L'urgence de prendre des mesures efficaces pour donner un coup d'arrêt au protectionnisme commercial est devenue une nécessité absolue et c'est la raison pour laquelle dans le communiqué publié à l'issue du sommet du G20 tenu à Cannes, en France, il y est inséré spécialement un article appelant à l'empêchement et à l'opposition au protectionnisme et demandant aux pays membres de faire tous leurs efforts possibles pour mettre un terme, avant l'année 2013, à cette politique économique néfaste et pour renoncer à de nouvelles mesures protectionnistes, ce afin de pouvoir stimuler l'exportation. Il est demandé en plus à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), à l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et à la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) de suivre le cours des événements afin de pouvoir publier objectivement le rapport semestriel.
Pourquoi un tel appel et une telle demande ? La raison c'est que la crise de la dette souveraine qui frappe les Etats-Unis et l'Europe a projeté une dense et épaisse ombre sur l'économie internationale, tandis que l'aggravation de la fluctuation du marché des produits primaires fait que les marchés émergents, dont la croissance économique a obtenu ces dernières années des succès remarquables, doivent faire face maintenant à de sérieux facteurs indéterminés. Sous la pression de la crise économique et devant la situation désespérée, les gouvernements de certains pays « prennent n'importe quel médicament sans consulter le médecin » et essaient de recourir au moyen du protectionnisme pour faire retomber la pression de la crise sur autrui, ce qui augmente énormément le risque du protectionnisme commercial, alors que le déchaînement de celui-ci renforce et augmente à son tour la destructivité de la crise. Au siècle dernier aux Etats-Unis, l'approbation et l'application en 1930 de la loi fédérale américaine protectionniste le « Hawley-Smoot Tariff Act » a contribué énormément et réciproquement à l'augmentation et au renforcement de la destructivité de la grande dépression économique du pays dans les années trente et elle constitue un cas typique dans l'histoire de l'économie mondiale.
Parallèlement, dans certains pays occidentaux frappés par la crise des sub-primes, des efforts ont été fait pour promouvoir la « réindustrialisation », laquelle est en fait une politique qui ne pose aucun problème par elle-même, mais dont le hic c'est que certaines forces intérieures du pays tentent de se servir du protectionnisme commercial comme un outil pour la « réindustrialisation », alors qu'à l'heure actuelle, ce sont justement les pays occidentaux qui jouent le rôle le plus important et le plus influent dans l'application des règles du commerce international, c'est pourquoi l'exemple qu'il donnent produit un effet non négligeable sur la politique commercial d'un grand nombre d'autres pays.
L'opposition au protectionnisme commercial revêt une importance cruciale pour la Chine du fait qu'elle figure à la tête des principaux pays exportateurs du monde et qu'elle est le plus grand et le plus important pays du monde qui dépend du commerce extérieur, alors que durant les deux décennies écoulées elle était la plus grande victime du protectionnisme qui sévit dans le monde entier.
L'opposition et l'empêchement du protectionnisme commercial sont non seulement dans l'intérêt de la Chine, mais également favorables au développement de l'économie mondiale. La Chine contribue de la façon la plus importante à la croissance économique mondiale. Le volume colossal de ses importations qui augmentent continuellement et durablement permet à ses partenaires commerciaux de jouir avec elle des succès de sa croissance économique. Dans le cas où les exportations chinoises rencontrent des obstacles et que les demandes en aval diminuent, il serait certain alors que la croissance des importations en amont en soit affectée. Selon les statistiques établies par la Douane chinoise et les données du « Rapport sur le commerce mondial » 2009 et 2010 de l'OMC, durant la période allant de 2000 à 2008, le volume des importations mondiales a augmenté en moyenne chaque année de 12%, alors que pour les Etats-Unis, pour les vingt sept pays de l'Union européenne, pour le Japon, pour la Russie, pour le Brésil et pour l'Inde, le rythme de croissance annuelle de l'importation a été respectivement de 7%, de 12%, de 6%, de 21%, de 14% et de 14% (d'après les données des années 2005 à 2009). Quant à la Chine, la croissance annuelle moyenne de ses importations a été de 22,4%. En 2009, les importations mondiales ont diminué de 24%, tandis que pour la Chine, la baisse a été seulement de 11,2%. Puis l'année suivante, c'est-à-dire en 2010, le rythme de croissance des importations chinoises a haussé de 38,7%. Près de dix ans ont passé depuis l' « adhésion » de la Chine à l'OMC et elle a importé en moyenne chaque année des marchandises et des produits dont le coût est évalué à près de 750 milliards de dollars US, ce qui équivaut à la création de plus de 14 millions d'emplois pour les pays et les territoires concernés. C'est pourquoi jusqu'à présent, à chaque fois qu'il se produit d'importantes frictions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis ou bien entre la Chine et l'Europe, elles provoquent toujours en même temps des remous d'inquiétude et de préoccupation dans un grand nombre de pays.
Par conséquent, il est nécessaire de s'opposer et d'empêcher le protectionnisme commercial sous tous ses aspects. Il faut non seulement, comme il l'est indiqué dans le communiqué publié à l'issue du sommet du G20 de Cannes, renforcer le mécanisme commercial multilatéral et promouvoir la relance du Cycle de Doha, il est besoin également de donner une impulsion bilatérale ou plurielle susceptible de promouvoir la libéralisation du commerce, ce afin qu'elle puisse progresser en même temps que le système de libre-échange multipartite mis en place par l'OMC. Le plus important pour nous tous, c'est de conjuguer nos efforts pour que toutes les parties concernées fassent preuve d'auto examen de conscience et d'auto discipline quant à la restriction du protectionnisme commercial, ce afin de permettre la formation d'un large front uni international antiprotectionniste.
D'autre part, pour ce qui est des mesures protectionnistes auxquelles nous nous opposons fermement, elles ne sont pas seulement limitées aux mesures traditionnelles qui visent à restreindre l'importation ou l'exportation, il faut les étendre jusqu'à d'autres domaines, dont l'investissement, le droit de la propriété intellectuelle, la barrière commerciale à caractère technique et autres. D'ailleurs, pour ce qui est de la répartition des ressources antiprotectionnistes, il est nécessaire d'accorder une attention particulière aux secteurs et aux sujets qui intéressent le plus les pays et les territoires en voie de développement.
(Auteur de l'article : Mei Xinyu, chercheur à l'Institut des recherches du Ministère chinois du Commerce) |