Une ceinture, une route : les nouvelles opportunités de la relation sino-française

Une route, une ceinture

Le 26 mars, le président chinois Xi Jinping et le président français François Hollande ont publié une déclaration conjointe « Pour une nouvelle étape du partenariat global stratégique sino-français étroit et solide ». Depuis l'établissement des relations diplomatiques en 1964, les relations sino-françaises ont connu une histoire d'un demi-siècle, et l'année 2015 sera la première année d'une nouvelle ère. Le gouvernement chinois a récemment mis en avant sa stratégie globale avec l'initiative « une ceinture, une route » pour ouvrir de nouvelles opportunités aux relations sino-françaises.

En 2014, les gouvernements et les peuples de Chine et de France ont organisé près de 800 événements pour célébrer le cinquantième anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. En faisant le bilan de ces cinquante années extraordinaires, les attentes sont grandes pour le futur des relations bilatérales.

La Chine s'oppose à l'idée de puissance dominante

Le monde connaît actuellement de grands changements, et l'ascension de la Chine est devenue le centre de l'attention. La vision que l'on a de cette ascension a un impact direct sur les relations sino-françaises. Lors de sa visite en France en mars dernier, Xi Jinping a dissipé les doutes qui pouvaient encore exister. Napoléon avait un jour qualifié la Chine de « lion endormi », une phrase retenue par de nombreux Français. Lorsqu'il est évoqué cette métaphore, Xi Jinping a souligné : « Le lion s'est réveillé, mais c'est un lion paisible et civilisé. » Sylvie Bermann, ancien ambassadeur de France en Chine, a qualifié cette phrase de « fantastique expression ». « En Chine, lorsqu'un nouveau magasin ouvre ses portes, il y a toujours une danse du lion pour créer de l'animation. Une foule souriante se réunit, dans la joie et dans la paix. » Xi Jinping, a précisé sa pensée lors de sa visite en Allemagne : « La Chine s'oppose à la logique obsolète de puissance dominante. La seule voie à suivre est celle du développement pacifique. » Une telle phrase prononcée par le plus haut dirigeant de la Chine est un engagement envers le reste du monde.

Les Français se préoccupent souvent de savoir quel impact aura le grand contraste économique entre la Chine et la France sur leurs relations ; le PIB chinois fait désormais du pays la deuxième puissance économique du monde, alors que la France stagne.

Il faut prendre en compte l'histoire et l'avenir pour en juger. Les deux pays ont établi des relations diplomatiques dans les années 1960, mais le véritable rapprochement bilatéral n'a eu lieu qu'au début des années 1980, au début de la période de réforme et d'ouverture de la Chine. L'ouverture de la Chine a mis en évidence la complémentarité économique des deux pays, et leur a donné un grand espace de développement et une base solide pour le renforcement de leur coopération.

La bonne nouvelle est que la réforme et l'ouverture de la Chine sont toujours en cours. À la fin de l'année 2013, la troisième session plénière du 18e Comité central du Parti communiste chinois a abouti sur la résolution d'approfondir les réformes de manière générale, ce qui indique que la réforme et l'ouverture constituent une politique fondamentale de l'État qui continuera à s'approfondir et s'élargir. Dans cette perspective, la décision de poursuivre l'approfondissement général des réformes crée de nouvelles fondations pour le développement des relations sino-françaises, en injectant une nouvelle confiance et de nouvelles perspectives.

L'un des éléments majeurs de l'approfondissement général des réformes est la mise en œuvre du projet de la « ceinture économique de la Route de la soie » et de la « Route maritime de la soie du XXIe siècle » (communément abrégé en « une ceinture, une route »). Cette initiative qui vise à promouvoir un nouveau cycle d'ouverture pour la Chine et le développement commun des pays le long du circuit revêt une grande importance. Avec le développement de la mondialisation et l'intégration économique régionale pour accélérer la croissance et le commerce, les modèles d'investissement doivent être réajustés, chaque pays du grand continent eurasien se trouve à un stade critique de transformation économique et de modernisation. C'est pourquoi il est nécessaire de stimuler le développement et le potentiel de coopération avec cette initiative qui apportera aux pays des avantages complémentaires et de nouvelles opportunités.

