Sous fond de crise de la dette en Europe, le 1er janvier, l'euro a fêté le 10e anniversaire de sa mise en circulation formelle. Deux jours plus tard, le 3 janvier, le gouvernement grec a soulevé la possibilité de se retirer de la zone euro à moins de conclure immédiatement un accord avec ses créanciers internationaux sur le deuxième prêt de 130 milliards de dollars. Après 10 ans, quel est l'avenir de l'euro et de la zone euro ?
En 10 ans, la zone euro s'est étendue de 12 pays à 17, couvrant plus de 330 millions de personnes. La valeur de la monnaie en circulation a atteint 870 milliards d'euros, devenant la deuxième monnaie de réserve après le dollar.
L'euro est chargé du rêve de l'unification européenne. Ce n'est pas seulement une monnaie. Grâce à la naissance de l'euro, certains pays membres de la zone euro ont bénéficié d'avantages apportés par l'intégration économique. L'utilisation de l'euro a réduit le risque et le coût des fluctuations des cours de change, et a promu le commerce entre les membres de la zone euro. Les taux d'intérêt faibles ont diminué le coût de financement des activités économiques au sein de la zone euro. Depuis la mise en circulation de l'euro, le taux d'inflation moyen des pays membres n'est que de 2%, ce qui a bénéficié aux peuples concernés.
Cependant, la crise financière et la crise économique qui ont éclaté aux Etats-Unis ont détruit la prospérité apparente et le mythe de l'intégration, tout en révélant les défauts systématiques de la conception de l'euro : l'établissement d'une union monétaire supranationale manquant de coordination de politique sur le budget unifié, qui a provoqué l'élargissement de la crise des dettes dans certains pays de la zone euro, et cette crise se développe. Des idées telles que la chute de l'euro et la désintégration de la zone euro ont surgi.
Quelle sera la tendance de l'euro et de la zone euro en 2012 ? Les défis arriveront par mois :
Au début de l'année, l'Italie, l'Espagne, la France et les Pays-Bas émettront des obligations l'un après l'autre. Si ces gouvernements achèvent leur émission d'obligations, la crise de la dette en Europe s'améliorera, sinon, elle se détériorera et aggravera la crise de fin de l'euro et de la zone euro. En février et en avril, la Grèce et la France organiseront leurs élections présidentielles. Une série d'événements politiques mettront à l'épreuve l'opinion publique des pays de la zone euro, ainsi que l'intelligence, la résolution et le courage des hommes politiques affrontant cette adversité.
Du point de vue du court terme, la crise de la dette continuera à contraindre les gouvernements des pays de la zone euro à prendre des mesures d'austérité. Ensuite, l'économie entre dans un cercle vicieux, le taux de chômage augmente, la confiance de la population se réduit, les investissements des entreprises sont restreints, le crédit sur le marché monétaire se resserre, etc. L'économie de la zone euro continuera peut-être sa tendance déclinante. Mais du point de vue de long terme, l'intégration de l'Europe correspond à la tendance historique du développement de la société humaine. L'Union européenne est une grande création, c'est la troisième création systématique de l'Europe pour le monde après la naissance du premier Etat-Nation et de la Commune de Paris. Juste comme toutes les autres nouveautés, il faut un temps de maturité à l'innovation systématique de l'euro et de la zone euro. Si l'euro échoue, l'Union européenne n'existera plus. Donc, la lutte pour sauver l'euro que les pays membres de la zone euro ont entamée il y a deux ans est un combat durable et que l'on doit réussir.
Ce n'est pas une illusion que l'euro et la zone euro avanceront dans des difficultés. Deux faits peuvent montrer que le système technologique et la préparation systématique de l'UE pour traiter la crise des dettes ont pris leur forme, ou bien ont leur orientation. L'un repose dans les Opérations de refinancement à plus long terme (ORLT) proposées par la Banque centrale européenne, qui marquent la première mesure de restauration anti-cyclique de l'UE dans le macro-contrôle. Celles-ci ont réduit les risques de faillites comme Lehman Brothers dans le resserrement du crédit et des banques. L'autre est le contrat financier promis et strictement mis à exécution par les pays de la zone euro. Ce contrat caractérisé par l'aliénation d'une partie de la souveraineté financière marque le traitement de la crise de la dette passant du domaine technologique au domaine systématique. Il contribuera à la solution de la crise de façon radicale.
L'année 2012 n'est pas la fin du monde. Nous espérons et croyons qu'elle ne sera pas non plus la fin de l'euro et de la zone euro, qui seront plus puissants une fois les difficultés passées
(Traduction de l'article chinois de M. Shi Jiansun, directeur de l'Institut des marchés financiers et des valeurs, professeur de la faculté d'économie et de gestion de l'université Tongji). |