Le président français Nicolas Sarkozy a décidé à la dernière minute de faire escale à Beijing jeudi 25 août. Il souhaite s'entretenir de manière officieuse avec le président chinois Hu Jintao sur la volatilité accrue des marchés financiers.
Cette année, la France assure la présidence tournante du G20 et le voyage de M. Sarkozy en Chine s'inscrit dans le cadre de son plan d'échanges de vues récent avec les dirigeants de plusieurs pays du monde.
Depuis qu'il assume la présidence tournante du G20, M. Sarkozy et le ministère français des Affaires étrangères attachent une grande importance au rôle que la Chine joue au sein du Sommet du G20. Pendant un certain temps, Nicolas Sarkozy a violemment critiqué la position hégémoniste du dollar en vue d'instaurer un nouvel ordre monétaire. A cet effet, il s'est déplacé en personne en Chine en avril dernier pour participer au colloque sur le système international monétaire organisé à Nanjing, afin de séduire la Chine par son appui à la participation de la monnaie chinoise aux DTS (droits de tirage spéciaux, la monnaie du Fonds monétaire international). Mais cette tentative n'a pas abouti.
Cette fois-ci, selon un communiqué de l'Élysée, le président français rencontrera son homologue chinois Hu Jintao jeudi vers dix-sept heures et prendra son dîner avec lui.
Selon nos informations, les deux chefs d'Etat évoqueront probablement le plan avancé conjointement par la France et l'Allemagne sur la taxation des transactions financières. En même temps, il est possible qu'ils discutent à nouveau du programme du G20, avant la prochaine conférence ministérielle qui aura lieu à Washington en septembre prochain.
M. Sarkozy tente toujours d'obtenir le soutien de la Chine sur les principaux objectifs du G20, qui sont, entre autres, la régulation financière, la réforme du système monétaire international et la lutte contre la volatilité des prix des matières premières.
En ce qui concerne la régulation financière, la France souhaite renforcer l'action du G20, notamment en matière de régulation du « secteur bancaire fantôme » (activité bancaire parallèle non régulée à ce jour), d'intégrité et de transparence des marchés financiers.
Dans le domaine de la réforme du système monétaire international, comme la période récente a été marquée par une forte volatilité des monnaies, l'accumulation des déséquilibres et la recherche d'un niveau toujours plus élevé de réserves de change par les pays émergents pouvant être confrontés à des retraits brutaux et massifs des capitaux internationaux, la France souhaite apporter des réponses collectives à ces dysfonctionnements afin d'éviter le creusement des déséquilibres économiques mondiaux.
En outre, la France souhaite trouver des solutions collectives pour réduire la volatilité excessive des prix des matières premières, notamment agricoles, qui pèse sur la croissance mondiale et menace la sécurité alimentaire des populations.
Cependant, Nicolas Sarkozy n'a pas parvenu à ce jour à obtenir de la partie chinoise autant de soutien qu'il souhaitait.
Christine Lagarde, ancienne ministre française des Finances, avait affirmé que la plupart des pays souhaitaient être dotés d'un indicateur de taux de change effectif. « Ainsi, nous pourrons l'utiliser pour mesurer les économies des différents pays. Or, pour parler franchement, la Chine n'est pas de ceux qui souhaitent voir le taux de change effectif devenir l'un des indicateurs. Par conséquent, nous avons commencé à en discuter à la table des négociations ».
Il s'agira de la sixième visite de Nicolas Sarkozy en Chine depuis son entrée en fonction à la tête de l'État français, la deuxième depuis le début de l'année. Les médias français estiment unanimement que si Nicolas Sarkozy se passionne pour la réussite du G20, la principale raison est qu'il y voit une chance de réélection aux présidentielles de 2012. Toutefois, certains experts sont d'avis que l'issue d'une conférence internationale a peu d'impact sur la décision des électeurs français. |