Ce projet de remise à jour de la Route de la soie n'est pas étranger aux Français, car la France participait et bénéficiait de l'ancienne Route de la soie. Lyon, la deuxième plus grande ville de France, se trouvait à l'extrémité occidentale de l'ancienne Route de la Soie. L'emplacement géographique de Lyon, au centre-est de la France, en fait une ville pratique pour les transports vers toute l'Europe, et la ville est devenue un centre de distribution des soieries chinoises en Europe. Lorsque les techniques de production de soie se sont développées en Europe, le développement rapide de l'industrie à Lyon a fait de la ville la capitale européenne de la soie aux XVIIe et XVIIIe siècles. La situation de Lyon comme centre commercial européen de l'ancienne Route de la Soie ne pouvait être ignorée, et c'est pourquoi le choix de la première étape de la visite de Xi Jinping en France en mars s'est porté sur Lyon, un lieu évidemment symbolique.

Les nouvelles lignes « Chongqing-Xinjiang-Europe » et « Yiwu-Xinjiang-Europe » de la Route de la soie

L'initiative « une ceinture, une route » découle des idées de développement commun et de prospérité apportés par l'ancienne Route de la soie en Asie dans une nouvelle ère. En traversant l'Asie et l'Europe, la nouvelle ligne ferroviaire « Chongqing-Xinjiang-Europe » est une nouvelle incarnation ferroviaire de la Route de la Soie. La ligne prévue aura pour terminus européen Duisbourg en Allemagne, le plus grand port fluvial du monde et un grand centre logistique du continent. Lors de sa visite en Allemagne en mars dernier, Xi Jinping a choisi de se rendre à Duisbourg pour assister à l'arriver d'un train chargé de marchandises en provenance de Chine. Le trajet, qui a duré 16 jours, a traversé 11 179 km, en passant par Chongqing et le Xinjiang en Chine, puis par l'Asie centrale, le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie et la Pologne, avant d'arriver enfin à Duisbourg.

Le 9 décembre, un train chargé de 82 conteneurs de marchandises est parti de Yiwu en Chine, pour arriver 21 jours plus tard à Madrid. Cette ligne « Yiwu-Xinjiang- Europe », qui s'étend sur 13 000 km et passe par le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l'Allemagne et la France, et finalement l'Espagne, est actuellement la plus longue ligne de fret ferroviaire au monde.

Le potentiel considérable de ces deux nouvelles artères du transport ferroviaire de la Route de la soie bénéficiera de toute évidence aux pays situés sur leur trajet, dont la France. La nouvelle Route de la Soie permettra de lier les cercles économiques de l'Asie-Pacifique et de l'Europe, en couvrant plus de 40 pays et plus de 30 millions de personnes, des territoires aux vastes ressources naturelles et touristiques. Les statistiques montrent qu'en 2013, les échanges commerciaux entre la Chine et les pays situés « le long de la Route » dépassaient 1 000 milliards de dollars, soit un quart du commerce extérieur total de la Chine. Au cours des 10 dernières années, le volume annuel moyen des échanges entre la Chine et ces pays a augmenté de 19 %. Dans les cinq prochaines années, la Chine devrait importer environ 10 000 milliards de dollars de biens, les investissements étrangers devraient dépasser 500 milliards de dollars, et le nombre de touristes chinois à l'étranger pourrait totaliser 500 millions de personnes. Les opportunités et les avantages derrière ces chiffres sont incontestables.

Lors de sa visite en France, Xi Jinping a déclaré que « le rêve chinois est une opportunité pour la France, le rêve français est une opportunité pour la Chine. Grâce à la compréhension mutuelle et l'entraide, nous réaliserons notre rêve commun franco-chinois. »

Il y a aujourd'hui de bonnes raisons de croire et d'espérer que les relations sino-françaises seront encore consolidées pour la réalisation du « rêve franco-chinois ».

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