un prix national de progrès scientifique et technologique en 2013, pour ses réalisations dans la culture du riz hybride à haut rendement.

En 2014, le scientifique de 84 ans a affirmé que la Chine était le leader mondial de la technologie du riz hybride, avec une production record de 1026,7 kg par mu.

Les ventes de la variété Liangyou 0293 se sont élevées à environ 7 millions de yuans (1,1 million de dollars) l'an dernier, a déclaré la société cotée en bourse dans un dépôt réglementaire.

Toutefois, l'an dernier, la pyriculariose, une maladie fongique mortelle qui touche le riz cultivé, est apparue dans l'Anhui, une grande province de production de riz en Chine orientale, a rapporté South Weekly. Il n'existe actuellement aucun moyen efficace de prévenir la pyriculariose du riz.

Liangyou 0293 est vendu en Chine depuis huit ans. Dans le Hunan, où se trouve le siège social de Longping High Tech, il a été remplacé par des variétés plus résistantes.

Dans certains villages, la souche concernée, Liangyou 0293, représente 90 % du riz cultivé dans les champs, a indiqué le journal.

L'épidémie a entraîné une baisse dévastatrice des rendements, et certains ont accusé l'entreprise d'avoir fourni des informations erronées à des fins de marketing.

Les agriculteurs de l'Anhui ont découvert par la suite que bien qu'une étiquette sur l'emballage affirmait que le riz à haut rendement de l'entreprise avait moins de 25 % de risques de contracter la pyriculariose, un manuel à l'intérieur du paquet indiquait que la probabilité peut en fait aller jusqu'à 100 %.

Les autorités provinciales de l'Anhui ont présenté une demande au ministère de l'Agriculture, exigeant une réévaluation des zones de culture de la souche Liangyou 0293 et l'exclusion de l'Anhui de ces cultures.

Des débats houleux

L'incident a attiré l'attention des médias, et le Quotidien du Peuple a publié plusieurs reportages et commentaires faisant valoir que les cultures de la société de Yuan Longping ne devraient pas être incluses dans la catégorie reconnue au niveau national de « super riz ».

Le ministère de l'Agriculture a indiqué que Yuan Longping High-Tech Agriculture n'avait pas déposé de demande formelle de désignation de la souche en question comme riz hybride à haut rendement.

La société de Yuan Longping a déclaré lundi l'arrêt des ventes de la souche Liangyou 0293.

« L'inconvénient de cette souche est qu'elle n'est pas résistante à la pyriculariose du riz, même si elle présente de nombreux avantages, notamment un rendement élevé », a déclaré Peng Guangjian, directeur exécutif de la société, lors d'une interview accordée à une chaîne de télévision locale diffusée samedi sur le site officiel de la société.

Selon un rapport de recherche publié par la station de gestion des semences de l'Anhui, la catastrophe a été principalement causée par les faibles températures, les précipitations et un ensoleillement insuffisant.

« Il y a eu un problème dans la province de l'Anhui, mais cela ne signifie pas pour autant que tout le super riz est problématique », a déclaré Yuan Longping selon ifeng.com mardi.

M. Peng a déclaré que la société avait déjà lancé son processus d'indemnisation et qu'elle fournirait gratuitement de nouvelles semences aux agriculteurs touchés. Il a accusé les mauvaises conditions météorologiques d'être responsables de la maladie qui a détruit les récoltes.

« Les avantages de la souche Liangyou 0293 sont sa bonne résistance générale et son rendement élevé. Son point faible est sa vulnérabilité aux maladies fongiques », a reconnu M. Peng. « C'est pourquoi les autorités nationales ont approuvé la culture de ce riz dans les zones où ces maladies sont rares. Les villes concernées étaient dans ces zones. Mais depuis l'année dernière, la pluie constante et les basses températures ont atteint ces régions, ce qui a provoqué l'épidémie. »

Le dernier Document central no 1 en date, qui est considéré comme le document politique sur le développement rural le plus important publié par le Comité central du Parti communiste chinois et le Conseil d'Etat chaque année, a déclaré que le secteur agricole devait accomplir sa transition d'une quantité excessive de production à un nouvel accent mis sur la qualité des récoltes.

« Nous devons changer de modèle pour mettre l'accent à la fois sur la quantité et sur la qualité », a déclaré Chen Xiwen, directeur adjoint du Bureau du groupe de travail central sur le milieu rural.