Pour la plupart des Chinois, la crise des dettes en Europe parait lointaine, mais pour les opérateurs financiers, l'impact de la crise est arrivé beaucoup plus vite que prévu.
Le taux de change entre le yuan, ou renminbi (RMB), et l'euro a augmenté de 3 000 points de base au cours de ces deux dernières semaines, après avoir atteint un niveau record de deux ans le 21 septembre, à 8,7084 yuans pour 1 euro.
« L'euro connaît définitivement une tendance à la baisse », a indiqué Chen Hanhua, un opérateur financier des bureaux pékinois de la Banque de Chine. « L'euro va rester faible à court terme en raison de la crise des dettes publiques. »
L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé d'un cran la note de la dette publique italienne, faisant passer à A la note de la dette à long terme, et à A-1 celle de la dette à court terme. Cette nouvelle note est d'ailleurs assortie d'une perspective négative, en raison de la faible croissance de la troisième économie de la zone euro et d'une coalition gouvernementale fragile.
Cette nouvelle évolution affaiblit encore plus l'euro et exacerbe les inquiétudes sur une propagation de la crise au reste de l'Europe, explique Chen Hanhua.
Des analystes estiment que la faiblesse durable de l'euro révèle une perspective économique pessimiste pour la zone euro.
« La crise de dette publique va ralentir encore la croissance de la zone euro dans l'ensemble, et l'écart de croissance sera également élargi entre les différents pays de la zone. »
Malgré la croissance toujours forte en Allemagne et dans les pays scandinaves, d'autres pays comme la Grèce, l'Irlande et le Portugal risquent vraisemblablement d'entrer en récession.
En tant que principal partenaire commercial de la Chine, premier importateur de produits chinois et premier exportateur de technologies vers la Chine, l'Europe est devenue un facteur clé pour la croissance des exportations chinoises.
Shen Danyang, porte-parole du ministère du Commerce, a avoué le 20 septembre lors d'une conférence de presse que la crise des dettes publiques en Europe était inquiétante, d'autant qu'elle pourrait exercer un impact significatif sur la coopération économique et commerciale entre les deux parties. Il prédit aussi un ralentissement de la croissance des exportations chinoises, ainsi qu'une recrudescence des conflits commerciaux avec l'UE.
Au cours des huit premiers mois de l'année, les exportations chinoises ont augmenté de 23,6 % en glissement annuel, atteignant 1 220 milliards d'USD, tandis que les importations ont totalisé 1 130 milliards d'USD, soit une croissance de 27,5 % d'une année sur l'autre. En même temps, l'excédent commercial a chuté de 10 % en glissement annuel, à 92,73 milliards d'USD.
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