Vendredi, l'euro est tombé à son plus bas depuis 16 mois, en dépit des remarques de la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde selon lesquelles l'euro était peu susceptible de "disparaître" en 2012.
Dans un contexte de crise de la dette souveraine, qui se prolonge depuis déjà deux ans et ne semble pas devoir se terminer dans un avenir proche, à quoi s'ajoute le risque d'une deuxième récession annoncée par les économistes, le doute s'installe quant à la capacité des 17 pays de la zone euro à rester unis.
D'après certains analystes, la Grèce pourrait bien être le premier pays de la zone euro à quitter l'union monétaire, tandis que les plus pessimistes appellent les banques à se préparer à un probable effondrement de l'euro, qui provoquerait un phénomène de contagion à grande échelle des marchés financiers mondiaux.
Dans le meilleur des cas, on peut considérer un tel pessimisme comme une précaution nécessaire face au problème de la dette européenne ; mais il pourrait bien en réalité avoir des conséquences plus graves et menacer la stabilité de l'euro, en minant la confiance des investisseurs.
Si la crainte d'un éclatement de la zone euro n'est pas contenue rapidement, les pays les plus endettés, qui se débattent déjà pour renforcer leurs règlementations fiscales et relancer la croissance économique, pourraient avoir en plus à subir des taux d'intérêts de plus en plus lourds sur leurs emprunts.
L'effondrement de l'euro ne serait dans l'intérêt de personne. Un tel effondrement mènerait à l'éclatement de la zone euro, et porterait un coup fatal au projet de longue date de l'Europe de parvenir à une intégration économique et politique dans la région.
Les Etats-Unis et les autres partenaires commerciaux de l'Union européenne auraient également tout à perdre dans un tel effondrement : de graves problèmes de taux de change, d'inflation et de protectionnisme ne manqueraient pas de resurgir si l'euro était remplacé par une constellation de devises nationales.
Pour ce qui est du marché financier international, un effondrement de l'euro entraînerait des pertes massives pour les investisseurs, et aurait des répercussions plus destructrices que la chute de Lehman Brothers en 2008.
En outre, l'abandon de l'euro, qui représente la seconde réserve de devises au monde, renforcerait la dépendance mondiale par rapport au dollar, retardant encore davantage le passage à un système multipolaire de réserves de devises.
La Chine, qui est le second partenaire commercial de l'UE, espère que les responsables européens seront capables de mettre en oeuvre des solutions efficaces pour aider la monnaie unique à survivre à la crise. Elle n'a cessé de proposer son aide au continent européen pour l'aider à sortir de la crise financière, car la Chine souffrirait sans aucun doute également d'un effondrement de l'euro. Le gouvernement chinois s'est toujours posé en investisseur à long terme dans la crise de la dette souveraine, et continuera dans l'avenir à soutenir l'Europe et sa monnaie unique.
Une Europe stable et prospère est profitable non seulement aux économies européennes elles-mêmes, mais également à bien d'autres pays, petits et grands, en raison de l'interdépendance globale des systèmes économiques et financiers.
Afin de trouver une solution qui soit profitable à tous, la communauté européenne se doit de renoncer aux discours pessimistes sur l'euro, et devrait bien au contraire s'attacher à stimuler la confiance des marchés pour aider la monnaie unique européenne à surmonter cette crise. |